I, Erzählende Schriften 38, Der Empfindsame, Seite 1

38.
Der Empfindsame
box 6/4
CANDTDR
Eatrat de
Dug asae
13. Rus du St-Gothard-XIy
urrssr
Date
16 NUVEMBRE 1933
E SENU PIFT
Nouvelle inédite d’Arthur SCHNITZLER
Tredatite de Patiemane ver ane Srashen
véritablement recu l'avis d’un médecin et
r soir-la les jeunes gens schez un médecin, le vingt-quatrième, je
Jétais décidée d le suivre arant méme
crois. J’avais courn de l’un à lautre, sans
étaient tristes. IIs pen¬
que d’avoir regagné la Pue.
répit et sonvent sans espoir, demandant
saient tous au malheurenx
qur’on ine rendft ma voix, la si jolie voix
Fritz Platen qu’ils avaient
& Et voilü. Je passai devant le Café
de mes seize ans. Tous les spécialistes con¬
Thabitude de voir parmii
Impérial.,, Allons, ne#te fäche pus, cher
sultes S’y étaient montrés incompétents.
enx, dont le sourire, les
Fritz.,, Tantres Mavaient souri avant tol,
g Je ne trouve rien, Mademoiselle!.
— #en vis leur Etnient
Javais rencontre benucoup de jeunes
Turassuraient-ils des le debut; néanmolns
encore présents. Or, huit
hommes.,, Tu fus le premier au sourire
tous essayaient de me soigner. Tu ne seis
jours plus tôt, an lien de venir an café,
duquel je répondis, aurris-tu eu le cou¬
pas ce que Jai sonffert. On m'a badigeon¬
Fritz était resté chez Jui, s’était assis à
rage de me suivre sans ceia? Ne m’en
née, electrisée, hypnotisée et massée, oni
son bureau et s’étnit tire une balle. Per¬
venille pas non plus de ne pas Tavoir
massé le corps entier pour deux malhen¬
sohne ne connaissait la raison du suicide.
avoné la vérité tout de sul“. J’al été sur
reuses cordes vocales qui refusaient leur
Fritz Platen était un gentil garçon, jeune,
le point de le faire les premiers jours.
service. On m'a traitée doncement, rude¬
Tai en peur de te contrarier, ta tendresse
beau, riche, et tant soit peu sensitif. Ses
ment, voire tendreinent. Chachn m'assul¬
amis commentaient sa fin, trouvant Stu¬
s’en serait trouvée diminnée et j’en an¬
rait que je recouvrerais ma voix, chacun
pide, on du moins incompréhensible qu'un
rais pati avec tol.,, et Buis, sache aussi
prönait sa méthode et chachn finissait par
gentil garcen, jenne. heau, riche, et tant
qu’il m'arrivait par moments d’oublier ce
constater gue Fétais parfaitement hion
dee in derule étre, de m’eprendre de 101;
soit peu sensitif se tirät une balle au lien
portante et qusl était impuissant à me
comme d’un amant que T’on a pour 80n
de venir au café.
guérir. Bien portante! Moi? Mais leplaisir. Fritz, Jai besoin dêtre ##cère
Trop sensitif! dit subitement un des
chant était tonte mnn vie l’Opéra tonte Tenvers toi, je te dois trop pour ne pas
Jeunes gens, Albert Rhode, qui avait été le
Tiion ambition. Depuis Tenfance je wavais jPétre, Tu sais que J’al recouvré ma volx,
meilleur ami du défunt, dont il était le
rêvé que théätre, que triomphes sur la
ina si jolie voix! Les progrès s'affir¬
seul à porter le deuil.
scène. Mon avenir ne pouvait être que
maient de jour en jour. Mon professeur
Cominent? demandèrent Friedel et le
celui d’une cantatrice, fétée et célèbre
de chant n’en revenait pas. Les agents,
petit Wilner.
dans Je monde entier.
devant lesquels Janditionnais, étaient en¬
- Sa sensibilité a causé sa mort, reprit
chantés. Enfin, le directeur X.,, du théa¬
Albert; du reste, si vous en vonlez la
tre de N.. (Rhode demeurait discret) m’en¬
preuve, je vais vous lire une lettre assez
* Trois ans s’écoulèrent dans cette an¬ #tendit Tautre jour et m’engagen immé¬
curieuse.
goisse. Je changeais de professeur de Glatement pour trois ans avec des Emolu¬
Dments progressifs et l’assurance de chan¬
On en a trouvé unc?
chant plus souvent encore que de méde¬
ter les premiers röles. Fritz! Fritz! Je
Rhode secoua la téte:
ein. Chacun iie disait que son prédéces¬
suis heureuse! Je vals pouvoir vivre pour
Elle n’est pas de Jui, il n’a rien laissé,
seur uiavait abimé la voix et chaque mé¬
cultiver cet art que Jaime, le réve de mon
vous le savez. Mais en rangeant ses pa¬
Thode nouvelle devenait pour moi un nou¬
enfance, de ma prime jennesse se réalise.
piers ce matin, Fai mis la main sur une
vel espoir. Vaine attente I., Rien ne ser¬
Je vals devenir célebre, tout le monde
lettre arrivée le jour du suieide et suscep¬
vait.,, Mon vingt-quatrième médecin seule¬
connaitra mon vom et tu auras la fierté
tible d’éclaireir le mystère.
ment (je dis vingt-quatrième pour abré¬
de te dire que dans tes bras je suis deve¬
De qui? demandèrent les deux
ger, je suis süre qu'il yen avait davan¬
nue une grande cantatrice.,, Si tu
autres, intrigués.
tage) le vingt-quatriéine donc me sauva
m'aimes, comme tu in'en assurais, le sen¬
de ne penx vous révéler le nom
en m’indiquant un reinede infailible. De¬
timent d’avolr contribué à mon benheur
cette femme qui sans nul doute sera célé¬
Duis, Jai pensé quelquefois que J'avais été
te dédommagera davoir perdu ta maf¬
bre sous pen.
injuste envers les autres dont les allusions
tresse.
