II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 44

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11. Reigen
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BRUXELLES
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Les Premières à Paris
AU THEATRE DE LAVENUE
LA RONDE
Dir tableaug d’A.Schnitsler
L’écrivain autrichlen Schnitzler qui
mourut l’an dernier, est assez peu connu
en France et c’est assez dommage. Mais
le temps a travalllé contre lut. Ce roman¬
tique attardé ne trouverait plus ici, au¬
jourd'hui un public capable de goüter
cette espéce de poésie de la désillusion
qui fait le charme et le prix des drames,
des comédies et des romans d’Arthur
Schnitzler.
La Ronde , est un ouvrage de jeu¬
nesse, mais déjà la tournure d’esprit mé¬
lancolique de l’écrivain s’y manifeste
pleinement. On y voit, en une série de
tableaux, mis en scène avec une habile¬
té, avec une variété d’imagination prodi¬
gleuse par ie grand artiste qu'est Geor¬
ges Pitoeff, comment l'homme et la fem¬
me naturels se comportent dans l’amour
Le désir, qui poétise, et la satisfaction
qui désabuse, se manifestent par les
mèmes paroles chez les dix couples qui
nous sont présentés, qu'ils soient d’extrac¬
tion populaire, bourgeoise ou aristocra¬
tique du matelot au comte, en passant
par l’étudiant, le poête, l’oisif, l’homme
daffaires, I'homme se révéle identique à
Jui-mème, délirant d’enthousiasme et
d’adoration quand il est sous l’empire du
désir amoureux, ingrat, brutal, indiffé¬
rent et cruel des qu’il a obtenu tout ce
qulil sonhaitait.
La poésie douce-amère de ce petit ou¬
vrage tendre et féroce ne sera peut-être
pas sentie avec acuité par le public con¬
temporain. Nous sommes devenus des
réalistes. Nous concevons l’amour plus
simplement et plus fortement et nous
savons mienx échapper à la sorcellerie
des illusions, nées de l’imagination litté¬
raire. & La Ronde g a fait rire. Cest déjà
quelque chose. Il eut d’ailleurs été dom¬
mage qu'elle ennuyät, car Mme Pittoeff a
joué les dix röles de femmes avec une
virtuosité et une intelligence qui sopt
vraiment Tart suprème.
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AU THEATRE DE LAVENUE
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les petites rues équivoques, et qui traver¬
Mise en sdene
sent, plus tard, les avenues des grandes
villes. On y trouve un soldat — métamor¬
et decors
phosé en marin pour qu’on puisse jouer
Les Gars de la Marine — une fille, un
homme de lettres, une femme de chambre.
de Georges G.lost!
un étudiant, une midinette, un comte, une
actrice..
C’est une pièce qui commence la nuit
C’est une des meilleures cuvres de jeu¬
sur un talus, au bord du Danube, et qui
sse d’Arthur Schnitzler — l’excellent
finit à l’aube, dans un grenier. C’est, du
amaturge viennois mort l’an dernier —
reste, un spectacle omnibus: dix tableaux,
ie la compagnie Pitoéff vient de repren¬
dix dialogues, dix couples. On fait dix fois
e à l’Avenue.
T’amour — presque apparemment — avec
Chaque création de M. Georges Pitoëff
Mme Pitoëff. Cette actrice est véritable¬
brite une attention particulière. Ce qu’il
ment prodigieuse; elle est toutes les fem¬
nte est toujours difficile, souvent coura¬
mes, elle chante faux avec une sérénité
ux; et s’il se trompe — ce qui est mal- absolue, elle danse la biguine, elle ressem¬
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Les Pitoöff dans & La Ronde y, au Théätre de I’Avenue.
neureusement le cas — il le fait du moins, ble successivement à Margot Lion, Maud
avec sincérité.
Lotv, Mistinguett, Cécile Sorel, et elle res¬
La Ronde n’a été jouée qu'une seule fois
te Ludmilla Pitoëff! II faudrait que La
en France par un groupe d’avant-garde,
Ronde comporte cing stations de plus,
La Licorne. Antoine trouvait cette ceuvre
pour voir... Mais nous manquerions notre
remarquable, mais presque impossible à
dernier métro.
interpréter convenablement.
La Ronde n’est pas, comme Maya, Dé¬
Malgré l’avis de ceux qui savent tout,
parts. Chambre d’Hôtel, du théätre d’éva¬
il semble hien qu’il en soit ainsi. La Ronde
sion; Pitoëff l’a certainement compris;
est une piéce à la fois trop vieille et trop
malgré tout,
a essayé ce mélange
jeune. Trop hardie pour l’époque ou elle
épouvantable de naturalisme et d’accor¬
fut écrite: 1887, elle pourrait être au¬
déon.
jourd'hui un témoignage infiniment pré¬
Prisonnier d’un dialogue sec, monotone
cieux, un peu trouble, sur la fin d’un
et dont l’ironie ne supporte aucun artifice
théätre purement romantique. Quand on
scénique, Pitoéff a travaillé pour ne rien
réfléchit, il semble que la Ronde marque
Létruire, II n’a pas réussi. Les paroles des
la fin du fantastique poétique et l’avéne¬
acteurs s’arrétaient devant les décors d’un
ment du fantastique sccial.
Gaston Baty en toc. Elles ne pouvaient al¬
[es persennages de la piéce de Schnitz¬
ler plus loin, et ni Les Gars de la Marine
jer sont bons conducteurs de toutes les
ni la Bigume, ni la musique de Kurt Weill
puissançes—-indönnues qui naissent dans
n’allaient plus loin qu’elles.
Ce pot-pourri devient d’ailleurs rapide¬
ment exasperant et plonge le spectateur
dans l’ahurissement le plus complet ou
dans une fureur froide selon l’influence
qufont sur lui les bignines martiniquaises.
Pendant ce temps, la ronde continue.