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11. Reigen
talent de M. Victor Boucher, dans le röle de Ta¬
j'aie vues au théätre. Elle n’emprunte ses procédés
mente, dont l'’antimilitarisme mème est assez tem¬
vernier. Mais il faut mentionner tout spéciale¬
ni à Baty, ni à Dullin, ni aux Pitoéff, mais plutôt
péré; et qui ne me semble violente que dans son
ment la création du duc d’Anche, réalisée par
aux 6 Ballets Russes v. On a remarqué, en parti¬
anticléricalisme — aussi inutile qu'injuste. Cest
M. Saturnin Fabre. II n’est pas douteux que M. Sa¬
culier, le deuxième et le troisième tableaux, ou les
une chose qui depasse l’imagination que des esprits
turnin Fahre a lu et relu son Proust, au moins
présidents du Conseil français et allemand pronon¬
épris de paix et de progrès social, se complaisent
autant que M. Bourdet lui-mème, II s’est mis dans
cent chacun un discours à propos d’une commémo¬
encore à ces haines absurdes, héritées d’un jacobi¬
la peau de M. de Charlus. A sa première appari¬
ration des combats de Verdun; ils ne paraissent
nisme incompréhensif et périmé.
tion, le spectateur non initié, qui peut le croire
pas sur la scène, mais leur profil se silhouette en
Tavoue en tout cas avoir trouvé Miracle d Ver¬
chargé d’un röle épisodique crie à l’outrance. Par
ombre chinoise sur une toile ou une plume éper¬
dun assez tiede, compte tenu de ce que le nom de
la suite, il change d’avis. Un tel personnage ne
dument fantaisiste a deesiné la foule et la tribune.
4 Théätre d’Action International) nous avait fait
pouvait étre congu que caricaturalement. C’était la
On a plus admiré encore cette salle de conférence
pressentir. Elle n’a pas échappé entièrement au ris¬
seule façon de rendre vraisemblable cet être an
internationale qu’emplit une énorme table à tapis
que d’etre parfois déclamatoire; et les moins bon¬
prestige illimité, devant qui toute une société s’in¬
vert douée d’une inclinaison inquiétante et heu¬
nes scènes sont certainement — c’était fatal —
cline et qui, à la fin de la piéce, d lancen les fem¬
reusement symbolique. Les costumes dessinés avec
celles ou parlent les ressuscités. En revanche, elle
mes, les hommes l’ayant déqu, parce que tel est
une intelligence presque excessive — (ceux des
comporte parmi ses meilleurs tableaux, ceux trai¬
son hon plaisir.
ressuscités constituent une trouvaille macahre, mais
tés suivant un humour assez äpre, ou les présidents
surprenante) sont à l’unisson du décor.
*
du Conseil français, allemand et anglais — ce der¬
II se peut bien que, moins habilement présenté,
nier surtout — apprennent la résurrection des
On renonce à chercher une transition convena¬
le sujet de Miracle d Ferdun nous eut paru seule¬
morts; et celui de la conférence qui, toutefois, ent
ble pour passer de la Fleur des Pois à Miracle d
ment pénible. L’affabulation en est, on s’en doute,
gagné à étre quelque peu abrégé.
Ferdun, qui se joue au Théätre d’Action Inter¬
difficile à soutenir scéniquement; en outre, elle ne
On ne saurait trop louer les organisateurs d’avoir
national, dans l’ancienne salle des Bouffes-du-Nord.
