II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 107

N• DE DEEIT—
Ertrait de BRAVO

I. des Chauips. Ayeten 54 M¬
Date HOVEMBRE 1932
Sionalur
.—
LE
THEATRE
Ludmilla Pitoeff, l'admirable interprète de n La Ronde „,
d’Arthur Schnitzler au Théátre de I’Avenue. Stuato-Rüdölbk.
Deux spectacles de rentrée :
d La Fleur des Pols p et & Miracle à Verdun
ANs aucun doute, M. Bourdet sait ce que
ser son public déconcerté, réveur, mal à l’aise pour
lle#rtain que l’ombre de Marcel Proust röd
c’est que faire du théätre. II connait admi¬
savourer le club-sandwich d’aprés-théätre. II n’y
alentour de cette piéce. Cela en est genant. Totch
S rablement son métier. II le sait peut-étre
aura en somme, pour élever des objections, que les
— alias le duc d’Anche — est tres proche parent
mieux encore que M. Pagnol contre lequel,
critiques, gens grincheux, comme on sait, et qui
de M. de Charlus. Mais M. de Charlus et consorts
pourtant, il n’y a, sous ce rapport, rien à dire. On
ont la triste particularité de bouder contre leur
n’étaient tout de mème que quelques-uns et ne#
n’imagine pas que l’on puisse s’ennuyer une mi¬
plaisir.
criaient pas leur vice sur les toits; bien au con¬
nute à la représentation d’une piéce de M. Bour¬
Car il est indiscutable qu’on rit à la Fleur des
traire, le refoulement jouait en maintes circons
det. En quoi consiste sa technique, cette fameuse
Pois. Ce n’est qu’à la sortie qu’on se ressaisit et
tances. Il n’en est pas de mème ici: le constructenn
technique dramatique qui, pourtant, fait cinquante
qu'on se rend compte que tout de mème, cela n’est
d’automobiles Tavernier est encore plus étrangen
pour cent du succès d’une piéce, n'est point d’une
pas trés sérieux, ou l’est moins que voudrait nous
au milieu ou il s’est fourvoyé par son conformisme
définition aisée. Une certaine manière de régler les
le faire croire l'auteur. Les pieces de M. Bourdet,
sexuel que par son manque d’usage, et lorsque 1e
entrées et sorties des personnages, d’arrêter les
en effet, sont ou veulent être des comédies de
duc d’Anche prend une maitresse, c’est un boule¬
dialogues au moment précis ou il le faut, d’agiter et
mcurs, donc des satires d’un travers actuel et cou¬
versement plus considérable qu'une guerre euro¬
de grouper ses héros (c’est presque aussi difficile
rant. Vient de paraitre était bien cela. Féroce,
péenne. On voit mal pourquoi l’auteur s’est porté
et peut-être plus subtil que pour un metteur en
vraie, sous sa forme caricaturale, elle portait... On
à cet excés. Je doute que ce soit dans un autre but
scène, de manier les foules au cinema...) Ce n’est
ne pouvait déjá plus en dire autant du Jere Faible.
que de produire, avec le maximum de facilité, le
#rien et c’est énorme. Du dynamisme et de la com¬
Le défaut de cette dernière piece — c’est chez
maximum de cocasserie. IIy réussit, c’est certain.
position. J’avoue qu'il est assez reposant, à une
Emmanuel Berl, je crois, que j'ai trouvé cette re¬
Mais la piéce s’agite dans P’irréel. La Sodome de
époque ou la littérature comme le théätre ont mis
marque — était que les hommes s’y conduisent
Proust était angoissante, celle de M. Bourdet est
trop souvent leur point d’honneur à créer dans le#
rigoureusement comme se seraient conduites des
une Sodome de carton-päte. Rien ne va au delä
deséquilibre formel, de se trouver en face de
femmes — mutalis mutandis — en pareille occur¬
du rire spontanément déclenché. On me dira que
quelqu'un qui n’a pas perdu le souci de la compo¬
rence; et, de ce fait, tout était faussé. Qu’ily ait
ce rire seul, par le temps qui court, vaut le déran¬
sition. M. François Mauriac, quand il écrit un
des hommes soucieux d’un beau mariage, et des
gement. Et sur ce point je suis pleinement d’accord.
roman, compose. M. Bourdet, quand il fait une
mères qui les y poussent de toute leur énergie, ce
Tout de mème, c’est dommage. Car j'ai la cer¬
piece, compose aussi. II s’en tient à la coupe en
n’est pas douteux, mais il reste dans leur conduite
titude que si M. Bourdet appliquait les ressources
quatre actes, a peu près égaux, ne multiplie par les
quelque chose de masculin, qui la différencie de
de son talent et de son esprit qui sont l’un et l'au¬
tableaux, n’use pas du proscenium, ne fait pas
ce que serait la conduite d’une femme à la recher¬
tre considérables, à railler d’authentiques travers,
disparaitre certains personnages des la fin du pre¬
che des mémes avantages; tandis que M. Bourdet,
hgurés sous la forme qu'ils affectent réellement, i
mier acte, n’en suscite pas de nouveaux au dernier.
peut-etre pour obtenir plus aisément des effets
commettrait tout simplement des chefs d’cuvre
Cest une méthode, ce n’est pas la seule honorable,
comiques, a simplement renversé les röles. Le mé¬
Ca failli étre le cas avec Lient de paraitre qui
bien entendu, mais enfin, il se trouvera toujours,
me défaut se retrouve dans La Fleur deg Pois.
malheureusement, souffrait d’une inégalité d’inté¬
pour l’apprécier, certain public, et c’est fort bien.
L’auteur y peint le monde — un certain monde —
rêt entre les actes. Le Jere faible et La Fleur des
Aussi, je prédis à La Fleur des Pois un succès
comme un assemblage de gens ou l’inversion
Pois sont plus homogènes. On a écrit que les
honnête, facile, de hon aloi. D’autant plus que
sexuelle masculine est non seulement tolérée et
trois derniers actes de cette piéce étaient au-des¬
M. Bourdet a pris le bon moyen de plaire; c’est¬
admise, mais mème encouragée, et le goüt des
sous du premier, Je ne le crois pas. Je ne vois pas
à-dire de refaire du Bourdet. Foin de ces auteurs
femmes considéré comme une tare. Charlie Osbor¬
que la verve de M. Bourdet se soit ralentie nulle
inquiets, toujours à la recherche d’un autre eux¬
ne aime Hedwige — voilà le scandale, voila les
part. Mais au premier acte, la satire porte davan¬
memes ! II sait ce qu’on attend de lui, et s’ac¬
maurs contre nature. Notez que dans ce milieu —
tage sur l’esprit mondain que sur l’inversion mon¬
quitte correctement. Bien entendu, comme i
que l'auteur ne prétend nullement spécial — tout
daine, et, de ce fait, il parait moins outré, moins
arrive trop souvent en pareil cas, M. Bourdet
le monde est ainsi. La donnée peut être piquante,
faux. Du point de vuc purement scenique, il n'y a
n'améliore pas son genre. II laisse mème sentir que
génératrice de situations et de mots dröles; mais
pas de défaillance.
la veine d’ou il tire ses sujets s’épuise quelque peu.
elle nous semble d’une telle irréalité que la satire
Une excellente interprétation sert, comme tou¬
Mais cela à tout prendre vaut mieux que de lais¬
perd sa force. Un coup d’épée dans l’eau.
jours, l'auteur. Cest une banalité que de vanter le
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