II, Theaterstücke 4, (Anatol, 8), Anatol, Seite 576

secrétaires de rédaction pourraient encore
tourner à l'expéditeur ses communi¬
qués avec cette mention « Vous êtes
bre exagérémer nos minutes aussi sont
précieuses ».
Vendredi 22. Je pourrais redire
parlant d'un autre théâtre, qu'il est in¬
tile de nommer, d'autant plus que pas
mal d'autres en ce moment lui asser¬
bent je pourrais réditer la réflexion
de une « J'étais seul, les au
Théâtre-Francis, ou presque seul... »
Une trentaine de spectateurs, dont peut¬
être une dizaine de critiques. J'avais le
désespoir dans l'âme pour les artistes;
mais ceux-ci faisaient vaillante figure et
tenaient leurs rôles avec le même bio
que si la salle eût été pleine, à craquer. Et
je pensais que les chirondelles au¬
raient, en ce moment, un beau geste de
reconnaissance à accomplir : organiser,
se mobiliser, envoyer des escouades tan¬
tôt dans un théâtre et tantôt dans un au¬
tre, s'imposant de verser, pour une fois,
le prix d'une place modeste elles qui,
chaque jour, aux répétitions générales,
volètent de strapontin en fauteuil, des
galeries ou foyers à l'orchestre ou aux lo¬
ges, sans bourse délier. Mais y a-t-il place
pour de la reconnaissance dans le cou¬
d'une « hirondelle » de théâtre ? Et, si je
dis e hirondelles », j'entends maints au¬
tres ayants-droit » qui ne passent ja¬
mais au guichet, bien qu'ils ne puissent
invoquer aucune excuse professionnelle...
Samedi 23. Je ne veux pas chica¬
ner Mme Simone-Camille Sans sur
son nom il est le sien et elle en a
comme de juste, la fierté. Mais ce mo¬
nosyllabe sour pourrait devenir la
pierre d'achoppement de sa carrière
dramatique, même si elle prononce l'a
final. Mme Sans a écrit une pièce mé-
dévale, L'ombre, dont elle a tenu à
interpréter le principal rôle féminin.
Le public de la générale lui a fait, cette
après-midi, un accueil mitig, aussi
bien à l'auteur qu'à la comédienne.
Mais il s'est conduit avec correction,
ayant conscience du courage, de la
volonté, de la foi qu'apportait Mme
Sans à mettre en valeur son personna¬
ge, en dépit d'une inexpérience totale
de la scène et d'une déclamation qui
ignore les nuances. L'œuvre de Mme
Simone Camille Sans obéit plus
fantaisie qu'à la logique les situa¬
tous et les évolutions de caractères
rent l'art des transitions. Il est,
par ailleurs assez piquant de se dire
que le sujet pourrait être de notre
temps au lieu du poison, par lequel
cette sorcière se débarrasse sans
vergogne de la femme de son amant,
suffirait qu'elle prit en main le
browning si épidémiquement actuel.
J'avoue que cela nuirait fort aux dé¬
veloppements verbeux et obscurément
philosophiques où se complaît Mme
Sans. Que de « beaux » effets tragi¬
que la couperait
Dimanche 24. — Je rentre de
sieux, à la faveur de l'agréable voya-
ge temps see, ciel d'une totale pre¬
te que me conviait à faire dans la
même journée un de mes amis pos¬
sesseur d'une voiture, j'ai disposé
non esprit en favorable « terrain
d'atterissage » pour les informations
qui s'envoleront de là-bas, en juin
prochain, sur la grande semaine pro-
jetée. J'ai vu la crypte qu'on doit alors
inaugurer et sur laquelle s'élèvera la
future basilique. J'ai mesuré les rela-
tions de solidaire voisinage auxquelles
se sont raisonnablement décidées les
deux petites villes dissemblables, ac
coupées désormais sous le nom de
Lisieux l'ancienne, celle des grands
marchés, normands, si riche en viel

les sont capables de mettre sur
esprits qui ne se gardent pas vou-
comprendre que soient devenes in¬
suffisantes les ressources hospitaliè¬
les de Lisieux et que l'on soit en train
de préparer de nouveaux pris pour
pleins tenant compte de la mo-
este de leur bourre. Je m'arrêter
rait enthousiasme de conver-
soudain, moins qu'on ne
nette sur le compte du déjeuner que
usines, déjeuner por
fut abondant, succulent, dicat, arros
de vins d'élection, de calvados et d'unani
me bonne humeur !