conclut, à tout prendre. qu’à une banalité, II est
réussi une mise au point scrupuleuse, aussi bien en
Le choix de cette salle mème, comporte une har¬
evident que si les treize millions de morts de la
ce qui concerne la mise en scène — qui est de
diesse: il postule la ferveur d’un public prêt à
guerre revenaient à la surface de la terre, cela
M. Léon Moussinac — que l’interprétation de tout
emprunter d’interminables métros et des taxis dis¬
pourrait étre considéré par les vivants comme une
premier ordre (faut-il noter ce gardien de cime¬
pendieux pour aller porter ses applaudissements
catastrophe de première grandeur! On ne pourrait
tière d’une exactitude prodigieuse, si humain, si
à des ceuvres conformes à son idéologie. (Car il
mème pas en vouloir à ces derniers d’accueillir as¬
désabusé, à la fois méprisant et humble devant
va sans dire que, si pacifiste que soit le Théätre
sez fraichement ces importuns: que cette consi¬
les stupidités des visiteurs ?) Je suis extrémement
d’Action International, ce n’est pas à la Chapelle ou
dération soit, du point de vue d’une sentimenta¬
curieux de l'avenir du Théätre d’Action Interna¬
à Clignancourt qu’il recrutera son public). Quoi
lité sommaire, assez désolante, c’est possible; mais
tional, qui édite également une revue & T.A.l. ),
qu'il en soit, Miracle d Ferdun n’est point une
le fait, demeure et les circonstances matérielles
dont le premier numéro est du plus vif intérêt;
piéce banale, il s’agit de la résurrection de tous
interdisent qu'il en soit autrement... Les morts
je souhaite, je l’avoue, qu’il n’hésite pas devant
les morts de la Grande Guerre. Simplement.
rentreront dans leur tombe; c’est, hélas ! ce qu'ils
les sujets audacieux, voire agressifs, pourvu gu'il
Un sujet aussi épique, aussi formidable, devait,
ont de mienx à faire — et du reste, tout ceci n’était
sache se garder des partis-pris grossiers. Je sais
suivant toute probabilité précipiter la pièce dans
qu'un réve, un réve sans portée., La piéce insiste
que ce n’est point facile, et qu’en de telles matières,
le ridicule ou n’en faire qu'une série de déclama¬
beaucoup sur la fraternité involontaire, l’analogie
la passion est trop souvent gätée par T’esprit
tions. Hätons-nous de dire que ce n’est point arri¬
de nature et de destin des Allemands et des Fran¬
primaire. On ne saurait dire qus ce fut le cas
vé, et bien que Miracle d Ferdun soit plein d’iné¬
çais enterrés dans la fosse commune — ce qui est
pour Miracle à Ferdun — et cela est déjá une
galité, c’est une cuvre non seulement acceptable,
parfaitement humain, parfaitement louable, mais
note encourageante.
mais prenante. Peut-être le deit-elie surtout à la
point nouveau. Là, d’ailleurs, se bornent les tendan¬
mise en scène, qui est unc des plus réussies que
ces pacifistes de la piéce, qui n’est point véhé¬
Alain SERDAE
N• DE DEBIT. Se Aseeae eee-
EstrattdeSUISSE
GENEVE
Adresse
4 JANVER 1933
Date:
Stanature ummenn
Laposttiolt
LA COMEDIE, ce soir mercredi et
demain jeudi à 20 h. 35 (dernièrcs):
Gai! marions-nous! comédie en 3 ac¬
tes de M. et Mme Acremant, jouée
par Mmes Grumbach. Gaudy, Delby.
Nérane, Allasia, Jolyne, MM. Laval.
Guisol, Ouise, Dimeray, de Tramont,
Marville. Prix des places de Fr.
0.85 à 7.— (droit des pauvres com¬
pris).
— A partir du vendredi 6 Janvier:
Prime¬
quelques représentalions de
rose, de de Flers et Caillavet (spec¬
tacle redemandé). Prix ordinaire des
places de Fr. 0.85 à 6.— (droit des
pauvres compris). Location ouverte.
— Mercredi 11 janvier: une seule
représentation de la Compagnie Pi¬
toëff: Lo Ronde, de Schnitzler.
CASINO-THBATRE, tous les soirs
à 20 h. 30, 600.000 francs par mois,
actes et 5 tableanx de Monezy¬
Eon et J. Albert.
