il nous avait accoutumé à plus de génie
dans ie choix et à plus d’invention dans
le jeu. On lui en veut d’autant plus d’a¬
voir trompé le public, qui l’a suivi cette
année encore sur la foi d’une réputation
que son activité d’antan lui avait méritée.
Ayant débuté chez nous, Pitoéff est im¬
pardonnable de n’avoir pas prévu qu'un
ouvrage comme la Ronde se heurterait
ici à la plus vive réaction et c’est se mo¬
quer que de choisir pour nous la présenter
précisément l’cuvre la plus propre à
nous déplaire.
La Ronde devait nous déplaire et nous
a déplu pour plusieurs raisons. D’abord
parce que c’est un ouvrage d’une rare
bassesse d’inspiration et d’un mauvais
goüt achevé. Ensuite parce que l’audition
en est d’un ennui souverain. Pour une di¬
zaine de répliques heureuses ou se re¬
trouvent la verve et l’intelligence d’un au¬
teur qui s’est une fois lourdement trompé
mais s’est amplement racheté depuis, il
faut subir trois heures durant des petites
scènes bäties à la diable, mal écrites, mal
pensées et qui ne sont que la laborieuse
répétition les unes des autres. En outre,
L’idée maitresse — si j’ose exagérer ä ce
point — est d’une imbécillité à faire fré¬
mir, d’une lourdeur qui n'ont d’égale que
sa prétention.
La mise en cuvre accentue zes défauts,
parce qu'elle est elle-méme prétentieuse
avec puérilité. On aperçoit bien, par mo¬
ments, le parti que le metteur en scöne a
tenté de tirer de ce découpage fastidieux.
On apprécie parfois l’ingéniosité dont i!
a donné de fréquentes preuves, mais on
voit surtout qu'à chaque fois Pitoöff s’ef¬
forcé d’en mettre davantage et a plus sou¬
ei d’étonner que de plaire. Pour deux ou
trois décors réussis; pour quelques mou¬
vements ingénieux, on compte le double
et le triple de décorations mal plantées,
de jeux de lumière approximatifs. Des
projections Jumineuses à peu près illisi¬
bles (j'ai cru discerner Lucienne Boyer
assise à son piano et enchantant des lit¬
térateurs, des hommes politiques et des
théätreuses e chez elle*) et d’effroyables
auditions par amplificateur des refrains
les plus usés et les plus vulgaires sont
censés permettre les changements de dé¬
cors et de costumes. Cette, facon de mas¬
quer les entr’actes et de boucher les trous
fait mieux ressortir encore la totale indi¬
gence du spectacle.
Enfin, T’interprétation a paru fort dis¬
cutable. S’il n’y a rien de spécial à dire
des hommes, on doit noter l’erreur qui
consiste à faire tenir par Ludmilla
Pitoöff seule tous les röles féminins. On
comprend que le prétexte en est précisé¬
ment la répétition du méme geste envi¬
sagé — hélas! — sous tous ses aspects.
Mais la monotonie de Tinterprétation
s’additionne à celie de l’ouvrage et le
procédé met surtout en belle vue les dé¬
fauts d’une artiste incapable de se dépla¬
cer. Le talent de Mme Pitoöff est fait
de son charme personnel, c’est-à-dire
exactement de ce qui la rend impropre
à jouer dans la méme soirée cing ou six
femmes différentes.
En un mot comme en cent, mand on
a la culture et les dons de M. Pitoöff on
ne se läche pas à imposer à un auditoire
dont la fidélité est à toute épreuve, un
spectacle aussi révoltant que celui dont
s’agit; quand on a le talent de Mme Pi¬
toëff, on ne se ravale pas à feindre toute
une soirée les lamentables désirs qui —
et nous l’en plaignons fort — paraissent
à M. Schnitzler le fin du fin et la raison
première de l’amour..
33a
Au sortir de cette fange, d’un senl
coup, on nous jette sur les sommets du
romantisme, II faut avoir des poumons
en acier chromé pour résister à ce chan¬
de meme devrals-“ ü
vingt ans que la Ronde a commencé sa
triste danse, le théätre a fait plus de che¬
min que dans les quelque cent ans qui
séparent Lu Dame dux Camélias de Lo
Ronde. M. Schnitzler nous paraft plus
vieux et plus s tocard: qu'Alexandre Du¬
mas purce qu'il y a pas mal de siècles
que nous marchons sur nos pattes J.
derrière et ne progressons puc en ram¬
pant sur le ventre!
