II, Theaterstücke 4, (Anatol, 8), Anatol, Seite 574

Ne DE DEBIT
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Zyklus
9. Anatol
SEMAINE A PARIS
Extrait de :
28, rue d'Assus, Vi¬
Adresse:
28 JANVIER 1932
Oate:
en 1932
LA SEMAINE A PARIS

PECTACL
Le Théâtre de l'Avenue nous donne l'occasion de voir du Schnitzler
cet Arthur Schnitzler, dont la se
maine à Paris vous parlait dans son
dernier numéro fut incontestablement
un grand bonhomme. Fut » car il es
Vienne — Arthur
— sanoi
riété se répandit dans toute l'Europ
Centrale: et bientôt fut de la gloire.
est donc très intéressant de prendre
contact avec une telle personnalité. Or
6
Théâtre de l'Avenue nous donne de
lui Anatole — en traduction française
bien entendu. Qui est cet Anatole ? un
amoureux au mauvais sens, ou plutôt
au sens purement physique du mot. II.
prend feu à toute occasion. Mais par
une contradiction de sa nature — con¬
tradiction qui n'est, d'ailleurs, point
rare — il ver d'une défroque sentimen¬
tale chacune de ses expériences sen¬
suelles. Du moins, est-ce de la sorte
qu'il m'apparaît. Et ce devait être ainsi
que le concevait son auteur, puisque
celui-ci se préoccupait de ce que l'on a
appelé le freudisme. Casanova est le
patron de tels malades (car il y a une
part de maladie dans ce cas, Cas¬

veuve
A


De gauche à droite : Louis Raymond, velle Andreyer, Alfred Penay
(Dessin de Hervé Baille).
sivisme. Les questions qu'au premier
c'est qu'en réalité il n'a jamais aimé.
tableau il tolère chez son ami le clas¬
Les fluctuations de l'amour véritable

sent lui-même... Je parle plus haut du
sont dues à des causes infiniment plu¬
tableau « Episode » : Une ballerine de
profondes (et plus lentes, tandis que
Cirque ne peut plus mettre de non sur
le désir est brusque, superficiel, absur¬
ce visage d'un ancien amant. Joué avec
de à l'occasion et à l'occasion cocasse
beaucoup de naturel par Mme Irène
Tout lui est bon et rien en lui est bon,
Hupka, cet épisode nous a eu et
Il est vaniteux, une déception d'amour
la se devait. Il est symptomatique de
propre lui est un aiguillon. Un piètre
la manière de Schnitzler. Ce pessimiste
e
bonhomme, quoi ! mais, encore un
est un romantique de la seconde géné¬
coup, le peu de qualité morale du su¬
Irene Haupt
ration. Autre chose : volontiers il pro¬
jet ne diminue pas l'intérêt de l'étude
cède par une suite de touches brèves.
nova opposé à Don Juan. Don Juan est
Le tableau dit Episode », d'une ton¬
des a tableaux rapides, s'en remettant
lité poétique si émue, ne s'oppose pas
un cérébral qui n'est sensuel que par
à l'ensemble de dégager la physiono¬
à ma thèse. Anatole y égrène ses sou¬
surcroit : chasseur qui volontiers ne
mie de l'œuvre. Ainsi, d'autre part, est
venirs. Plus volontiers, surtout plus
mangerait pas son gibier. Casanova.
construite sa pièce la plus fameuse
complaisamment il evoque l'un d'eux.
tout au contraire est un sensuel qui se
La ronde. Je ne prétends certes point
camoufle en sentimental (ou, suivant
Est-ce donc que cette fois il a aimé
avoir en cet article analysé Schnitzler,
Nullement ! mais certaines contingen¬
le cas, en cérébral) parce que cela fait
tempérament complexe, j'ai simplement
ces colorent joliment cette aventure et,
bien à ses propres yeux. Donc l'Ana¬
val attirer l'attention sur le sens
de fait, la rendent chère à ce sensuel
tole d'Arthur Schmitzler est un sensuel:
d'une œuvre qui n'est pas du théâtre
qui joue à l'amoureux. Une autre preu¬
mais, à force d'avoir joué au sentimen¬
tous les jours et qui compte
ve que la sensualité seule est en jeu
tal, il s'est pris à son propre piège. Il
Charles de Saint-Cyr,
c'est qu'Anatole semble ignorer l'exclu¬
se figure qu'il aime (alors qu'il désire
simplement et qu'il souffre de cet
amour. Qu'il ne soit ainsi malheureux
Paris, à la Porte Saint-Martin
que par la persuasion qu'il s'en donne
ne diminue pas l'intérêt de l'ouvrage,
pas dans la famille du médecin. Le
l'augmente bien au contraire le person¬
Qui croirait qu'une pièce de M. Ren
chauffeur semble surtout indésirable. Il
Benjamin a besoin d'indulgence ? C'es
nage à moins d'envergure mais il est
le comprend et débarrasse la société
plus curieux, plus neue La preuve que
pourtant le cas de Paris. Les intentions
dans un accident combiné. Voilà un
sont excellentes. Comment ne serions¬
l'explication que je donne est la veti
meurtre peu acceptable et qui achève
nous pas touchés de l'amour que tous
table nous est administrée par le ta¬
de rendre odieux les bourgeois de M.
les personnages de M. Benjamin mani¬
bleau dit « souper d'adieu » où, soit
Benjamin. Montibus ne ferait pas
festent pour la Grand'ille ? Mais pré
dit entre parentheses, Mlle Yvette An¬
mieux, et cela montre combien les in¬
cisément cet amour est tout verbal, et
dreyor est plaisante et vive à souhait
tentions de l'auteur de Paris sont invo¬
rarement en situation. C'est du plaque,
nempe avec
lontairement tales, à quelques
une réminiscence de chanson populai-
Annie, une danseuse d'opéra, dont il
re. Quant au sujet rappellen besse¬
est las (Il est toujours très rapidement
coup moins bien le Cain de Paris évoquentes sages are
las) : que celle-ci le précède et lui si
Henry
de mil huit cent quarantesque memo¬
gnifie que c'est elle qui rompt, il n'aura
versenden
re. Un médecin alme une couturière,
plus qu'une volonté, prolonger l'aven
M.
la fille d'un chauffeur. On n'en veut
ture : c'est qu'il n'aime pas en réalité