II, Theaterstücke 5, Liebelei. Schauspiel in drei Akten, Seite 1805

Liebelei
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GRA
Die nächste Doppelpremiere in den zwei grö߬
ten Premieren=Lines Atlen und Uranig.
Arthür Schnitztees stimmungsvolle „Lie¬
belei“ hat im Fum eine glorreiche Wieberaus¬
stehung gefunden. „Liebelei“ als Film ist
einer der großen Ereignisse der Saison. Sel¬—
ten haben Regie und Darsteller, Kamera und
Musik einen so harmonischen bei auer zurück¬
haltung wirtsamen Film geschaffen. Magda
Schneider zum erstenmal in einer tragischen
S
Rolle. Wie führt sie der Regisseur im Schmerz
und vor dem Freitod, wie Luise Ullrich in
ihrem muntern Danebenraten, wie Gründengs
mun en . Aperne de
den Korrekten, ganz mit Spannung Gelade¬
nen durch den ganzen Film. Ein Kavinettstück
a
Adresse:
ist der Kammermusiker Paul Hörbiger. Das
ist der stärtste Film der kommenden Wochen
Date:
Cfeue
und einer der reifsten Verfilmungen über¬
Signe:
haupt. Kunst im Tonfilm!
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GEOINENK
LIEBELEI

SiVon pakt del ce principe que les trois quarts des
T’ouvrage est toute en nuances, en hnesses. On ne peut décrire
spectateut vont au cihéma pour voir des histoires d’amour,
les détails heureux, les trouvailles, le doigié dont chaque scène.
on peut s montrer sürpris que — les producteurs répondant
est empreinte. Nous suivons avec emotion et ravissement la
à leur désir — les bons hilms de ce genre soient si rares. A
naksance de Tidylle qui, enhn nouée, s’achéverait sur un
dire vrai, cela s’explique par la délicatesse et la sensibilité
bonheur complet si le plus épouvantable accident ne survenait.
qu'il faut mettre dans une bande pour nous intèresser aux
En effet, alors qu'il venait de rompre avec son ancienne mal¬
aventures sentimentales des héros, délicatesse et sensibilité que
tresse, le mari de celle-ci le provoque en duel et ie tuc. Sa
bien peu de réalisateurs possedent. D’ailleurs, comment pour¬
hancée le suivra dans la mort, et ainsi s’achévera cette tendie
raient-ils inculquer à leurs personnages un peu de leur cceur
et douloureuse histoire d'amour.
et de leur äme alors qu'ils ont à peine fait leur connaissance,
Je ne sais pourquoi je vous ai conté ce scenario. Je
que ce sont des enfants adoptifs dont ils ignorent le carac¬
risque de diminuer votre plaisir, et vraiment c’est un bien
tère? Des scenaristes, des g dialogueurs ), des & gagmen 9
faible et menu canevas. Mais que de broderies! tour à tour
et autres artisans du hlm ont façonné des mannequins auxquels
délicieusement enjouées et profondemmt émouvantes. J'ai
ils dorvent donner la vie. A mois de prodige, il ne neuvent
rarement vu scène auss, délicate que la danse du couple dans
que leur nicltre une mécanique dans ie ventre. Pourtani, par¬
le petit cabaret, la promenade des deux amoureux dans la
fois (rarement) cette mécanique ressemble à un cceur. Les
campagne neigeuse, échangeant des serments que nous enten¬
hilms de Charlie Chaplin, Solilude, Les Damnés de l’Océan,
drons à nouveau à la fin quand ils se seront rejoits dans
Le Réve immolé. Son Homme, et quelqses aütres, provoqué¬
l’éternité, la vie n'ayant pas voulu d’eux.
rent nos larmes. Nous vivions avec des agteurs de chair et de
IIy a également un tres beau passage, quand le lieu¬
sang, pétris auec une telle humanité que nous oubliions la
tenant rend visite au père de sa Hancée, qu'il voit pour la
vedette pour ne nous intéresser quaux personnages. Quelle
première fois. Avant son duel, il a voulu faire sa connais¬
juste reconnaissance avions-nous alors pour le cinéaste qui nous
sance, et une vive sympathie s’établit entre eux, sympathie
avait arraché à nous-mèmes, avait peuplé l’écran d’émotion
exprimée par des images aussi éloquentes que sobres. De
bouleversante!
meme, la scène du duel est un moment poignant. Nous ne#
Jai retrouvé ces bienfaisantes impressions en voyant
voyons pas les adversaires, mais simplement l’ami du lieute¬
Liebelei, chef-d’ouvre absolu, caplivant, envoütant rech. Par
nant qui écoute, de loin. Le jeune lieutenant doit tirer le
quel miracle T'auteur est-il parvenu à m’intèresser à cette his¬
second. Dans le silence, le bruit d’une première, balle claque,
toire banale? Comment, avec ces uniformes d’un autre temps,
lugubre. Puis, un grand eilence. Nous avons compris.
ces coutumes d’un autre pays, a-t-il su nous faire oublier
Je pense qu'il faut avoir du génie pour écrire un tel
notre vie de tous les jours ?
poème. Max Ophuls, le réalisateur de Liebelei, est un grand
L’histoire de Liebelei est simple comme toutes celles
maitre. Sans images appuyées ou tapageuses, il conduit son
que nous eümes l’occasion d’applaudir: au cours d’une repré¬
scenario avec un art dépouillé. II mele la gaité et l’émotion,
sentation théätrale, à laquelle il assiste en compagnie d’un
le rire et les larmes, burine de délicieux duos sentimentaux
de ses amis, un jeune lieutenant lie connaissance avec une
sans clair de lune ni jet d’eau, avec deux jeunes visages rayon¬
jeune hlle qu'il reconduit chez son père, après le spectacle,
nants de vie et d’amour, puis saute sans diffiçulté dans un
sans trop faire attention à elle.
cadre sévere. II fait peser sur nous la fatalité qui divisera et
Notre lieutenant est l'amant d’une comtesse dont le
tuera les deux amants. Liebelei finit comme une tragédie,
mari, fort jalonx, le surveille-étroitement, II ne''se préoccupe 1 nous laissant à notre douleur. Car les personnages, bien apres
guère de sa nouvelle rencontre, mais, sans qu'il s’en aper¬
leur disparition, continuent de vivre en nous. Le cinéma, par¬.
golve, l'amour nait. II s’éprend de la jeune fille qui partage
fois, fait de ces miracles.
Daniel MAYBON.
dailleurs pleinement ses sentiments, Toute cette parlie de