I, Erzählende Schriften 22, Der Tod des Junggesellen. Novelle, Seite 22

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Der Todfenzalen box 2/11
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LA HEVUE MONDLALR
à coup sür; et (la chose était pour lui bien claire), à vrai dire,
Il Pavait toujours su. Ne#illit-elle pas un jour tout lui avouer?
Ne fit-elle pas des allusions? Ily avait treize ou quatorze ans
de cela, mais à quels propos? Ne füt-ce pas un soir d’été, pen¬
dant un voyage de vacances.,, tres tard, sur une terrasse d’hôtel?
En vain, il essayait de retrouver ses paroles évanouies.
Le commerçant était debout à la fenetre et regardait la
nuit clémente et blanche. II avait la feine volonté de se rappeler
son épouse défunte, mais son esprit avait beau travailler, au
début, il ne vit rien d’autre que lui-mème, dans ia lumière d’un
matin gris debout entre les pieds-droits d’une porte qu’on avait
ôtée de ses gonds, vetu de noir, recevant dis poignées de mains
en signe de condoléances et les rendant, tand’s qulil avait dans
le nez une odeur fade de phénol et de fleurs Ce n’est que pen
à peu qu'il reussit à évoquer dans sa mémoire l’image de sa
femme. D’abord ce ne fut que l’image d’une image, car il
ne voyait que le grand portrait au cadre d’or qui, chez lui, gans
le salon, était suspendu au-dessus du pianc et qui représe stait
une dame de trente ans, pleine de fierté, en toilette de b .. Ce
n’est qulapres qu'elle lui apparut elle-meme, sous les traits d’une
jeune fille qui, il y avait près de virgt-cinq ans, avait accueilli,
päle et timide, sa demande en marlage. Puis surgit devant lui
la vition d’une femme épanouie, qui trönait dans une loge de
théätre à côté de lun, le regard dirigé sur la scène et l’esprit
ailleurs. Ensuite, il se souvenait d’une femme passionnée qui
Tavait accueilli avec une ardeur mattendue au retour d’un long
voyage. Aussitöt après, il songeait à une personne nerveuse tou¬
jours prête à pleurer, avec des yeux à la cernure verdätre, qui
avait empoisonné ses jours par toutes sortes de méchants caprices.
Puis se montrait à lui, en un clair déshabillé, une mère anxieuse
et tendre, qui veillait auprès du lit d’un enfant malade, qui, lui
aussi, était mort comme les autres. Enfin, il voyait un étre bieme
étenau, les con##issures douloureusement crispées, avec des
gouttes de sueur froide sur le front, dans une chambre remplie
d’une odeur d’éther, cet étre pour lequel son äme avait éprouvé
alors une profonde compassion. II savait que toutes ces images,
ut cent autres encors qui maintenant défilaient devant les yeux
de son esprit avec une rapidité incroyable, représentaient le mème