22. Der junge Medardus
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REVUE DES DEUX MONDES.
sente ou passée du reste du monde; et nous-mémes, sans doute,
serions aujourd'hui tout prêts à applaudir une piece qui nous mon¬
trerait le grand Frédéric s’alliant avec le tsar lvan le Terrible pour
abattre la puissance de Napoléon.
Nous voici donc à Vienne, au début de la campagne de 1809; et
le premier tableau du proloque nous introduit dans l’appartement
d’une veuve, Mue Klahr, qui dirige un petit commerce de librairie, en
attendant de pouvoir le transmettre à son fils Médard lorsque celui¬
ci aura fini de remplir ses devoirs de soldat. L’excellente femme a
aussi une fille, Agathe, dont nous apprenons bientôt qu'elle s’est
gagné le cceur de l'unique fils du duc de Valois, mais que sa mére
lui a défendu de revoir ce prince jusqu'au jour ou celui-ci, suivant
sa promesse, aura décidé ses nobles parens à venir officiellement
demander pour lui la main de la jeune fille. Nous entendons Agathe
s’entretenir de ses réves et de son chagrin avec une amie, Anna
Berger, qui de son côté est passionnément éprise du beau Médard; et
nous faisons aussi connaissance avec Mue Klahr elle-méme ainsi
qu'avec son frère, le maitre-sellier Eschenbacher, dont la froide et
méfiante sagesse bourgeoise contraste avec l’enthousiasme patrio¬
tique des autres membres de la famille, convaincus de l’inévitable
défaite de Napoléon. Puis c’est Médard, le futur héros du drame, qui,
arant de joindre le corps de volontaires ou il s’est enrölé, a vonlu
dire adieu à sa mére ctà sa scur. D’autres figures encore entrent et
sortent, des voisins, des employés de la librairie, chacun commen¬
tant àsa manière les graves événemens politiques du jour; et tout
ce premier tableau de la piéce nous apparait vraiment un modéle
d’exposition théätrale à la fois claire, rapide, colorée et vivante, ou a
la peinture des caractères particuliers de ses personnages l’auteur a
tres habilement entremélé celle des sentimens généranx de la popu¬
lation viennoise pendant l’émouvante période qu’il a entrepris de
ressusciter. Soudain la conversation des hôtes de Mue Klahr est inter¬
rompue par T’arrivée du comte de Valois, qui annonce à la mère
d’Agathe que ses parens ont enfin consenti à autoriser sa mésalliance;
mais quelques mots échanges à mi-voix entre Agathe et lui nous
révelent qu'il a simplement imaginé ce mensonge pour avoir accès
aupres de son amie, avec laquelle il a résolu de s’enfnir des ce méme
soir, — sans que, dailleurs, les paroles des deux jeures gens nous per¬
mettent de deviner l'usage qwiils comptent faire eng uite de leur liberté.
Second tableau. Ce méme soir, Médard est zitablé avec ses nou¬
venux compagnons dans un cabarct de faubourg, au bord du Danube.
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REVUE DES DEUX MONDES.
sente ou passée du reste du monde; et nous-mémes, sans doute,
serions aujourd'hui tout prêts à applaudir une piece qui nous mon¬
trerait le grand Frédéric s’alliant avec le tsar lvan le Terrible pour
abattre la puissance de Napoléon.
Nous voici donc à Vienne, au début de la campagne de 1809; et
le premier tableau du proloque nous introduit dans l’appartement
d’une veuve, Mue Klahr, qui dirige un petit commerce de librairie, en
attendant de pouvoir le transmettre à son fils Médard lorsque celui¬
ci aura fini de remplir ses devoirs de soldat. L’excellente femme a
aussi une fille, Agathe, dont nous apprenons bientôt qu'elle s’est
gagné le cceur de l'unique fils du duc de Valois, mais que sa mére
lui a défendu de revoir ce prince jusqu'au jour ou celui-ci, suivant
sa promesse, aura décidé ses nobles parens à venir officiellement
demander pour lui la main de la jeune fille. Nous entendons Agathe
s’entretenir de ses réves et de son chagrin avec une amie, Anna
Berger, qui de son côté est passionnément éprise du beau Médard; et
nous faisons aussi connaissance avec Mue Klahr elle-méme ainsi
qu'avec son frère, le maitre-sellier Eschenbacher, dont la froide et
méfiante sagesse bourgeoise contraste avec l’enthousiasme patrio¬
tique des autres membres de la famille, convaincus de l’inévitable
défaite de Napoléon. Puis c’est Médard, le futur héros du drame, qui,
arant de joindre le corps de volontaires ou il s’est enrölé, a vonlu
dire adieu à sa mére ctà sa scur. D’autres figures encore entrent et
sortent, des voisins, des employés de la librairie, chacun commen¬
tant àsa manière les graves événemens politiques du jour; et tout
ce premier tableau de la piéce nous apparait vraiment un modéle
d’exposition théätrale à la fois claire, rapide, colorée et vivante, ou a
la peinture des caractères particuliers de ses personnages l’auteur a
tres habilement entremélé celle des sentimens généranx de la popu¬
lation viennoise pendant l’émouvante période qu’il a entrepris de
ressusciter. Soudain la conversation des hôtes de Mue Klahr est inter¬
rompue par T’arrivée du comte de Valois, qui annonce à la mère
d’Agathe que ses parens ont enfin consenti à autoriser sa mésalliance;
mais quelques mots échanges à mi-voix entre Agathe et lui nous
révelent qu'il a simplement imaginé ce mensonge pour avoir accès
aupres de son amie, avec laquelle il a résolu de s’enfnir des ce méme
soir, — sans que, dailleurs, les paroles des deux jeures gens nous per¬
mettent de deviner l'usage qwiils comptent faire eng uite de leur liberté.
Second tableau. Ce méme soir, Médard est zitablé avec ses nou¬
venux compagnons dans un cabarct de faubourg, au bord du Danube.
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