I, Erzählende Schriften 22, Der Tod des Junggesellen. Novelle, Seite 24

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LA REVUE MONDIALE
Verra-t-on bientöt quelque chose de vous encore au
théätre? demanda le médecin, avec sa voix de toujours.
Le poéte parla des difficultés extraordinaires que soulevait
la représentation de son nouveau drame, lequel, à la verité, con¬
tenait des attaques sans précédent contre toutes sortes de choses
qui, parait-il, sont sacro-saintes aux yeux des hommes. Le poéte,
lui non plus n’écoutait pas ce qulil disait, car, depuis longtemps,
les phrases, souvent toutes faites, sortaient de ses levres comme
quelque chose qu’on a appris par cceur.
Devant la maison du médecin, les deux hommes descendirent
st la voiture s en alla.
Le medecm sonna. Tous deux étaient lä, debout, et se tai¬
scient. Lorsquc les pas du concierge s’approchèrent, le poéte
dit:
— Bonne nuit, mon cher docteur. Et puis il ajouta lente¬
ment, avec un frémissement des nanmnes: g D’ailleurs, je ne le
dirai pas, moi acn plus, à la mienne 9.
Le médecin tourna son regard de cöté et sourit doucement.
La porte était ouverte. Ils se serrèrent la main; le médecin dis¬
parut dans le couloir, la porte se referma. Le poête partit. II
porta la main à sa poche. Qui, le papier était lä. Son épouse le
drouverait, bien conservé et hien cacheté, dans sa succession. Et
avec la rare imagination qui lui était particulière, il l’entendait
deja murmurer sur son tombeau :
Ole noble cceur! O la grande ämel..
Arthur ScHNITZLER.
(Traduction de Alzir Hella et O. Bournac).
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