Musioue
11. Reigen
talent de M. Victor Boucher, dans le röle de Ta¬
j'aie vues au théätre. Elle n’emprunte ses procédés
mente, dont l'’antimilitarisme mème est assez tem¬
vernier. Mais il faut mentionner tout spéciale¬
ni à Baty, ni à Dullin, ni aux Pitoéff, mais plutôt
péré; et qui ne me semble violente que dans son
ment la création du duc d’Anche, réalisée par
aux 6 Ballets Russes v. On a remarqué, en parti¬
anticléricalisme — aussi inutile qu'injuste. Cest
M. Saturnin Fabre. II n’est pas douteux que M. Sa¬
culier, le deuxième et le troisième tableaux, ou les
une chose qui depasse l’imagination que des esprits
turnin Fahre a lu et relu son Proust, au moins
présidents du Conseil français et allemand pronon¬
épris de paix et de progrès social, se complaisent
autant que M. Bourdet lui-mème, II s’est mis dans
cent chacun un discours à propos d’une commémo¬
encore à ces haines absurdes, héritées d’un jacobi¬
la peau de M. de Charlus. A sa première appari¬
ration des combats de Verdun; ils ne paraissent
nisme incompréhensif et périmé.
tion, le spectateur non initié, qui peut le croire
pas sur la scène, mais leur profil se silhouette en
Tavoue en tout cas avoir trouvé Miracle d Ver¬
chargé d’un röle épisodique crie à l’outrance. Par
ombre chinoise sur une toile ou une plume éper¬
dun assez tiede, compte tenu de ce que le nom de
la suite, il change d’avis. Un tel personnage ne
dument fantaisiste a deesiné la foule et la tribune.
4 Théätre d’Action International) nous avait fait
pouvait étre congu que caricaturalement. C’était la
On a plus admiré encore cette salle de conférence
pressentir. Elle n’a pas échappé entièrement au ris¬
seule façon de rendre vraisemblable cet être an
internationale qu’emplit une énorme table à tapis
que d’etre parfois déclamatoire; et les moins bon¬
prestige illimité, devant qui toute une société s’in¬
vert douée d’une inclinaison inquiétante et heu¬
nes scènes sont certainement — c’était fatal —
cline et qui, à la fin de la piéce, d lancen les fem¬
reusement symbolique. Les costumes dessinés avec
celles ou parlent les ressuscités. En revanche, elle
mes, les hommes l’ayant déqu, parce que tel est
une intelligence presque excessive — (ceux des
comporte parmi ses meilleurs tableaux, ceux trai¬
son hon plaisir.
ressuscités constituent une trouvaille macahre, mais
tés suivant un humour assez äpre, ou les présidents
surprenante) sont à l’unisson du décor.
*
du Conseil français, allemand et anglais — ce der¬
II se peut bien que, moins habilement présenté,
nier surtout — apprennent la résurrection des
On renonce à chercher une transition convena¬
le sujet de Miracle d Ferdun nous eut paru seule¬
morts; et celui de la conférence qui, toutefois, ent
ble pour passer de la Fleur des Pois à Miracle d
ment pénible. L’affabulation en est, on s’en doute,
gagné à étre quelque peu abrégé.
Ferdun, qui se joue au Théätre d’Action Inter¬
difficile à soutenir scéniquement; en outre, elle ne
On ne saurait trop louer les organisateurs d’avoir
national, dans l’ancienne salle des Bouffes-du-Nord.
