II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 45

11. Reigen
box 1972
Cest une des meilleures cuvres de jeu-Isur un talus, an bord du Danube et qui
sse d’Arthur Schnitzler — l’excellent
finit à Taube, dans un grenier. C’est, du
amaturge viennois mort l’an dernier —
reste, un spectacle omnibus: dix tableaux,
ie la compagnie Pitoéff vient de repren¬
dix dialogues, dix couples. On fait dix fois
e à l’Avenue.
Tameur — presque apparemment — avec
Chaque création de M. Georges Pitoöff
Mme Pitoöff. Cette actrice est véritable¬
brite une attention particulière. Ce qu’il
ment prodigieuse; elle est toutes les fem¬
nte est toujours difficile, souvent coura¬
mes, elle chante faux avec une sérénité
ux; et s’il se trompe — ce qui est mal-absolue, elle danse la biguine, elle ressem¬

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Les Pitoöff dans & La Ronde n. au Théätro de I'Avenue.
neureusement le cas — il le fait du moins, ble successivement à Margot Lion, Maud
avec sincérité.
Lotv, Mistinguett, Cécile Sorel, et elle res¬
La Ronde n’a été jouée qu'une seule fois
te Ludmilla Pitoëff! II faudrait que La
en France par un groupe d’avant-garde,
Ronde comporte cing stations de plus,
La Licorne. Antoine trouvait cette cuvre
pour voir... Mais nous manquerions notre
remarquable, mais presque impossible à
dernier métro.
interpréter convenablement.
La Ronde n’est pas, comme Maya, Dé¬
Malgré l’avis de ceux qui savent tout,
parts. Chombre d’Hôtel, du théätre d’éva¬
il semble hien qu’il en soit ainsi. La Ronde
sion; Pitoëff l’a certainement compris;
est une pièce à la fois tron vieille et trop
malgré tout, il a essayé ce mélange
jeune. Trop hardie pour l’époque ou elle
épouvantable de naturalisme et d’accor¬
fut écrite: 1887, elle pourrait être au¬
déon.
jourd'hui un témoignage infiniment pré¬
Prisonnier d’un dialogue sec, monotone
cieux, un peu trouble, sur la fin d'’un
et dont l’ironie ne supporte aucun artifice
théätre purement romantique. Quand on
scénique, Pitoéff a travaillé pour ne rien
rifléchit, il semble que la Ronde marque
Létruire. II n’a pas réussi. Les paroles des
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fin du fantastique poétique et l’avene¬
acteurs s’arrétaient devant les décors d’un
ment du fantastique sccial.
Gaston Baty en toc. Elles ne pouvaient al¬
[es personnages de la piéce de Schnitz¬
ler plus loin, et ni Les Gars de la Marine
jéer sont bons çonducteurs de toutes les
Ini la Biquine, ni la musique de Kurt Weill
puissances—indönnues qui naissent dans
n'allaient plus loin qu'elles.
Ce pot-pourri devient d’ailleurs rapide¬
ment exaspérant et plonge le spectateur
dans l’ahurissement le plus complet ou
dans une fureur froide seion l’influence
qu'ont sur lui les biguines martiniquaises.
Pendant ce temps, la ronde continue.
Cette piéce est cependant remarquable¬
ment jouée par la compagnie Pitoéff, et les
röles masculins soutiennent avec intelli¬
gence le jeu de Ludmilla Pitoéff. M.
Geno-Ferny est certainement le meilleur
des hommes, si j’ose dire, de cette comédie
bü M. Georges Pitoéff apparait sur le
stard, un bonnet à poils sous le bras, II est
parfait et nous aurions aimé le voir g af¬
fronter 2 sa femme un peu plus souvent..
Nous avons dit ce que nous pensions de
Ila mise en scène et des décors de M. Pi¬
toöff. II est hon d’étudier la technique scé¬
nique de Moholy-Nagy, qui est un artiste
qu’on ne peut contrefaire, mème génia¬
Uement; il est bon de s’inspirer des écrans
Jumineux perfectionnés par ie studio d’a¬
vant-garde Art et Action. Mais il est très
mauvais de ficeler tout cela avec Beetho¬
ven, Johann Strauss, Fredo Gardoni, Lu¬
gienne Boyer, et — comme le programme
Findique — le g möme aux lunettes #..
Cette plaisanterie, ou plutôt ce prélude
à une saison nouvelle, pourrait coüter cher
à la compagnie Pitoëff, si elle parvient à
réconcilier une Tois pour toutes M. Geor¬
ges Pitoëff avec les avant-gardistes-d’ar¬
rière-train.
M.-I. S.