II, Theaterstücke 16, (Lebendige Stunden. Vier Einakter, 3), Die letzten Masken (Der sterbende Journalist), Seite 28

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16.3. Die letztennasken
la meilleure société de Londres; ils consi-trop vaguement, laissent notre curiosité insa¬
FEUILLETON DU Temps
dèrent comme une bonne fortune la pré- tisfaite. Une certaine gräce mélancolique flotte
Du 8 AvRP 1912
autour de ce drame, situé à mi-chemin de la
sence de cette sémillante Française; car
réalité et de la fiction dans la région indétermi¬
Mioche est aimable: le mal qu'elle endure
née du romanesque. Il est fort bien joué par
n’altère pas son enjouement; au contraire il
M. Becman, par M. Roger Vincent, par Mlle
surexcite sa gaieté, il exaspère son désir de
OfkOAICOL AHEATKAHE
Ellen Andrée. Mlle Polaire verse dans le per¬
vivre. La connaissance est bientôt faite. On rit,
sonnage de Mioche tout ce qu'il y a en elle
on flirte un brin; on s’amuse. L’humeur ga¬
d’ardeur, de sincérité, et de soif de perfection.
mine de T’actrice se divertit aux dépens de la
VAupEvILLE: Mioche, 3 äctes de M. Pierre Berton.
Mais elle ne possede pas ce don de l’émotion
vénérable et arrogante épouse du pasteur Cor¬
— On nait esclave, 3 actes de MM. Tristan Ber¬
communicative qui fait que sans qu’il sache
bett. Une secrête sympathie la rapproche d’un
nard et Jean Schlumberger.
pourquoi, le spectateur sent son cceur près de
de ses nouveaux amis, le duc George Seagrave.
L’(Euvar: Les Derniers masques, 1 acte de
fondre, ses larmes pres de couler. Mlle Polaire
Mioche est en train de devenir amoureuse.
M.. Schnitzler. — Ariane blessée, 3 actes de
donne l’impression d’ètre plus intelligente et
Pour la dernière fois, son ccur va parler. Le
M. Maurice Allou.
originale que sensible. II semble qu’elle soit
duc ne se doute guère du sentiment qu'il ins¬
incapable d’exprimer des choses simples. Elle
pire. Prévenu par le médecin de l’état déses¬
M. Pierre Berton appartient à une généra¬
n'a pas la voix mouillée #.
péré de la. pauvre fille (elle n’existera plus de¬
tion qui subissait l’empreinte encore proche et
main), il lui cede sa cabine, l’v installe, l’en¬
vivante du romantisme. Acteur, il interpréta
Nous n'avons pas une seule grande pièce sur
toure de soins attentifs et délicats; elle se
avec feu la Dame aug camélias et quelques-uns
les domestiques. Molière campe, il est vrai, au
méprend sur le caractère de cette sollici¬
des drames les plus violents de Victorien Sar¬
premier plan, ses valets et ses suivantes. Mas¬
tude, ne s’aperçoit pas qu’elle est due à la
dou; nous nous rappelons les vibrations de sa
carille, Scapin mènent tambour battant l’intri¬
pitié plutôt qu'à la tendresse. Seagrave veut
diction véhémente et martelée, la tension de
gue de l’Etourdi et des Fourberies. Dorine unit
adoucir la fin de l’infortunée et aussi rame¬
ses nerfs, la frénésie de son jeu. Auteur, il
Marianne et Valère; Toinette fait enrager le
ner à Dien l’äme de cette inconsciente etinoffen¬
écrivit Zaza, pièce attachante et gaie, habile¬
bonhomme Argan.Le Dubois de Marivaux con¬
sive pécheresse. II requiert vainement l’assis¬
ment composée, très scénique, empreinte de
duit par des moyens savants son jeune maitre
tance du vindicatif Corbett; sur son refus, il se
cette vérité théátrale qui n’est pas la vérité hu¬
au mariage. Figaro prépare la Révolution fran¬
charge lui-méme du divin office; il ouvre la
maine, mais en donne T’illusion au public su¬
çaise. De nos jours, il n’est pas un vaudeville
Bible. et tandis qu'il murmure une prière, la
perficiel. M. Berton recherche les contrastes; il
ou ne défile le minois de l’élégante femme de
malade s’éteint. Elle meurt en beauté, les
use del’antithèse; il se plait à peindre les mise¬
chambre — future cocotte — et de la petite
mains jointes, sans un hoquet, sans un räle,
res que dissimule l’apparence du bonheur. Sa
bonne à tout faire. Mme de Girardin a peint
dans une nobie attitude. C’est une d mort de
sensibilité tourne assez aisément à la sensible¬
sous les traits du vienx Noöl la fidélité.
