I, Erzählende Schriften 3, Sterben. Novelle, Seite 69

3. Sterben
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MERCVRE DE FRANCE
Tenthousiasmie des uns, la métiance des autres, Tahurissement
de plusieurs quand ils connaissent sa véritable situation so¬
ciale, jusqu'à cc qu'enlin, à son depart, tout le monde ia féte
comme une princesse, cela est pour M. d’Ompteda une jolie
occasion de nous peindre les petits horizons de cette bonne
bourgeoisie allemande. Mais pourquoi cite-t-il tant de fran¬
çais: Pourquoi dit-il que la gsédutsante beauté s rentrera
à Paris & des qu'elle aura reçu absolution (sic) de sa faute 9,
et que la durée de son séjour est & incertaine s:
Depuis qu'il a quitté la direction de la revue PAN — une
autre de nos déceptions — M. O.-. Bierbaum s’est retiré dans
un coin perdu du Tyrol, ou il habite, loin de l'agitation ber¬
linoise, entièrement adonné à ses travaux, l’aile spacieuse
d’un chäteau presque abandonné. IIya achevé un roman
comique d’un tour d’esprit singulier avec de curieuses recher¬
ches de style. Je l’avoue franchement, je n'aime pas in prose
de M. Bierbaum: elle est contournée et artificielle, elle a quel¬
que chose de vieillot qui, dans son article de critique, me dé¬
sespère. Mais ici, dans cet humoristique Pankrazius Graun¬
zer, tous ces défauts sont devenus presque des qualités. J'ai
involontairement pensé à l’énorme Jean Paul en lisant l'his¬
toire de ce célibataire endurcie en tournée matrimoniale, un
Jean Paul qui auraitlu Dickens et l’duch Einer, de Vischer. Et
le poête Bierbaum, celui qui a chanté jadis en des vers clas¬
siques, le pocte qui sourit à chaque coin de page, dans les
passages lyriques du roman, dans la délicieuse idylle du dé¬
nouement, m’a consolé du prosateur Bierbaum.
Une revue suisse, qui, je crois, a cessé de paraitre, avait en
Theureuse idée de publier en traduction une longue nouvelle
d’un jeune auteur viennois, Mourir, de M. Arthur Schnitzier.
J'ai dit ailleurs tout le bien que je pensais de celivre: la lutte
tragique, pour se raccrocher à la vie, J'un jeune homme s’en
allant de la poitrine et voulant entrainer 7a-bas une maitresse
qu'il adore et dont il ne peut se détacher. La traduction qui
parait maintenant en volume est consciencieuse, quoique
volontairement tronquée en certains endroits, écrite en une
langue terne. M. Schnitzler est actuellement l’écrivain le plus
en vue de cette pléiade de jeunes Viennois si pleine de pro¬
messes. Les bords du Danube ont gartié un reste de vieille
culture, un raffinement précieux dans les goüts et dans
les habitudes, mélés à une résignation presque orientale.
II y
est né un art tardif de virtuoses du style et du
sentiment dont l'Allemagne du Nord ne serait pas capa¬
ble. Aussi est-ce à Vienne qu'il faudra dorénavant cher¬
cher l’art littéraire. Avec son drame: Liebelei (Amourette).
M. Schnitzler eut le sen! succès théätral que put enregistrer
I'Allemagne dans sa derniere saison. Joué à Vienne d’abord,
SEPTEMBRE 1896
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au Burgtbeater, puis à Berlin, à Francfort et dans d’autres
villes d’Allemagne, la pièce s’imposa partout. Comme dans
son premier drame: Das Maerchen, l'auteur met en scène nos
amours de civilisés avec les ülles du peuple. Et ici le jeune
homme qui ne croyait se payer qu'un caprice est aimé entie¬
rement, avec toute la passion d’un petit cceur naif. Hélas!
lorsqu'il meurt tué en duel à cause d’une &chère madames,
une liaison sérieuse celle-là, la jeune fille reste seule aveccette
question amère: & Et moi? — Que suis-je pour lui?8 — Au
charme de la couleur locale, cette légere atmosphère vien¬
noise qu'il sent jusque dans ses nuances les plus subtiles
s'ajoute chez M. Schnitzler la vibrante sympathie pour ce
peuple dont il se sent frère. 1e sceptique désenchanté qu'i
est forcément, puisqu'il est hemme du monde, devient un pas
sionné de la vie qu’il aime avec tout le sang de son cceuf
parce qu'il est poête.
M. Altenberg a toute l’étoffe qu'il faudrait pour étre un
poéte lui aussi, mais je crains bien qu'il ne veuille jamais
faire l'effort qui lui permettrait de réaliser son réve. La vie
viennoise est décidément trop douce. Si l’on y aime parfois tra¬
giquement, on se contente pourtant en général de petitesidyl¬
les tendres, de bouquets de flirts, de pätisseries et de cafés-con¬
certs. On note quelques vagues reveries, onsaisit au vol quel¬
ques images fugaces. M. Pierre Altenberg publie ses carnets de
notes. IIn'a nul souci de composition. Les liaisons dans lesidées
sont faites chez lui par des tirets ou des petits points. Quelles
jolies pages de voiume cela fait, avec des bouts de phrases à
faire réver M. Poictevin. On ferait vingt romans de tous ces
fonds de tiroirs! Quel dommage que M. Altenberg n’en ait pas
tenté au moins un seul. je le regrette sincèrement, car Wie
ich es sehe (Comme je vois les choses) est un des plus curieux
livres de la littérature allemande moderne. II y#a la des
analyses de cette singulière végétation qui croit dans les pro¬
fondeurs de l’äme humaine, de ces plantes délicates qut se
colorent de mille nuances et s’agitent au moindre souffle;
quelques-uns seuls savent les déméler, età peine si nous avons
déja une langue pour les dire. Des enfants jouent et causent
autour de leur nière, et dans leurs paroles nous croyons saisir
des correspondances mystérieuses avec nos’ pensées les plus
secrêtes. Deux ámes se rencontrent, et leurs premières pa¬
roles les font se comprendre, les choses complexes et dispa¬
rates font place à une lumineuse harmonie. M. Altenberg a
saisi cela. Et je crois que je lui peräonne son manque de
logique dans les idées, le fatigant retour de ses procédés
toujours pareils, la fausse élégance de ses intérieurs, puisque
sa sentimentalité s’est plue à nous esquisser quelques traits
nouveaux de g l’äme européenne 9.