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16.3. Dieletzten
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L’INDEPENDANCE
1Z
LE THEATRE
( LES DERNIERS MASOUES „
DE M. ARTHUR SCHNITZLER, AU THEATRE DE L’GEUVRE.
M. Lugne Poé vient de nous soumettre une piéce en un
acte d’un auteur viennois, M. Arthur Schnitzler, dont les
ceuvres sont fort connues et appréciées en Allemagne. Si
elles sont toutes de la valeur des & Derniers masques ),
M. Schnitzler est incontestablement un homme de théätre
du plus haut intérét. Peut-être subit-il des influences? Cela
n'a rien en soi de contraire aux régles de l’art: ce qui est
certain, c’est qu’il n’y a guère de rapprochements impor¬
tants à faire entre Les derniers masques et les pièces de
l’ancien Théätre libre. Certains critiques ont cherché un
peu noise à M. Schnitzler, à propos de quelques expressions
on de certains points de détails qui, en effet, semblent tirés
des procédés de l’école réaliste. Pour ma part, je ne vois lä
qu'une apparence et non une réalité. M. Schnitzler plaçant
ses héros dans un höpital ne peut cependant pas leur faire
tenir un langage de salon. Quand Balzac, dans de Cousin
Pons fait parler Madame Cibot, la portière, et Rémonencq,
le brocanteur auvergnat, il leur prête un langage salé qui
ajoute singulièrement au tragique des situations, et il n’y a
aucun rapport entre une description de Balzac et une des¬
cription faite par un naturaliste, Cela tient à ce que la
forme, chez le premier, est une chose toute intérieure et
dominée continuellement par le souci de ne point nuire à
T’ensemble. Le naturalisme n’a été que le triomphe du
détail.
Chez M. Schnitzler, je ne vois donc nullement un natu¬
raliste, mais bien un homme qui ose ne pas reculer devant
certaines petites invraisemblances, et méme appeler à son
aide un peu de mystére.
Ce sont bien des masques qu’il nous a représentés, non
des masques de déguisements, mais des étres déja gri¬
maçants par la mort, presque des fantömes.