11. Reigen
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B
C’est pourquoi La Ronde n’a point celte
porlée philosophique qu'on lui a gené¬
reusement attribuce. C’est surtout un do¬
cumentaire sur l’amour, un des premiers
en dale et d’une extrème hardiesse pour
son époque. Mais depuis, il a été si s. a¬
vent imité qu’il ne nous étonne plus.
Les dix scènes de La Ronde se ressem¬
blent quant au sujet. Elles sont faites pour!
nous montrer les déceptions qn'entraine
Tamour charnel et cc sillage de tristesse
qu’il laisse dans l’äme humaine. L’obser¬
vation n’est pas neuve. Elle tient mème
en quatre mots latins. Les scènes qui for¬
ment la première parlie du spectacle ne
sont que l’illustration d’une formule bien
ments de la vie du couple.
Les personnages de ces aventures suc¬
cessives sont des personnages-types. IIs
s’appellent le Soldat et la Fille, le Jeune
Homme et la Femme de Chambre, le Mari
et la Jeune Femme, l’Homme de Lettres et
Ie Midinette, etc. Ce sont des échantillons
des diverses calégories sociales. Ce pro¬
cedé, qui était sans doute nouveau au mo¬
ment on la pièce fut eréée, a depuis été
utilisé très souvent. Ces créatures dépour¬
vues d’identité font une étrange figure)
dans une pièce naturaliste. Leur carac¬
tère symbolique s’accommode mal des
propos authenliques que l’auteur met dans
leur bouche. L’usage de la parole esl né¬
faste aux symholes.
Si les premières scènes ne sont que d’un.
intérêt médiocre en dépit, ou à cause de
leur accent véridique, les suivantes sont
par contre excen#tes. Les scènes entre
le mari et l’épouse, l’homme de lettres et
la midinette, le comte et T’actrice, mon¬
trent le veritable talent de Schnitzler.
C’est qu’ici il ne se contente plus d’étre
P’adaptateur des choses de la vie. Ses per¬
sonnages cessent d’étre conformes à leurs
modéles, Ils oublient qu’ils ont été e pris
sur le vif; et retrouvent leur liberté.
La vie renait dans la piéce à l’instant
on l’auteur n’a plus pensé à elle.
Mme Ludmilla Pitoëff nous montre la
& Femme s scus ses diverses incarnations.
II serait vain de lui demander d’être Mme
Frégoli et de ne jamais se ressembler. II
suffit qu'elle soit humaine dans ses diffé¬
rentes apparitions. Elie l’est dans le meil¬
leur sens du mot. Elle a trouvé à chaque
scène un partenaire digne d’elle avech
MM. Pitoëff, Geno-Ferny et Louis Salon
qui ont été excellents. Les décors sont
charmants et la mise en scène tres heu¬
reuse. En somme, une soirée d’un intérêt
véritable.
700
AU THEATRE DES ARTS : * La legon
d’Amour dans un parc 2, piéce adaptée
du roman de René Boylesve, par MM. A.
Birabeau et de La Batut.
Le charmant roman de Boylesve est fait
Jui aussi pour nous montrer que l’amour
a besoin du réve pour vivre. Mais la leçont
ici est faite sur le ton du badinage. C’est
de la philosophie souriante. S’instruire de¬
vient un plaisir.
MM. Birabeau et de La Batut ont adop¬
té ce roman célehre avec beaucoup d’a¬
dresse et un souei constant de ne pas
trahir l’auteur. Cela ne veut pas dire que
leur comédie nous restitue parfaitement
Tatmosphère du livre. Le parfum que ce¬
Jui-ci dégage était bien difficile de fixer.
II s’atténue un pen aux feux de la rampe,
d’autant que l’interprétation, en étant
fort honnéte, reste un peu en grisaille. Et
le gris n’est peut-étre pas couleur idéale
pour une leçon d’amour.
James de Coquet.
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B
C’est pourquoi La Ronde n’a point celte
porlée philosophique qu'on lui a gené¬
reusement attribuce. C’est surtout un do¬
cumentaire sur l’amour, un des premiers
en dale et d’une extrème hardiesse pour
son époque. Mais depuis, il a été si s. a¬
vent imité qu’il ne nous étonne plus.
Les dix scènes de La Ronde se ressem¬
blent quant au sujet. Elles sont faites pour!
nous montrer les déceptions qn'entraine
Tamour charnel et cc sillage de tristesse
qu’il laisse dans l’äme humaine. L’obser¬
vation n’est pas neuve. Elle tient mème
en quatre mots latins. Les scènes qui for¬
ment la première parlie du spectacle ne
sont que l’illustration d’une formule bien
ments de la vie du couple.
Les personnages de ces aventures suc¬
cessives sont des personnages-types. IIs
s’appellent le Soldat et la Fille, le Jeune
Homme et la Femme de Chambre, le Mari
et la Jeune Femme, l’Homme de Lettres et
Ie Midinette, etc. Ce sont des échantillons
des diverses calégories sociales. Ce pro¬
cedé, qui était sans doute nouveau au mo¬
ment on la pièce fut eréée, a depuis été
utilisé très souvent. Ces créatures dépour¬
vues d’identité font une étrange figure)
dans une pièce naturaliste. Leur carac¬
tère symbolique s’accommode mal des
propos authenliques que l’auteur met dans
leur bouche. L’usage de la parole esl né¬
faste aux symholes.
Si les premières scènes ne sont que d’un.
intérêt médiocre en dépit, ou à cause de
leur accent véridique, les suivantes sont
par contre excen#tes. Les scènes entre
le mari et l’épouse, l’homme de lettres et
la midinette, le comte et T’actrice, mon¬
trent le veritable talent de Schnitzler.
C’est qu’ici il ne se contente plus d’étre
P’adaptateur des choses de la vie. Ses per¬
sonnages cessent d’étre conformes à leurs
modéles, Ils oublient qu’ils ont été e pris
sur le vif; et retrouvent leur liberté.
La vie renait dans la piéce à l’instant
on l’auteur n’a plus pensé à elle.
Mme Ludmilla Pitoëff nous montre la
& Femme s scus ses diverses incarnations.
II serait vain de lui demander d’être Mme
Frégoli et de ne jamais se ressembler. II
suffit qu'elle soit humaine dans ses diffé¬
rentes apparitions. Elie l’est dans le meil¬
leur sens du mot. Elle a trouvé à chaque
scène un partenaire digne d’elle avech
MM. Pitoëff, Geno-Ferny et Louis Salon
qui ont été excellents. Les décors sont
charmants et la mise en scène tres heu¬
reuse. En somme, une soirée d’un intérêt
véritable.
700
AU THEATRE DES ARTS : * La legon
d’Amour dans un parc 2, piéce adaptée
du roman de René Boylesve, par MM. A.
Birabeau et de La Batut.
Le charmant roman de Boylesve est fait
Jui aussi pour nous montrer que l’amour
a besoin du réve pour vivre. Mais la leçont
ici est faite sur le ton du badinage. C’est
de la philosophie souriante. S’instruire de¬
vient un plaisir.
MM. Birabeau et de La Batut ont adop¬
té ce roman célehre avec beaucoup d’a¬
dresse et un souei constant de ne pas
trahir l’auteur. Cela ne veut pas dire que
leur comédie nous restitue parfaitement
Tatmosphère du livre. Le parfum que ce¬
Jui-ci dégage était bien difficile de fixer.
II s’atténue un pen aux feux de la rampe,
d’autant que l’interprétation, en étant
fort honnéte, reste un peu en grisaille. Et
le gris n’est peut-étre pas couleur idéale
pour une leçon d’amour.
James de Coquet.