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16.3. Die letzten
11 a
·TEUILLETON DU JOURNAT DES DEBATS
n 8 arrli 1918
LA
SEMAINE DRAMATIAUE
Vaudeville: Mioche, piéce en quatre actes et un ta¬
bleau de M. P. Berton; On nait esclare, comédie
en trois actes de M. Tristan Bernard. — Théätre
de 1’(uvre: Ariane biessce, piéce en trois actes,
par M. M. Allon; Les derniers masques, piécc en
un acte de M. A. Schnitzler, traduite par MMf. Rémon
et Valentin.
Dans beaucoup d’années, quand il sera de¬
venu savant de faire des thèses sur le théätre
en France au vingtième siecle, un professeur
en Sorbonne donnera à nos nevenx une mono¬
graphie de la pétite grue. Gest un personnage
national. Les Anglais fabriquent par milliers
des danseuses aux yeux innocents, qui, parleur
décence, leur fierté, leurs bonnes fagons, leur
désintéressement, leurs vices, leur dignité pro¬
fessionnelle, leurs jalousies orgueilleuses, Teur
esprit de mensonge et leurs vilenies ’secrêtes
sont de fort singulières petites choses. Mais
zes piris ne paraissent point dans lalittérature.
In’est petite grue que de Paris.
C’est une mince, une insouciante et une son¬
ple personne. Enfant, elle a été battue et elle
n'afait qu’en rire. On lui a fait la cour, et ses
soupirants l’ont fait rire aussi. Midinette, elle a
travaillé dix heures par jour. Un beau jour,
elle a cessé de travailler. Elle est amoureuse,
et, en méme temps, elle sait, comme on dit,
fort bien compter. Elle est aimable, mais sus¬
ceplible. Elle est ignorante comme une carpe,
mais elleal’esprit si vif qu’elle apprend tout.
Elle ment avec subtilité, mais elle est si spon¬
Reproduetion interate.
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Vtanée qu'elle ne soutient guère ses mensonges. 1 moi
l’ap
Elle adore la campagne, la danse, le canot, la
por
friture, la toilette, les romances et la supério¬
rité. Elle a les goütsles plus élégants comme les
plus canailles. Elle est socialiste et méme anar¬
pag
chiste; elle fonde ses doctrines sur des raison-I vers
nements simples, absurdes et tout de mème
On
pleins de hon sens. Elle parle un langagejeu
prompt, savoureux, varié en ses tours, peuplé
Ang
d’interjections, dont elle ne se défait jamais.
tum
Elle est bohème et bourgeoise, rosse et bonne
aux
fille, moqueuse et sensible, soignée et parfois
votr
un pen sale, pimpante et lihre. Et elle a vingt
tres
ans. Que devient-elle? On ne sait. Ellese marie,
c’es
elle engraisse, ou elle se cache pour mourir.
lint
Est¬
La mort emporte en troupes, vers le Styx sans
écho, ces fillettes joyeuses.
dem
cun
Voilà un beau sujet pour un nouveau doc¬
n'a)
teur. De Mini d. Foupon, ihese présentée de¬
qu'o
vant la Faculté des lettres de Paris. Ony verra
nes
Musette et Mouche, et Chochotte d'Education de
du :
prince, et Zaza, et quantité d’autres dissyllabes.
Ony verra la pauvre Mioche, qui vient d’étre Thei
amenée par son bref destin sur la scène dulvoilt
Tarß
Vaudeville.
Rose d’Arcy a, durant une saison, chantéi com
l’opérette au théätre de Saigon. Elle revient en jle di
France sur 1é Nepatt, et c’est la qu’elle ren-Tagré
cin
contre cing jeunes officiers anglais. Ils sont
d’Ar.
aimables et bien élevés, mais un seul lui plait.
Naturellement, c’est celui-là qui reste à l’écart. lants
Naivement, Rose d’Arcy se lie avec les uns pas!
pour connaitre l’autre. On lui promet de l'amu¬
ser; on lui apprendra le poker, que ces officiers intér
jouent avec passion, etqui est en effet un sportlce d
fort excitant pour des jeunes gens peu en-Ide k
clins à se divertir de la conversation des poun
asse
femmes. Ceux-ci se mettent galamment au
fait 1
service de la chanteuse française. IIs la prient
de les nommer par leurs surnoms; elle leur dessi.
dit à son tour ie sien; Rose d’Arcy est sondisco.
nom de théätre; l’état-civil la nomme avecpuiss