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le retour aux plus saines tradilions
de la littérature et de l’arl. En réa¬
lité, le choix des pièces à créer ou
à reprendre s’était moniré assez ju¬
dicieux pour se fraduire par de
bonnes recettes. M. Wildgans n’en
Tut pas moins sacrifié à des consi¬
dérations de nalure polilico-commer¬
ciale, qui entourerent sa demission
de rancceurs dont s’aggrava son Clat
de santé déja très éprouvé. II a sue¬
combé le 3 mai, à une erise cür¬
diaque foudroyante, comme ses deux
grands prédécesseurs à la tete de ln
littérature autrichienne, Hugo d’Hof¬
mannsthal et Arthur Schnilzler.
Le nouveau directeur du Burg¬
theater, M. Rcebbeling, est un homme
d’action qui voit dans le théätre une
entreprise à faire fruclifier au pro¬
rata de la conflance qu’on a mise en
Jui. Parmi plusieurs mnitiatives d’or¬
dre divers, il a su se concilier-lan
erilique par le geste attendu depuis
de longues années, du rétablissement
des répétitions générales. Les gran¬
des réformes quon attendait de lui
seront peut-étre plus diffieiles à dé¬
créter et surtout à réaliser. En
attendant, le rajeunissement de lai
troupe n’a été entrepris qu’avec une
extréme prudence, et les engagementst
sensationnels dont les journaux col¬
portaient les bruits, sont restés àr
Tétat de projets. Une nouveauté mé¬
rile cependant d’étre signalée à nos
lecteurs, comme la pièce la plus in¬
téressante de récente création vien-
noise, et aussi pour la mise en va¬
leur qu'elle a permise du talent d’un
jeune acteur, M. Ernst Deutsch.
Disraeli, comédie en eind tableaux
de Louise-Marie Mayer et Arthur
Rund, est une g vie romancée , mise
au théätre. Le personnage, après
avoir été illustre de son vivanl, doit
à André Maurois un regain de cé¬
lébrité mondiale. La pièce en béné¬
fieie dans la mesure ou le publicl
connaft assez, d’avance, le héros
pour pouvoir le suivre sans diffi¬
culté à travers une intrigue qui com¬
mence en 1830 et finit en 1878. Evi¬
demment, nous sommes tres loin de
l’unité de temps et de lieu, dont Ra¬
eine fut le virtuose. Le premier ta¬
bleau, situé sur la terrasse d’une au¬
berge de Malte, un beau fnatin de
mai 1830, nous présente un jeune
Oriental déguisé en Sicilien, et dont
le bagout aufant que la mise trop
vorante allirent la jenne Israélite
—Rahel. mais exasperent les gentle¬
iien anglais auxquels Disrach S’ap¬
plique à révéler T’avenir du canal
de Suez. Au sccond tableau, dans ia
garçonnière du jeune dépulé conser¬
vateur à Londres, un soir d’oclohre
1837, nous le voyons rentrer, vaineu,
de sa première grande manifesta¬
tion oratoire, ou son sang juif 1'a
entrainé à un lyrisme anlipathique
au flegme anglais. Des gens de Thea¬
tre, Kean à leur téte, viennent féter
en Jui un collégue, un cabotin, dont
Jla place est, suivant eux, lout in¬
diquée sur les planches. La jeune
première s’attarde. C’est Rahel dont
Kean a fait sa maltresse et une
actrice de talent, mais Disraeli la
repousse une seconde fois. Son
amour passionné pour I’Angleterre
a besoin, dans la carrière quil rove,
d’une pure Anglaise, qui sera son
lrait d’union avec le conservalisme
britannique qu'il incarne malgré des
apparences contraires. Au Troisieme
tableau, nous sommes dans la Salle
des Pas-Perdus de la Chamhre des
Communes. II se brouille avec Roths¬
child, dont Rahel est devenue la mai¬
tresse. II se réconcilie avec eng.,, en
1855, quand ces deux israélites assu¬
rent à l’Angleterre, avec la mair
mise sur le canal de Sucz, la domi
nation de la route des Indes. Com,
ment s’étonner que la Reine Victo
ria qu'il a faite impératrice, aim