Lundi 24. — Le Palais des Sports, hier
soir, nous organisa une fête très russe,
autrement dit très parisienne, puisque
tout ce qui est cosaque, danseur en blou-
se rouge on joueur de balalanka est de¬
puis longtemps une des notes indispen¬
bles de la grande fresque animée de
Paris. Ceux qui donnaient, cette fois, le
spectacle étaient les guites. Bondisse¬
ments rapides de petits chevaux, tandis
que de hardis hommes de la steppe se
livrent, sur les reins ou sous le ventre de
la montre, à de prodigieux exercices
d'équilibre, accompagnés de cris et de
dépens d'orflammes. Danses fréné¬
tiques dont le vertige toujours nous
prend et nous surprend, bien que nous le
voyons presque chaque jour, ici ou la
Les charges prennent dans ce cadre vaste
une allure fantastique qu'elles ne sau¬
raient atteindre à l'intérieur d'une pist¬
Cirque, où d’ailleurs les chevaux son
bridés étroitement et pour ainsi dire en¬
través.
Mardi 26. Dans la masse du peuple,
on a rarement sous la main, pour le
feuilletter à tout instant, un La Rochefou¬
caud, Et j'entends par ce nom propre un
recueil quelconque de maximes, du plus
classique au plus moderne. Je ne saurais
dire s'il eut conscience de remédier à
cette carence, celui qui le premier eut
l'idée d'inscrire une pensée différente au
bas de chaque feuillet quotidien des
éphémérides. Le vrai est, pourtant, que
l’éphéméride remplace le La Rochefou¬
cauld, le vulgarise, le met à la portée des
moins enclin à méditer. Avez-vous re¬
marqué que les éphémérides que distri¬
buent les facteurs à la veille du jour de
l'an ou qu'on achète soi-même au bazar
à la papeterie du quartier, s'accro¬
chent de préférence à la cuisine ; elles
orthographe de l'Académie) ou ils (or¬
thographe de presque tout le monde,
elles ou ils y composent, avec les recettes
de Tante Marie et quelques mauvaises li-
vraisons populaires, l’embryon de biblio¬
thèque de la cuisinière, ou de la ména¬
gère, si celle-ci réunit en sa personne pa¬
tronat et salariat. Le matin, en préparant
le café au lait ou le chocolat, elle ne
manque pas d'arracher le feuillet périmé
et, avant de le réduire en boule et de le
jeter aux ordures, en déchiffre avec plus
ou moins d'intelligence la pensée qu'on
mit pour nourrir son cerveau ; ainsi
fonctionne ce La Rochefoucaud à répéti¬
tion ; et de cette méditation de quelques
secondes (sauf cas particulier qui retient
plus longtemps l'attention), croyez bien
qu'il reste quelque chose dans un coin
des méninges. Ce Socrate d'aujourd'hui
pourrait-on dire encore prépare un
accouchement intellectuel à longue
échéance.
Mercredi 27. La coquette salle du
Théâtre de l'Avenue doit se réjouir du
spectacle qu'on y donne en ce moment
quelque chose de léger, bien que ce ne
soit pas d'un Français de menues, su¬
perficielles et ironiques touches d'huma¬
nité. Le titre ? Anatole. Mais j'imagine
qu'il groupe arbitrairement cina es