théätre n idéalisée, un peu etruquée v, arran¬
rie. L’agonie de la Mimi de Murger quittant ce
Sans ceux de M. Vatel, Augier et Sandeau
gée de façon à n’offrir qu'une édifiante et tou¬
monde au moment ou, après de longues épreu¬
ont symbolysé la majesté de l'# artiste culi¬
chante image. Et tout cela, assurément, est
ves, elle se croit aimée, lui paraft étre le comble
nairen, gonflé de son importance et fier
artificiel. Mioche aime comme on aime dans les
du pathétique. Mioche est une autre Mimi.
de son nom. Assez souvent nos humoristes
romances, en avril quand éclosent les lilas, et
Montmartróise d’origine, née du peuple, petite
et particulièrement M. Max Maurey —
en automne quand les feuilles tombent; une
ouvrière fleuriste, douée d’une figure et d’une
ont raillé la friponnerie des chauffeurs qui
semaine detraversée suffit pour que commence
taille agréables, elle a songé naturellement à
poussent à la dépense, l'avidité des cuisinières
et s’achève cette évolution sentimentale. Etjene
se faire comédienne. Des amis l’ont poussée
expertes à faire danser l’anse dupanier. Maisce
dis pas qu'ellesoit inadmissible. Maisencoreeüt-
vers les tréteaux d’un beuglant; jls T’ont bapti¬
ne'sontlà qu’épigrammes légères etquesfigures
ilfallu l'analyser avec un peu plus de finesse et
sée d’un nom e distingué „, Rose d’Arcy, puis
épisodiques, vues d’un peu haut, du dehorstet
de précision, expliquer ce qu’éprouve l’héroine,
d’un nom plus familier, plus gentil, Mioche.
non du dedans. Nul auteur n’arobsenvé attenti¬
Ice qu'elle espère, et pareillement mienx éclai¬
& C’est comme qui dirait une gosse, un lardon,
vement les meurs de la domesticité et##’en a
rer la psychologie de Seagrave, élucider les
quelque chose de rigolo qui ne tient pas en
tiré la matière d’une étude spéciale. Les Son¬
mouvements qui se succèdent en lui. Cette pas¬
place, qui n’a pas d’importance. Pour un bout
nettes de Meilhac et Halévy, En visite de Henri
sion subite a lieu de le surprendre. Dans quelle
de femme comme moi, c’était bien ce qu'il
Lavedan sont de spirituelles esquisses. Dans
mesure etde quelle manière en est-il remué? Età
fallait, ne trouvez-vous pas?: Mioche a chanté
la heute, voilà presque quinze ans, M.Abel
quels scrupules obéit-il? Qui est-il en somme?
la chansonnette en province, à l’étranger, dans
Hermant ayant reproduit au naturel sur lä
Un piétiste? Un puritain? Un apôtrc? Ou tout
les colonies. Dévorée par la phtisie, à bout de
scène les propos des laquais et des cochers de
bonnement un gentleman esclave du cant, sou¬
forces, impatiente de regagner Paris, de revoir
la chaute y, ce tableau déchaina un effroyable
cieux des convenances, respectueux des tradi¬
la Butte natale, elle s’embarque en rade de Sin¬
tumulte, éveilla les susceptibilité du prince de
gapour, à bord d’un paquebot anglais. Elleytions? Ainsi, beaucoup d’interrogations, aux¬
rencontre de jeunes officiers, appartenant àquelles M. Berton ne repond pas, ou répond Sagan et donnalieu à unduelquipassionna toüt