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Liebelei
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EN PASSANT EN AUTRICHE
II ne manque pas une épine autour de ce front, ce corps
est sillonné ie filets sanglants, la douleur dénature
shaque visage, on croirait regarder une cuvre espagnole.
Niest-ce pas une minutie, espagnole encore, qui a inspiré
à ce peintre de représenter les supplices dans leurs
moindres détails“ (Te pense à ce primitif autrichien, à Mi¬
chael Pacher, àqui la flagellation fournit l’occasion de
peindre une pluie de sang.) Des groupes de tyroliens
ont déüilé en piusieurs occasions dans le King précédés
de ces grandes croix de bois ou est représentée avec une
cruaté frappante la crucifixion.. Oui, revanche, de la
province.
*
1
Ene faudrait pas croire, cependant, que Vienne s’in¬
terdise désormais les divertissements, caf elle en offre
beaucoup, et de qualité, au visiteur. On a mème donng
récemment des bals — bal de la Heimwehr, bal de l’Opéra,
bal de 1’Hôtel de Ville, etc..,, ou ont reparu quelques¬
uns des princes, des uniformes, des musiques d’isier.
4 1Opéra, le directeur, Clemens Krauss, étant passé
avec armes et bagages au camp hitlérien et ayadt quitté
Vienne pour Berlin, M. Weingartner lui a succédé. Ce
nest pas un des aspects les moins curieux du duel entre
Berlinet Vienne que cette guerrt de chefs d’orchestres.
Au Burgtheater on a joué'e Misanthrope et lee Fächenz.
ei Von représente, sur des scènes plus modestes, des
conédies de MM. Louis Verneuil, Edouard Bourdet,
Sacha Guitry. Un film, le Dernier amour, que l’en verra
bientôt à Paris, s’inspire de la tradition de Masca¬
rade. Cependant la vie nocturne manque assez tôt d’ani¬
mation. Mais combien y a-t-il aujourd'hui dans le monde
de villes qui restent targ peuplées et illuminées? Londres
baisse sa devanture au douzieme coup de minuit. Paris
attend jusqu'à T'aube dans sa boutique de le retour
de l’étranzer, seule New-York brüle la nuit comme le
jour. Vienne se couche tôt, moins tôt, cependant, que
EN PASSANT EN AUTRICHE
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telles e capitales e de l’Europe orientale ou subsiste
pen près le régime du couvre-feu.
Comment & celui qui veut s'amuser n oublierait-i
tout à fait, er Autriche, la gravité du présent au'un men¬
diant aux mains jeintes se charge à tout moment de Jui
rappeler? Et s’il échappe au mendiant, il n'aura, en
pavant son addition, qu'à considérer un pen ses schillings
pour recaveir, malgré lui, une legon de choses politiquesl).
Voici le schilling Seipel, et le schilling Dollfuss, et sur
cette piece toute neuve um Vierge du moyen äge
entourés de cette inscription: Magna Mater Austric.
La politique frappe donc sans cesse Pesprit de Pobser¬
vateur le plus dictrait. Essayons de voir, grosso modon
en quoi elle se résume et ce que représentent les vio¬
toires remportées vor is gouvernement en fevrier et
en juillet 1934. Ne partons pas d’un point de vue par¬
ticulier, ne faisons pas tourner tout autour de 1 Auschluss,
et essayons d’y voir clair.
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Une cuvre considérable vient de s’accomplir, dont la
singularité reste de ne pas porter de nom. L Hitlérisme,
on sait ce que cela représente. Mais distingue-t-on tout
ce que signifie le Dolljussisme? A cause de la résistance
qulil a dd opposer à la pression allemande, le Dollfussisme
a passé aux yeux de beaucoup pour un mouvement pure¬
ment négatif. Nous disposons maintenant, semble-t-il,
d’assez de recul pour apercevoir dans touté son ampleur
le caractère proprement révolutionnaire de ce régime.
On remarque, d’abord, que dans beaucoup de cas le
Dollfussisme a accompli une ceuvre paralléle à celle de
I’Hitlérisme, mais, bien entendu, avec des méthodes
différentes. Le Dollfussisme, si l’on veut, c’est l’Hitlé¬
risme adapté à une civilisation particulière, de nature
double, ou tres cultivée ou tres religieuse, ou sceptique
ou intransigeante sur tout ca qui regarde le commeree