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5. Liebelei
een etien ereeneren
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EN PASSANT EN AUTRICHE
avec ses difficultés et ses ingratitudes, trop banaie pouf
etre supportée. Ce besoin d’échapper à la réalité, oui
a inventé tant de religions au cours de I'histeire,
pousse maintenant dans tels pays le citoyen ve## le
dictateur, c’est-à-dire vers la théatrocratie, vers les
défilés, vers les hymnes, lui fait rechercher le trisson
nouveau, la communion avec ie geste, la parole er le cri
prophétiques du chef. On peut sourire des revues fas¬
cistes, des pas cadencés hitlériens, c’est une attitude tres
6 français moyen o, très a français-né-malin n, mais super¬
ficielle;iln'a pas envie de tourner ces spectacles en déri¬
sion, celui qui cherche à comprendre la psychologie des
foules.
Aussi se tromperait-on si l’on tenait pour négligeables
les réves cachés de beaucoup de Viennois, ou passent des
dolmans azur à boutons d’or, des bottes miroitantes,
des cartouchieres d’argent, des éperons astiqués et
des sabres à leurdes coquilles, des sabres semblables
à elui que porte, précisément, l’un des person¬
nages de Josef Roth, des sabres à lame côtelde, bien
fourbis, dont la ganse je balance indolemment. Féti¬
chisme? Si l’on vent.. Mais il ne faut pas oublier ce qui
se cache d’important derrière tout fétichisme.
*
On parle souvent de l’indifférence, du scepticisme ou
de la frivolité autrichiennes, et il est vrai que, selon ces
a clichés n, Vienne comprend beaucoup d’habitants qui
tiennent avant tout à boire tranquillement leur café¬
crème en lisant les journaux... Mais ce goüt de la
vie facile, cette fagon d’envisager un peu l’existence
comme une opérette, ne se remarquent-ils pas surten“
chez les générations müres ou vieillissantes? Le touriste
s’arrête devant, les aquarelles et les caricatures qui
évoquent le temps des valses et des congrès, les concours
EN PASSANT EN AUTRICHE
d’élégance, les concours de buveurs, lec concours de
ronds-de-jambe et de jolis cceurs et il s’imagine que l’age
du Lustiges alt Wien n’est pas mort. Sur cette litho¬
graphie coloriée de 18zo intitulée l'Arbre de Tamour.
uns jeune iille, montée sur une échelle, va choisir, entre#
les branches ou ses admirateurs sont niches cowmme
des boules die gui, son ami d'un soir, et elle Résite entre
ie hussard à la tunique soutächée comme une reliure
romantiqu.:, le bellätre pommadé et le tyrolien à culottes
courtes. Arjourd'hui le hussard et le bellätre ont dis¬
paru, tandis que le paysan trime durement et prend part,
souvent les a. es à la main, aux luttes politiques
OnConstate, d’ailleurs, depuis quelques années, que
Vienne ne joue plus à la ville affranchie comne dans les
années qui suivirent la défaite, et quselle à meme pris an
air de sérieux qui ne laisse pas de surprendre cenx jui
voient avant tout en elle la cité du baroque, des ärc“
ducs, de I'humour, de la musique mousschket des plaisi.s.
C’est que la province a pris sa revanche sur la capitale,
et le nouveau régime, fondé sur le culte de la religion
et de la profession, exauce d’abord les veeux des pay¬
sans. Ce régime n'a-t-il pas été concu par le fils diune
paysanne, par Engelbert Dollfuss?
II n'est que de séjourner dans la montagne et par
exemple dans l’Arlberg ou dans le Tyrol, pour s'aper¬
cevoir de la force qu’y garde le catholicisme. Ceux qui
ne sont pas entièrement occupés par les joies du ski
font de curieuses découvertes. Pas une auberge ou T’on
ne trouve non seulement un crucifix, mais un portrait
naif de madone, ou quelque inscription de ce genre:#
alei tout est pläcé sous la bénédiction de Dieu. Obsetvez
le long des routes ces innombrables calvaires, ces croix
sur les montagnes... Parfois l’on voit sculptés et peinis
avec le Christ (celui-ci protégé de la neige par un petit
toit), les deux larrons, et tous trois ont été pus par un
artiste qui ne craignait pas la violence dans le réalisme.