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Junddesell
eines
To
er
box 2/11
e e eeee
LR CRLIBATAIRE
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ment à lui prendre T'amie qu'il enviait en secret, sa camarade.
Car tout le reste, au fond, que signifiait-il? II pensait à certaines
aventures d’un passé très éloigné ou encore proche qui, dans sa
riche vie d’artiste, étaient fatales et qui avaient fait sourire on
pleurer son épouse. Ou donc tout cela était-il aujourd'hui?
C’était une chose presque aussi effacée que le souvenir de cette
heure-lä dans cette tête de mort qui reposait dans T'autre chambre
sur l’oreiller tout froissé. Ce qui figurait dans la lettre n’était-il
pas un mensonge, du reste? La vengeance dernière d'un misèra¬
ble, d’un homme quelconque qui se serait voué à l’éternel oubli,
à l'adresse de Thomme privilégié, sur les ceuvres de qui la mort
ne possédait aucun pouvoir? C’était assez vraisemblable. Mais.
meme si la chose restait vraie, ce n’était qu'une vengeance mes¬
quine, et, en tout cas, une vengeance manquée.
Le médecin regardait fixement la feuille de papier posée
devant lui et il pensait à la femme vieillie, douce et meme pleine
de bonké qui maintenant chez lui était en train de dormir. I.
pensait aussi à ses trois enfants: T'ainé, qui actuellement faisalt
son service militaire; la grande fille, fiancèe à un avocat, et la
plus jeune, si gracieuse et si charmante qu'un peintre célébre
avait dernièrement, dans un bal, sollicité l’autorisation de faire
son portrait. II pensait à son foyer confortable et tout ce qulavait
evoqué en lm la lettre du défunt lui semblait, sinon, inexistant, du
moins d’une insignifiance curieuse et meme grandiose. A peine
s’il avait Iimpression d'avoir appris en cette circonstance quelque
chose de nouveau pour Jui.
II se rappela une étrange époque de sa vie, qui rernontait à
quatorze ou quinze ans, au cours de laquelle il avait eu certais
desagrements dans sa carrière médicale et ou, ennuyé, ne sachant
que faire, il avait formé le projet de quitter la ville, sa femme et
sa famille. En meme temps il s’était mis alors à mener une
existence déreglée et désordonnée dans laquelle avait figuré une
femme singulière et hystérique et ##n plus tard s’était suicidée
à cause d’un autre amant. Comment, par la suite, sa vie avall
repris peu à peu sa vole accoutumée, impossible aujourd'hui de
s’en souvenir. Mais C’était sans doute pendant ces jours mau¬
vais — partis comme ils étaient venus, ainsi que fait une mala¬
die — c’était alors forcément que sa femme l'avait trompé. Om.
Junddesell
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LR CRLIBATAIRE
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ment à lui prendre T'amie qu'il enviait en secret, sa camarade.
Car tout le reste, au fond, que signifiait-il? II pensait à certaines
aventures d’un passé très éloigné ou encore proche qui, dans sa
riche vie d’artiste, étaient fatales et qui avaient fait sourire on
pleurer son épouse. Ou donc tout cela était-il aujourd'hui?
C’était une chose presque aussi effacée que le souvenir de cette
heure-lä dans cette tête de mort qui reposait dans T'autre chambre
sur l’oreiller tout froissé. Ce qui figurait dans la lettre n’était-il
pas un mensonge, du reste? La vengeance dernière d'un misèra¬
ble, d’un homme quelconque qui se serait voué à l’éternel oubli,
à l'adresse de Thomme privilégié, sur les ceuvres de qui la mort
ne possédait aucun pouvoir? C’était assez vraisemblable. Mais.
meme si la chose restait vraie, ce n’était qu'une vengeance mes¬
quine, et, en tout cas, une vengeance manquée.
Le médecin regardait fixement la feuille de papier posée
devant lui et il pensait à la femme vieillie, douce et meme pleine
de bonké qui maintenant chez lui était en train de dormir. I.
pensait aussi à ses trois enfants: T'ainé, qui actuellement faisalt
son service militaire; la grande fille, fiancèe à un avocat, et la
plus jeune, si gracieuse et si charmante qu'un peintre célébre
avait dernièrement, dans un bal, sollicité l’autorisation de faire
son portrait. II pensait à son foyer confortable et tout ce qulavait
evoqué en lm la lettre du défunt lui semblait, sinon, inexistant, du
moins d’une insignifiance curieuse et meme grandiose. A peine
s’il avait Iimpression d'avoir appris en cette circonstance quelque
chose de nouveau pour Jui.
II se rappela une étrange époque de sa vie, qui rernontait à
quatorze ou quinze ans, au cours de laquelle il avait eu certais
desagrements dans sa carrière médicale et ou, ennuyé, ne sachant
que faire, il avait formé le projet de quitter la ville, sa femme et
sa famille. En meme temps il s’était mis alors à mener une
existence déreglée et désordonnée dans laquelle avait figuré une
femme singulière et hystérique et ##n plus tard s’était suicidée
à cause d’un autre amant. Comment, par la suite, sa vie avall
repris peu à peu sa vole accoutumée, impossible aujourd'hui de
s’en souvenir. Mais C’était sans doute pendant ces jours mau¬
vais — partis comme ils étaient venus, ainsi que fait une mala¬
die — c’était alors forcément que sa femme l'avait trompé. Om.