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Liebe

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a Berlin, par les nazis
Vous allez tirer une pièce du film
Liebelei? Quelle dröle d’idée!
* C’est ainsi, m’explique Mme Su¬
zanne Clauser, qui fut la collaboratrice
intelligente et dévouée de Schnitzler,
que j’ai été accueillie lorsque j'ai an¬
noncé à quelques amis qu'une adapda¬
tion de Liebelei seralt représentée pro¬
chamement au Vieux-Colombier.
S
Mlle. Suzanne Clauzer
4 J'ai dü leur apprendre que Liebe¬
lei
dont la traduction exacte est
Amourette — était l’une des premières
pièces d’Arthur Schnitzler celle qui le
rendit célebre. Elle fut créée le 5 octo¬
bre 1895, au & Burg theater, de Vien¬
ne. C’était la première piéce naturaliste
présentée devant la cour. Les senti¬
ments que Schnitzler prétait à certains
de ses personnages paraissaient mons¬
trueux.
Schnitzler avalt, en effet, souligné
Tarrogance de la bourgeoisie devant
les petites filles du peuple; il avalt
montré la douleur de la petite Christine
atteinte dans son plus bel amour. IIy
atrente ans de cela.
Je vous parle de cette piéce comme
si vous la connaissiez déjà: c’est que
sans doute vous avez vu le très beau
film qu'elle a inspiré. Mais, au cinéma,
il a été tout naturellement nécessaire
de sacrifier le dialoque à la mise en
scène: on a, comme il est normal, sug¬
gèré par l’image, c’est ainsi que le troi¬
sième acte de la pièce a tout, à fait
disparu à l’écran. II est peut-être, ce¬
pendant le plus émouvant, puisqu'il met
aux prises Théodore et Christine.
Cette révolte de Christine qui a été
si douloureusement atteinte dans son
amour, le film n’a pu la souligner, pas
plus qu’il ne pouvait exprimer T’atti¬
tude rigide de la bourgeoisie s’obsti- 3
nant à considérer comme une amou¬
rette la passion vraie. Ainsi les Pari- )
siens, qul ont almé le film, pourront-ils
encore etre émus par la piéce?..
Mme Clauser s’interrompt un instant.
Elle s’entretient, en effet, avec M. Geor¬
0
ges Pitoéff, qui, ainsi que nous l’avons
annoncé, s’est récemment installé au
Vieux-Colombier avec toute sa compa¬
gnie, et présentera, jeudi, Tauvre deg
Schnitzler.
Le célèbre metteur en scènd s’est at¬
taché à recréer cette atmosphère de la#
Vienne heureuse de l’avant-guerre, dans
laquelle se déroule la piéce. II a com¬
pris que c le grand poête et le pitoya¬
ble ironiste ) qu’était Schnitzler avait,
dans cette amourette, décrit l’humble
drame d’une petite fille du peuple,
mes, leurs pensées profondes avec une
d’une : Mimi Pinson vienneise dont
äpreté, une ironie prenante. MM. Balpe¬
T’amour méconnu aboutit au suleide. .
tré, Gauthier, Salou, Mile Nora Silver,
Tandis qu'il donne encore quelques
Agnès Capri, etc.,,, seront les prinei¬
explications à Mme Ludmilla Pitoëff
paux interprétes de ces deux piéces.
qui incarnera l’héreine, Mme Clauser
— Je ne veux pas parler davantage
revient vers nous:
de ces piéces, conclut Mme Closer, quf
Liebelei, la pièce, nous dit-elle, n’es¬
les a traduites, adaptées avec un talent
sale pas de rivaliser avec le film: elle
très fin. Sachez seulement qu'elles illus¬
vaut par sa vérité et par sa simplicité.
trent expressément leuvre de Schnit¬
Une autre pièce de Schntt-ler: Les
zler, cette ceuvre qul a regu, il y
Derniers Masques, comple.
ce spec¬
seulement quelques semalnes, une nou¬
tacle. C’est un acte dont
première
velle consécration:: lorsqu'elle figura
version due à M. Mauric aymond fut
sur les listes noires des nazis. Les li¬
retrouve
jadis donnée à Paris. C
V
vres de Schnitzler ont, en effet, eté
Schnitzler, médecin; décrivant les hom- brülés à Berlin. — Charles Gombault.
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