Gaston BRIDEL,
—
LES SUISSES A LETRANGER
Une Société suisse à Avignon
Le Secrétariat des Suisses d Létranger
nous écrit:
& La Cité des Papes est loin d’éveiller
en nous l’idée de colonie suisse. Et pour¬
tant nous avons bel et bien des compa¬
triotes à Avignon. Ils viennent méme
d’affirmer leur existence en se groupant
en une Société suisse affiliée à l’Orga¬
nisation des Suisses à l’étranger de la
Nouvelle Société Helvétique.
Ce groupe se propose de pratiquer une
judicieuse charité envers les Suisses né¬
cessiteux en résidence ou de passage
dans la ville.
II veillera aussi à grouper les Suisses
d’Avignon et de la région afin de res¬
serrer entre enx les liens de fraternité
et de solidarité nationale. Ce groupe¬
ment est présidé par un compatriote ber¬
nois plein d’allant, M. Ludwig Schwarz,
tailleur-couturier et correspondant con¬
sulaire suisse du Vancluse.
La Société suisse, née le ler aout
1932, a déjà su se rendre populaire dans
les milieux avignonnais par les marques
de sympathie qu'elle a témoignées à ea
patrie d’adoption, à l’occasion de l’anni¬
versaire de l’armistice notamment. Mais
elle est avide aussi de contact avec la
mére-patrie. Aussi, vondrait-elle que
ceux de nos concitoyens qui ee rendent à
Avignon en voyage d’agrément, n’ou¬
bliassent pas son existence. Elle les in¬
vite à venir frapper à sa porte, au No 29
de la rue des Trois-Faucons, ou, en
échange du bon air frais qulils apporte¬
ront du pays, ils recevront ile meilleur
accueil joint à tous les renseignements
qui pourront leur étre utiles.,
AUSLRLELL
La reine de Bulgarie d donné le jour a
une fille. La reine Jeanne est la qua¬
trième fille des sonverains d’ltalie. Eile
est dgée de 25 ans.
dans ie choix et à plus d’invention dans
le jeu. On lui en veut d’autant plus d’a¬
voir trompé le public, qui l’a suivi cette
année encore sur la foi d’une réputation
que son activité d’antan lui avait méritée.
Ayant débuté chez nous, Pitoéff est im¬
pardonnable de n’avoir pas prévu qu'un
ouvrage comme la Ronde se heurterait
ici à la plus vive réaction et c’est se mo¬
quer que de choisir pour nous la présenter
précisément l’cuvre la plus propre à
nous déplaire.
La Ronde devait nous déplaire et nous
a déplu pour plusieurs raisons. D’abord
parce que c’est un ouvrage d’une rare
bassesse d’inspiration et d’un mauvais
goüt achevé. Ensuite parce que l’audition
en est d’un ennui souverain. Pour une di¬
zaine de répliques heureuses ou se re¬
trouvent la verve et l’intelligence d’un au¬
teur qui s’est une fois lourdement trompé
mais s’est amplement racheté depuis, il
faut subir trois heures durant des petites
scènes bäties à la diable, mal écrites, mal
pensées et qui ne sont que la laborieuse
répétition les unes des autres. En outre,
L’idée maitresse — si j’ose exagérer ä ce
point — est d’une imbécillité à faire fré¬
mir, d’une lourdeur qui n'ont d’égale que
sa prétention.
La mise en cuvre accentue zes défauts,
parce qu'elle est elle-méme prétentieuse
avec puérilité. On aperçoit bien, par mo¬
ments, le parti que le metteur en scöne a
tenté de tirer de ce découpage fastidieux.
On apprécie parfois l’ingéniosité dont i!
a donné de fréquentes preuves, mais on
voit surtout qu'à chaque fois Pitoöff s’ef¬
forcé d’en mettre davantage et a plus sou¬
ei d’étonner que de plaire. Pour deux ou
trois décors réussis; pour quelques mou¬
vements ingénieux, on compte le double
et le triple de décorations mal plantées,
de jeux de lumière approximatifs. Des
projections Jumineuses à peu près illisi¬
bles (j'ai cru discerner Lucienne Boyer
assise à son piano et enchantant des lit¬
térateurs, des hommes politiques et des
théätreuses e chez elle*) et d’effroyables
auditions par amplificateur des refrains
les plus usés et les plus vulgaires sont
censés permettre les changements de dé¬
cors et de costumes. Cette, facon de mas¬
quer les entr’actes et de boucher les trous
fait mieux ressortir encore la totale indi¬
gence du spectacle.
