I, Erzählende Schriften 28, Frau Beate und ihr Sohn. Novelle, Seite 98

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Un roman d’Arthur Schnitzler.
Arthur Schnitzler, le célebre écrivain „viennois,
qui fut médecin, écrit depuis une vingtdine d’an¬
nées des romans et des drames au coufs desqiels
Il se plait à pénétrer jusque dans les plusesembres
replis du cceur humain. Exploration fertfle en dé¬
couvertes et riche d’enseignements pour le spé¬
cialiste, mais qui comporte certains dangers pour
le public; un danger semblable à celui que court
le profane à posséder de vagues connaissances de
médecine: il se croit bientôt atteint de tous les
maux dont il lit la description.
A suivre les personnages étranges d’Arthur
Schnitzler vous distinguerez certainement quelques
pensées qui vous ont pu effleurer une fols ou l'au¬
tre et que vous avez balayées d’un coup. comme
on s’éclaircit la gorge quand on est enroué. Or,
on vous montre des gens très honnétes, sympa¬
thiques, respectés. qui vivent avec ces pensées-lä,
comme s’il était naturel de les porter avec sol, et
tout aussitöt, vous volci poussé à en chercher la
trace en vous-mème et chez les autres. Vous fini¬
rez par Conclure avec quelque tristesse que vous
Etes à deini fou et vous vous consolerez en consta¬
tant que les autres le sont complétement.
La nature, disait Montesquien, a mis en nous la
pudeur de nos imperfections; la crainte de nous
abaisser à nos propres yeux et à ceux d’autrui
constitue un des ressorts les plus vigoureux de
notre sens moral. Mais à mesure que s’abaisse le
niveau moral de la société, cette crainte diminue
et vous retient moins solidement. C’est pourquoi
les romanciers qui se plaisent à montrer combien
'anormal se rencontre fréquemment, au point de
devenir quasi normal, me semblent encourir une
responsabilité dont ils ne semblent, eux. guère 3e
douter.
Madame Béate et son fils:, le roman de Schnitz¬
ler que viennent de traduire MM. Hella et Bournac.
nous falt suivre les états d’angoisse, — morale et
charnelle, — que traverse la veuve d’un grand
acteur parce qu'elle retrouve en son fils une ima¬
ge rajeunie de son mari. De ce récit, admirable¬
ment composé, les personnages vous attirent par
le trouble qu'ils ressentent sans pouvoir le définir.
Ils se cherchent, vous les cherchez avec eur. puis
vous vous cherchez en eux et vous vous épouvan¬
tez de devolr descendre si bas. Froidement, mé¬
thodiquement, avec les gestes précis et délicats
d’un opérateur, l’auteur les déshabille, mettant à
nu leur misère. Vous vous trouvez dans la mème
situation qu'un homme qui entend dire du mal de
son meilleur ami: il voudrait arrêter celui qui
parle. le faire taire, et pourtant un obscur et désa¬
gréable désir lui reste d’en apprendre davantage.
Ainsi, en lisant cette histoire, êtes-vous vingt fois
tenté de crier au conteur: Assez! et vous le sui¬
vez néahmoins pour voir jusqu'ou vous supporte¬
rez cette asphyxie morale; à la fin, cela devient
proprement monstrueux et au moment on vous
alliez lächer le récit, c’est lui qui vous läche, vons
laissant écceuré et pantois.
Sans doute, pour modeler un chef-d’cuvre il
faut parfois se salir les mains; mais on peut au
moins se les laver ensuite, tandis qu’on ne se
nettoie pas si fachement l’esprit. D’ailleurs, le bon¬
heur ne se fonde-t-il pas bien plus sur l’ignorance
de certaines choses que sur leur connaissance?
et souvent l’ignorance est moins éloignée de la vé¬
rité que le préjugé. Trop d’écrivains s'’imaginent
que, pour éclairer les aveugles, il suffit de leur
frotter les yeux avec de la boue.
P. C.
1 Editions Victor Attinger.
und ihr Sohn
28. Frau Bea
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Ne
HRdUs SUISSE ET INTERNATIONAL]
DE LA PRESSE S. 4.
23, rue du Rhöne - Genéve
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(Bureau International de coupures de journaux
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Correspondants dans toutes les grandes villes
Extrait du Journal:
Adresse.

Date.
∆. 0
irthür Schwirzzen, Madame Béate en
son Mis. Edition Victor Altinger. Ro¬
ure
Taz man. Tradüit de l’allemand par Hells
30.—
Tarif et Bournac.
ment
67.5
pério Depuis des dizaines d’annees, l’écri. 130.—
fimitvain autrichien Arthur Schnitzler, donf 250.—
On june troupe allemande a joué naguère Tannée
Paris une des pièces et qui est déjà très
connu en France par la traduction de
plusieurs de ses ouvrages, reste inégalé
dans l’art de décrire la vie sentimentalé
et cachée de la bourgeoisie viennoise.
Vingt de ses productions témoignent
d’une réelle supériorité de dons tout à
fait exceptionnels. Mais aucune de ses
cuvres, peut-être, ne nous offre, comme
Madame Béate et son Mis, une analyse
aussi parfaite de l’äme humaine, des
passions confuses qui viennent l’agiter.
Comme en se jouant, l’auteur, qui fut
médecin, pénètre ici jusqu’au tréfonds
du cceur des hommes et arrive à faire
de ses personnages des étres vivants à
un degré extraordinaire. Et c’est en vé¬
ritable maitre du pinceau qu’il nous
brosse avec süreté et précision le décor
dans lequel ils se meuvent.
Madame Béate et son Mls, aujourd’hui
traduit en toutes langues, est un sujet
aussi original que troublant. Arthur
Schnitzler, dont on a dit qu’il était un
écrivain latin, l'a traité avec une so¬
briété toute classique et surtout avec
une rare délicatesse de ton et d’expres¬
sion qui en font une manière de chef¬
d’euvre.
A. H.
Le veritable Messnner heiton