conclut, à tout prendre. qu’à une banalité, II est
réussi une mise au point scrupuleuse, aussi bien en
Le choix de cette salle mème, comporte une har¬
evident que si les treize millions de morts de la
ce qui concerne la mise en scène — qui est de
diesse: il postule la ferveur d’un public prêt à
guerre revenaient à la surface de la terre, cela
M. Léon Moussinac — que l’interprétation de tout
emprunter d’interminables métros et des taxis dis¬
pourrait étre considéré par les vivants comme une
premier ordre (faut-il noter ce gardien de cime¬
pendieux pour aller porter ses applaudissements
catastrophe de première grandeur! On ne pourrait
tière d’une exactitude prodigieuse, si humain, si
à des ceuvres conformes à son idéologie. (Car il
mème pas en vouloir à ces derniers d’accueillir as¬
désabusé, à la fois méprisant et humble devant
va sans dire que, si pacifiste que soit le Théätre
sez fraichement ces importuns: que cette consi¬
les stupidités des visiteurs ?) Je suis extrémement
d’Action International, ce n’est pas à la Chapelle ou
dération soit, du point de vue d’une sentimenta¬
curieux de l'avenir du Théätre d’Action Interna¬
à Clignancourt qu’il recrutera son public). Quoi
lité sommaire, assez désolante, c’est possible; mais
tional, qui édite également une revue & T.A.l. ),
qu'il en soit, Miracle d Ferdun n’est point une
le fait, demeure et les circonstances matérielles
dont le premier numéro est du plus vif intérêt;
piéce banale, il s’agit de la résurrection de tous
interdisent qu'il en soit autrement... Les morts
je souhaite, je l’avoue, qu’il n’hésite pas devant
les morts de la Grande Guerre. Simplement.
rentreront dans leur tombe; c’est, hélas ! ce qu'ils
les sujets audacieux, voire agressifs, pourvu gu'il
Un sujet aussi épique, aussi formidable, devait,
ont de mienx à faire — et du reste, tout ceci n’était
sache se garder des partis-pris grossiers. Je sais
suivant toute probabilité précipiter la pièce dans
qu'un réve, un réve sans portée., La piéce insiste
que ce n’est point facile, et qu’en de telles matières,
le ridicule ou n’en faire qu'une série de déclama¬
beaucoup sur la fraternité involontaire, l’analogie
la passion est trop souvent gätée par T’esprit
tions. Hätons-nous de dire que ce n’est point arri¬
de nature et de destin des Allemands et des Fran¬
primaire. On ne saurait dire qus ce fut le cas
vé, et bien que Miracle d Ferdun soit plein d’iné¬
çais enterrés dans la fosse commune — ce qui est
pour Miracle à Ferdun — et cela est déjá une
galité, c’est une cuvre non seulement acceptable,
parfaitement humain, parfaitement louable, mais
note encourageante.
mais prenante. Peut-être le deit-elie surtout à la
point nouveau. Là, d’ailleurs, se bornent les tendan¬
mise en scène, qui est unc des plus réussies que
ces pacifistes de la piéce, qui n’est point véhé¬
Alain SERDAE
N• DE DEBIT. Se Aseeae eee-
EstrattdeSUISSE
GENEVE
Adresse
4 JANVER 1933
Date:
Stanature ummenn
Laposttiolt
LA COMEDIE, ce soir mercredi et
demain jeudi à 20 h. 35 (dernièrcs):
Gai! marions-nous! comédie en 3 ac¬
tes de M. et Mme Acremant, jouée
par Mmes Grumbach. Gaudy, Delby.
Nérane, Allasia, Jolyne, MM. Laval.
Guisol, Ouise, Dimeray, de Tramont,
Marville. Prix des places de Fr.
0.85 à 7.— (droit des pauvres com¬
pris).
— A partir du vendredi 6 Janvier:
Prime¬
quelques représentalions de
rose, de de Flers et Caillavet (spec¬
tacle redemandé). Prix ordinaire des
places de Fr. 0.85 à 6.— (droit des
pauvres compris). Location ouverte.
— Mercredi 11 janvier: une seule
représentation de la Compagnie Pi¬
toëff: Lo Ronde, de Schnitzler.
CASINO-THBATRE, tous les soirs
à 20 h. 30, 600.000 francs par mois,
actes et 5 tableanx de Monezy¬
Eon et J. Albert.
Musioue