I, Erzählende Schriften 35, Therese. Chronik eines Frauenlebens, Seite 61

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35. Therese
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THIERESE OU LES AMOURS VIENNOISEs. 461
pour disparaitre, parce qu'iln'est pas asses aimé, parce que son
père nele souhailait pas, parce qu'il n’a pas trouvé en naissant
T’atmosphère d’amour qui lui étail plus nécessaire que l’air.
C’est pourquoi il ne fait qu'affleurer un moment, repousse
dans les limbes, “ passé de la nuit à la nuit, naufragé entre
deux néants v.
Ainsi, c’est la pensée qui fait vivre et qui tue. La vie estle
songe d’une ombre. Nul ne fait une si grande place à cette
vérité que l'’auteur des Traumnovelle ou de la Vie en réves.
Dans plusieurs de ses contes, comme l'admirable Fräulein Eise
ou le Lieutenant Gustl, le drame se räduit à un monologue
intérieur: on assiste au tumulte d’images, à la tempéte d’émo¬
tions déchainée par une crise dans un cerveau qui se désa¬
grége. La vie se défait dans une. fantasmagorie, comme le jour
agonise au milieu d’une bousculade de nuées. Atout moment,
chez M. Schnitzler, le songe déborde, envahit, se substitue à
la réalité; on ne distingue plus les bords des choses, le monde
se confond dans une hallucination.
On a parlé à cé propos des théories de Freud. Or le Lieute¬
nant Gustd est de 1901, et ne doit rien aux expériences du
famenx i. venteur de la psychanalyse. Mais la nuance essentielle
qui separe le psychiatre et le romancier, c’est l’angoisse, le
tourment biblique, la terreur du sacré. M. Schnilzler ne
déclame jamais: son intelligence compatissante et prodigieuse¬
ment déliée comprend tout, parait détachée de toute religion
positive et presque de toute morale. Pas une fols il ne bläme
Thérèse, et Thérèse elle-méme ne se reproche pas un moment.
ses innombrables chutes. Sans s’expliquer nulle pari, on sent
bien que le mariage est à ses yeux une convention tout à fait
arbitraire. Les fautes de Thérèse lui semblent tres innocentes:
surprises du ccur ou des sens, fantaisies, faiblesses, erreurs,
jeux de l’amour et du hasard (ou elle est du reste presque tou¬
jours la viclime), toutes ces peccadilles ne lui paraissent que
des bagatelles. Du moins Thérèse n’est pas vicieuse. Ses imper¬
fections sont celles de la nature. II semble que pour l'auteur,
la chair ne soil jamais coupable.
Et cependant il porte presque jusqu’à l’épouvante le scru¬
pule et l’horreur du crime, ou plus exactement le poids, le
joug de cette idée qu'il y a une justice et qu'enfin tout se paie.
Je ne saurais dire's'il croit en Dieu: et il vit, comme au temps