D’on vient-elle 7 insistèrent les amis.
Previnrent en mémoire. Ancun cependant
& Ah! comme Jaurais pu t'almer si je
Impossible de vous le dire, reprit
de ces vingt-trois n'avait été aussi précis
navais songé tont le temps que tu
Albert. Vous devineriez trop aisément.
que le vingt-quatrième dont le conseil,
m'avais été preserit! Adien, Fritz, crols
donné arec une divine brutalité, arait ex¬
- Eh bien! lis-la, reprirent en cheeur
bien qu'en te faisant cette confession je
elu Garance toute équivoque. Comment
Wilner et Friedel.
sens mes joues mouillées de larmes, et
douter en l’écontant qu’il s’agissait d’une
Albert prit dans sa poche un portefeuille
pense avec bonté à une femme qui te res¬
ordonnance sérleuse et efficace.
dont il sortit une lettre, pliée en huit. Tan¬
tera reconnaissante aussi longtemps
dis qu’il la déployait, les deux autres
qu'elle respirera et chantera. .
C
Parmi ses confrères quelques-uns
essäyèrent en valn de déchiffrer la signa¬
avaient dit: & Vous étes nerveuse, Made¬
— Je passe la signature, dit Rhode en,
ture. Albert secona la téte et leur tendit le
moiselle, vons devriez vous marler. ,
laissant retomber la lettre sur le marbre
papier. La signature arait été soigneuse¬
D’autres m'avaient avec une circonspec¬
de la table.
inent grattée, il ne restait sur le papler
tion extrömte, conseille de chunger ma mma¬
qu'une place rugneuse et grise.
#nière de vivre; quelques-uns prenaient
Qu'importe son nom, dit le petit Wil¬
Tair polisson pöur me demander 8i
Les trois amis se taisalent.
ner, quiese piquait d’ètre discret.
Wavals jjamals aimé et d’autres encore d¬
Et tu crols, demanda Friedel, ques
Rhode approuva, les pria d’écouter, prit
venaient insolents et prétendaient savolr
c’est pour cela.,
da lettre et commenga la lecture:
ce qu'il me faudrait. Ah ! si tu avais vu
Albet Rhode fit oul de la téte.
leurs Fenx à cenx-la.,, ils étaient répu¬
Mon Fritz bien-almé 2,
— Nest-ce pas épouvantable de S
gnants! Moi-mème, je pensais quelquefois
Rhode s’interrompit, sa voix avait trem¬
croire almé et d’apprendre qu’on vous à
a cette chose, mais tellement ineidem¬
blé. Les deux autres, gènés, gardaient le
I pris.,, comnme de lhuile de riein?
ment; l’idée de retrouver ma volx, ma si
silence. Rhode se mordit la lévre, secona
Jolie voix, par ce moyen-la, me faisait
II était si sensitif, soupira Friedel,
la téte et fit glisser son index ganche entre
rire.,. Seulement le désespoir me gagnait.
Tet revenant d la charge: tu ne veux pas
S## eel et son cou. S’étant ressaisi, il pour¬
#I m’arrivait de suivre le traitement de
nous dire le nom de la femme?
suivit:
trois médecins à la fois; je sortais ent
Encore une fois, Rhode refusa.
* Quant tu recevrascette lettre, jje serai
courant de l’un pour aller chez Tautre, i1
Elle sera célehre sous peu, affirma¬
tres loin, partie, pour tonjjours peut-être.
me semnblait vivre un cauchemar. Et ina
t-il, et grüce à Fritz.
Je n’ai pas voulu te le dire, ccla Faurait
volx restait terne, Jélais fatiguée an bout
fait mal, et àmol aussi. Je préférete faire
Puis il conclut:
de denx notes. Pendant ce temps, mes an¬
mes adienx paréerit, je garde ainsi le son¬
Son nom passera à la postérité et
ciennes collegues obtenaient des engage¬
venir de ton visage souriant et de tes pa¬
auenn mannel de Thistolre de la musique
ments et se faisaient un nom. Je ne dor¬
#roles pleines d’espoir g à demain, ché¬
ne retiendra celui de notre pauvre ami.
mais plus, leurs succès ie hantaient, j’en
rie,, les dernières sans doute que in
Ah! La gloire est bien injuste.
révais la nuit. Je me demande si tu saisis
mauras dites. Si tu avais su la verité, tu
Ie degré de ma souffrance. Un soir, aprés
aurais pleuré et tu m’aurais fait pleurer.
Arthur SCHNITZLER.
avoir consulté dans la matinée deux pro¬
Quel spectacle! Mienx vant l’avoir évité.
fesseurs de chant et avoir suivi dans
(Traduit de Pallemand par Suzanne CLAUSE
Je t'assure due moi aussi je Taime beau¬
Taprés-midi le traitement de deux méde¬
stcüd adand Je pense à tol. Je ferme les