II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 31

11. Reigen
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PREMIERE PARISIENNE

La Ronde au Théätre de l’Avenue
sai de représentation il y a de cela quel¬
Je ne sais qui touchera les droits de
ques années à la Licorne? Eh bien, cette
reproduction des pieces que l’on joue en
ce moment, mais ils serant abondants.
piece a les défauts de construction du
genre naturaliste, elle nous donne dix
Chacune compte, en effet, un ou plu¬
tranches de vie. elle pourrait tout aussi
sieurs accouplements et celle que l’on
bien nous en donner cent ou mille.
nous donna hier soir, de l'Allemand Ar¬
thur Schnitsler,comporte un acte..
Mieux encore, il s’agit de nous montrer
sexuel par scène, et il yen a dix! C’est
que. dans tous les milieux, les rapports
Mme Pitoéff qui supporte brillamment
de l'homme et de la femme sont identi¬
#tous ces assauts sous des visages diffé¬
ques lorsqu'il s’agit de désir sexuel et
rents et jamais l’intelligente artiste ne
que c’est tout au plus si I'hypocrisie croit
remporta un pareil succès triomphal de
avec le rang social. Evidemment, de là
composition.
une uniformité voulue de toutes les scé¬
Ajoutez à cela l'heureuse traduction
nes qui présentait un réel danger. Le
de Suzanne Clauser, Remon et Bauer,
danger Schnitzler l’a écarté en partie
une mise en scène de Pitoëff ultra mo¬
gräce à son prodigieux talent dobserva¬
derne pleine de couleur et d’originalité,
teur et à la valeur synthétique des répli¬
et vous comprendrez avec quel brio le
ques choisies et puisées dans la vie.
Théätre de l'Avenue est arrivé à repré¬
II ya des scènes qui s’élévent tres au¬
senter une piéce réputée injouable de¬
dessus du simple tableau: celle de
puis la fin du siècie dernier.
l’adultère entre Alfred et Emma, celle
Car La Ronde date du beau temps du
surtout de la femme et de son mari,
naturalisme et elle était tres en avance
pleine de dessous et de visées sociales
sur l’époque autant par ses hardiesses
lointaines. L’auteur dramatique fournit
que par sa conception scènique. Durant
également deux scènes qui valent une
dix scènes successives, nous assistons, en
piece tout entière.
effet, au méme thème développé symé¬
Pour nous résumer, les défauts de
triquement: un homme rencontre une
l’ouvrage sont des défauts d’époque et
femme, la possede dans la coulisse et ui
ses qualités sont de tous les temps. On
s’en soucie plus son désir satisfait, ie.
ira voir cette pièce par curiosité, un
personnages changent mais l’action est
peu comme on alla voir Maja, mais on
identique.
sera surpris de ne rien trouver de mal¬
C’est d’abord la pierreuse Léocadie qul
sain m de bassement érotique dans cet
sur un pont du Danube, arréte un sol¬
ouvrage ou. seule, la grande voix de la
dat et, pour son plaisir, l’entraine gra¬
nature se fait entendre d’angoissante
tuitement sur un banc volsin; l’autre
Tagon.
ensuite la laisse tomber.,, fort heureuse¬
G. de Pawlowki
ment à côté du Danube. Puis c’est la pe¬
tite. Marie téchappée an répertoire „de
Saint-Georges de Bouhélier) qui vient
se faire violer dans la cave du dancing
par un matelot; le jeune homme qui
convolte la femma de chambre qui ne#
demande pas mieux; le jeune homme
qui attend chez lui la femme mariée, quf
la rate, la reprend et ne cache pas sa
Joie orgueilleuse d’avoir eu pour mai¬
tresse & une femme du monde 2. Puis
ce sera le mari qui convolte sa femme
comme maitresse et la femme qui con¬
volte le plaisir qu'elle ne connait pas.
Nous retrouverons, dans un cabinet par¬
ticulier, le mari qui a entrainé là une
petite midinette, l’enivre, en profite et
ne croit pas à ses bons sentiments. Puis
ce sera le fameux auteur dramatique qui
couche à la campagne avec sa petite
amie. Sancta simplicitas;! car la pau¬
vre ne connaft pas son pseudonyme cé¬
lebre de Bibitz et éclate de rire quand il
en parle, II est vrai qu’au tableau sui¬
vant, le célebre Bibitz sera en partie
fine avec la grande actrice qui se moque
de ses prétentions et de son prétendu
talent. Cette mème grande actrice joue¬
ra dans un décor surréaliste la grande
scène de passion à un comte autrichien
en uniforme, dindon prétentieux qui se
laisse prendre au piége littéraire et se
croit philosophe 1. Ce sera enfin, à la
dixieme scène, la pierreuse qui a ramené
chez elle un homme ivre qui se réveille
et qui ne se souvient méme plus d’avoir
été l'amant de la fille la veille au soir.
Puis le décor se raccorde avec celut du
premier tableau, la vie continue identi¬
que en cercle: c’est la ronde, nous dit
Schnitzler; c’est quelque chose, pen¬
sons-Hous, comme la Danse des morts
qui hante toujours un-verveau allemand
des quil s’agit d’amour,
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Cette piéce, ie vous lai dit, est mer¬
veilleusement jouée par Ludmilla Pi¬
toëff qui a su. se transformer avec une
souplesse d’observation, incomparable ;
c’est uns vraie pierreuse, une gaie fem¬
me de chambre coquette, une femme
adultère ridicule, une femme fidéle plei¬
ne de dessous, clest une petite arpéte
sincère et gaie une actrice réaliste et!
désabusée avec les gens de son milieu
et qui joue merveilleusement la comé¬
die lorsqu'il s’aßiti del prendre le riche
dindon dans sa nasse. II faut citer éga¬
lement Pitoéff qui spue de röle du comte,
Louis Salou, qui est un hilarant auteur
dramatique, et Geno-Ferny, d’une vérité
criante dans le röle grandiloquent et
prétentleux du mari.
Mais la piéce, me direz-vous? Que
vaut cette cauvre de Schnitzler. dont on
nous parlait depuis si longtemps et dont
nous ne connaissions qu'un timide es¬