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COSMOFOLis.
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la folie de la croix; c’est le scandale de I’Evangile avec sa
révélation et ses miracles; c’est l’Eglise maitresse de foi et
dompteuse d’erreurs.
Telle a pu Etre, pour une part dans sa détermination.
la pensée de Manning; mais bien plus sürement, à mon
avis, a agi sur lui la considération de l’unité du pouvoir
spirituel. L’absence d’unité dans le gouvernement des ämes,
voild de quoi souffrent tous les croyants, tous les reli¬
gienx, et, je dirai meme tous les idéalistes qut sont en mème
temps des hommes d’action. Plusieurs religions dans
Thumanité, voilà ce qui est pour eux quelque chose de
penible et de dangereux et de fatal. Que les hommes soient
divises politiquement, soient partages en nationalités diverses,
cela, pour enx, est déja un mal. Ne devraient-ils pas former
une seule famille? Mais qu'ils soient divises moralement, par¬
tages entre diverses religions, voild qui leur parait plus don¬
loureux encore. Précisément parce que les humains sont divisés
comme peuples, ne devraient-ils pas étre réunis et ne former
qu'une seule famille au moins à titre d’enfants de Dien?—Cette
#unanimité“ au moins morale, ce “pananthropisme,“ un pen
plus large, il faut l’avouer, que tous les panslavismes, panger¬
manisines et panlatinismes, cette cosmopolis religieuse, a
naturellement été le réve de tous les grands hommes d’action
et de charité, chez qui l’esprit d’action et de charité l’empor¬
tait sur l’esprit d’autonomie et d’indépendance; c’est dans
ce rêve que serencontraient déja, ou qu’essayaient de se rencon¬
trer Bossuet et Leibniz pour la grande affaire de la“ Réunion.“
C’est cette aspiration à l’unité qui a été la raison déterminante
de la conversion de Manning au catholicisme.
M. de Pressensé le fait remarquer, Manning, des 1846,
dans son journal intime, notait déjä que l’Eglise anglicane
Ctait séparée de l’Eglise universelle, soumise sans appel an
pouvoir civil, isoléc, particulière, insulaire. Lengtemps avant
d’étre“ catholique romain,“ ilsentait ct s’avouait qu’il n’était
plus “anglican.“ Se rattacher à l’Eglise catholique, c’était
surtout pour lui, tendre à la concentration de toutes les cons¬
ciences en une seule communion de toutes les ames en un
seul faisceau. Et ainsi s’est faite, peu à peu, cette évolution
tragique et douloureuse qui l’a conduit d’un pöle à l’autre.