23.
ins Freie
Der Ne
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enenenenenenenen e enen enetnener enenenenenen ene
UN ROMAN VIENNOTS
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elle reparait dans le salon des Ehrenberg, sans paraitre éprou¬
ver ni gene, ni vanité, ni rancune, mi faiblesse. Elle est, elle
aussi, une favorite du vieil Ehrenberg, bien qu'ils ne
s entendent à peu pres sur rien, et qu'il désapprouve sa parti¬
cipation à des mouvements politiques, dont les juifs ne
peuvent à son sens que payer les frais:
— Comment va ton frère? — demanda Else.
— II lait son service militaire cette année, — répondit Thérese.
Tu penx Timaginer à peu pres comment il s’en trouve.
Elle jeta un regard ironique sur l’uniforme de hussard de Demeter.
Alors il ne doit guère trouver le temps de jouer du piano.
dit madame Ehrenberg.
Ab, il ne songe plus du tout à devenir pianiste, — répondit
Thérèse. — II ne fait plus que de la politique.
Et, en se tournant avec un sourire vers Demeter, elle ajouta:
J'espère, monsieur le lieutenant, que vous ne le trahirez pas.
Demeter se mit à rire d’un air un peu gené.
De la politique, — demanda M. Ehrenberg; — qu'est-ce-que
cela signilie? Est-ce qu'il veut devenir ministre?
Certainement pas en Autriche, — répondit Thérese. — laut
vous dire qu'il est sioniste.
Non? — s’écria M. Ehrenberg.
Et son visage rayonna.
— A vrai dire c’est un terrain, sur lequel nous nous entendons
mal, — ajouta Thérese.
— Ma chère Thérése..., — commença Ehrenberg.
—. Tu vas manquer ton train, — interrompit sa femme.
— Je ne vals pas manquer mon train, et puis d’ailleurs il en part
un autre demain. Ma chère Thérése, je vous dis seulement ceci:
chacun fait son salut commeil l’entend. Mais, dans cette circonslance.
c’est votre frère qui montre le meilleur jugement; ce n’est pas vons.
Excusey-moi, je ne suis peut-étre qu'un profane en matière politique,
mais je vons assure, Thérèse, il vons arrivera à vous, socialistes juifs,
exactement la méme histoire qulaux juifs liberaux et nationalistes
allemands.
La méme histoire? — demanda Thérèse hautaine, — Et
comment ccla, s’il vous plait?
Comment cela?... Je vals vous le dire tout de suite. Qui esl-co
qui a créé le mouvement liberal en Autriche? Les juifs... Et par
qui les juifs ont-ils éte trahis et abandonnés? Par les libéraux. Qui
est-ce qui a créé le mouvemient nationaliste allemand en Autriche?
Les juifs. Par qui les juifs ont-ils été lächés.,, qu'est-ce que je dis :
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UN ROMAN VIENNOTS
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elle reparait dans le salon des Ehrenberg, sans paraitre éprou¬
ver ni gene, ni vanité, ni rancune, mi faiblesse. Elle est, elle
aussi, une favorite du vieil Ehrenberg, bien qu'ils ne
s entendent à peu pres sur rien, et qu'il désapprouve sa parti¬
cipation à des mouvements politiques, dont les juifs ne
peuvent à son sens que payer les frais:
— Comment va ton frère? — demanda Else.
— II lait son service militaire cette année, — répondit Thérese.
Tu penx Timaginer à peu pres comment il s’en trouve.
Elle jeta un regard ironique sur l’uniforme de hussard de Demeter.
Alors il ne doit guère trouver le temps de jouer du piano.
dit madame Ehrenberg.
Ab, il ne songe plus du tout à devenir pianiste, — répondit
Thérèse. — II ne fait plus que de la politique.
Et, en se tournant avec un sourire vers Demeter, elle ajouta:
J'espère, monsieur le lieutenant, que vous ne le trahirez pas.
Demeter se mit à rire d’un air un peu gené.
De la politique, — demanda M. Ehrenberg; — qu'est-ce-que
cela signilie? Est-ce qu'il veut devenir ministre?
Certainement pas en Autriche, — répondit Thérese. — laut
vous dire qu'il est sioniste.
Non? — s’écria M. Ehrenberg.
Et son visage rayonna.
— A vrai dire c’est un terrain, sur lequel nous nous entendons
mal, — ajouta Thérese.
— Ma chère Thérése..., — commença Ehrenberg.
—. Tu vas manquer ton train, — interrompit sa femme.
— Je ne vals pas manquer mon train, et puis d’ailleurs il en part
un autre demain. Ma chère Thérése, je vous dis seulement ceci:
chacun fait son salut commeil l’entend. Mais, dans cette circonslance.
c’est votre frère qui montre le meilleur jugement; ce n’est pas vons.
Excusey-moi, je ne suis peut-étre qu'un profane en matière politique,
mais je vons assure, Thérèse, il vons arrivera à vous, socialistes juifs,
exactement la méme histoire qulaux juifs liberaux et nationalistes
allemands.
La méme histoire? — demanda Thérèse hautaine, — Et
comment ccla, s’il vous plait?
Comment cela?... Je vals vous le dire tout de suite. Qui esl-co
qui a créé le mouvement liberal en Autriche? Les juifs... Et par
qui les juifs ont-ils éte trahis et abandonnés? Par les libéraux. Qui
est-ce qui a créé le mouvemient nationaliste allemand en Autriche?
Les juifs. Par qui les juifs ont-ils été lächés.,, qu'est-ce que je dis :