Enfin, T’interprétation a paru fort dis¬
cutable. S’il n’y a rien de spécial à dire
des hommes, on doit noter l’erreur qui
consiste à faire tenir par Ludmilla
Pitoöff seule tous les röles féminins. On
comprend que le prétexte en est précisé¬
ment la répétition du méme geste envi¬
sagé — hélas! — sous tous ses aspects.
Mais la monotonie de Tinterprétation
s’additionne à celie de l’ouvrage et le
procédé met surtout en belle vue les dé¬
fauts d’une artiste incapable de se dépla¬
cer. Le talent de Mme Pitoöff est fait
de son charme personnel, c’est-à-dire
exactement de ce qui la rend impropre
à jouer dans la méme soirée cing ou six
femmes différentes.
En un mot comme en cent, mand on
a la culture et les dons de M. Pitoöff on
ne se läche pas à imposer à un auditoire
dont la fidélité est à toute épreuve, un
spectacle aussi révoltant que celui dont
s’agit; quand on a le talent de Mme Pi¬
toëff, on ne se ravale pas à feindre toute
une soirée les lamentables désirs qui —
et nous l’en plaignons fort — paraissent
à M. Schnitzler le fin du fin et la raison
première de l’amour..
33a
Au sortir de cette fange, d’un senl
coup, on nous jette sur les sommets du
romantisme, II faut avoir des poumons
en acier chromé pour résister à ce chan¬
de meme devrals-“ ü
vingt ans que la Ronde a commencé sa
triste danse, le théätre a fait plus de che¬
min que dans les quelque cent ans qui
séparent Lu Dame dux Camélias de Lo
Ronde. M. Schnitzler nous paraft plus
vieux et plus s tocard: qu'Alexandre Du¬
mas purce qu'il y a pas mal de siècles
que nous marchons sur nos pattes J.
derrière et ne progressons puc en ram¬
pant sur le ventre!
Gaston BRIDEL,
—
LES SUISSES A LETRANGER
Une Société suisse à Avignon
Le Secrétariat des Suisses d Létranger
nous écrit:
& La Cité des Papes est loin d’éveiller
en nous l’idée de colonie suisse. Et pour¬
tant nous avons bel et bien des compa¬
triotes à Avignon. Ils viennent méme
d’affirmer leur existence en se groupant
en une Société suisse affiliée à l’Orga¬
nisation des Suisses à l’étranger de la
Nouvelle Société Helvétique.
Ce groupe se propose de pratiquer une
judicieuse charité envers les Suisses né¬
cessiteux en résidence ou de passage
dans la ville.
II veillera aussi à grouper les Suisses
d’Avignon et de la région afin de res¬
serrer entre enx les liens de fraternité
et de solidarité nationale. Ce groupe¬
ment est présidé par un compatriote ber¬
nois plein d’allant, M. Ludwig Schwarz,
tailleur-couturier et correspondant con¬
sulaire suisse du Vancluse.
La Société suisse, née le ler aout
1932, a déjà su se rendre populaire dans
les milieux avignonnais par les marques
de sympathie qu'elle a témoignées à ea
patrie d’adoption, à l’occasion de l’anni¬
versaire de l’armistice notamment. Mais
elle est avide aussi de contact avec la
mére-patrie. Aussi, vondrait-elle que
ceux de nos concitoyens qui ee rendent à
Avignon en voyage d’agrément, n’ou¬
bliassent pas son existence. Elle les in¬
vite à venir frapper à sa porte, au No 29
de la rue des Trois-Faucons, ou, en
échange du bon air frais qulils apporte¬
ront du pays, ils recevront ile meilleur
accueil joint à tous les renseignements
qui pourront leur étre utiles.,
AUSLRLELL
La reine de Bulgarie d donné le jour a
une fille. La reine Jeanne est la qua¬
trième fille des sonverains d’ltalie. Eile
est dgée de 25 ans.