II, Theaterstücke 16, (Lebendige Stunden. Vier Einakter, 3), Die letzten Masken (Der sterbende Journalist), Seite 32

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16.3. Die letzten Nasken
REUUE DE LA OUINZAINE
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& C’est avec une certaine curiosité que j'allai voir la pièce de
M. Schniler, les Derniers Masques: j’ai lu récemment en manus¬
crit la traduction de sa dernière cuvre, le Pays Myslérteug, que
deux de mes meilleurs amis viennent d’achever, et j’y avais trouvé
assez de qualités pour m’intéresser à cet aufeur, dont la réputation
est tres grande dans les pays germaniques. On ne peut évidemment
porter un jugement certain sur le talent d’un écrivain de cette valeur
quand il ne s’agit que d’une piéce en un acte. Mais peut-étre plus
que le sujet en Jui-méme, ce qui m’a frappée, c’est l'habileté scéni¬
que avec laquelle il est traité, aver laquelle est dosée la gradation de
T’intérét.
4 Dans un höpital, nous voyons deux mourants, — un jeune
acteur qui se refuse à se croire au terme de la vie, qui jusqu’au
bout portera son masque de gaieté et d’espoir; l’autre, au contraire,
Rademacher, un journaliste ägé, un raté qui prévoit sa mort pro¬
chaine, veut enfndécouvrir son vrai visage, et il oblient du docleur
qu’on lui aille chercher un ancien ami de jeunesse, un romancier
célebre. II ne veut pas mourir sans lui faire une révélation impor¬
tante. Notre attention s’éveille; cet homme aigri ne nous est guère
sympathique, mais l’annonce d’une révélation pique notre curiosité.
Le jeune acteur est comme nous; il conseille, en souriant, une répé¬
tition au mourant; que Rademacher crie ses griefs, pour n’étre pas
intimidé Je moment venu; T’acteur #era ie röle de lami:ses mols
de sympathie hypocrite, puis ses airs de défi amènent le mourant,
dans un accès de rage, à hurler le secret. Ce romancier triomphant,
orgueilleux, qui se croit supérieur à Rademacher, a une femme, et
cette femme, jadis, écccurée par son égoisme et sa pelile vanité,
appartient à Rademacher, a été deux ans sa maftresse, lui a écrit et
crié son dégodt de Tautre.
& Volci l’ami de jeunesse. Est-il tel que nous le faisait prévoir
Rademacher? Cordial et méme assez bonasse, il nous semble bien“
percer dans ses prévenances le secretorgueil d’étre celut qut oblige.
g Egoiste, certes, et vaniteux, il ne peut se retenir de parler de par¬
ler sans cesse de lui-mème; mais triomphant, non. Il raconte ses
tristesses, ses déceptions: sa gloire diminue, les jeunes le renient,
au fond,il ne serait pas plus heureux que Rademachers’il n’avait
sa femme qui l’aime, l'admire, le réconforte.,. Comme la vengeance
sera douce dans ces circonsiances! anxieusement nous attendons la
grimace de l'autre se démasquant, l'affreuse grimace brate qui de¬
truira le dernier bonheur de l’écrivain.
g Rademacher se tait, l'ami s’en va; — pourquoi n’a-t-il pas
parlé? est-ce remords devant les affres cordiales de l’ami, devant
ses confidences si simplement faites? est-ce la pitié, remplaçant
l’envie, qui lui clôt la bouche? — M. Schnäler aime, je crois, ccs
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