II, Theaterstücke 5, Liebelei. Schauspiel in drei Akten, Seite 1838

Liebeleigest Ene Itres bonne piece joue
Quant aux toussotements, il est assez
admirableinentbaf la Compagnie Pitoéff.
urieux de constater qu’on n’en entend
Mme Pitoéff sréé là un des plus beaux
as dans les salles de cinéma (ou l’on
röles de sa carrière, et elle fut vraiment
eut fumer à sa guise les cigarettes les
impeccable dans le troisième acte. Marcel
Jlus britanniques, dont la fumée irrite,
Herrand a joué avec beaucoup d’intelli¬
araft-il, 1 rticulièrement la gorge).
gence le röle de Fritz, Mlle Agnes Capri
Doit-on, pour les voir disparaitre au
fut une Mitzie hurluberlu à souhait: c’est
héatre, donner l’autorisation de fumer
une excellente artiste qui obtient d’ail¬
#ux spectateurs ?
leurs un succès tres mérité.
Le sujet de Liebelei, vous le connaissez
Après avoir vu la pièce, le parallèle
lous par le film, bien que le metteur en
s’impose avec le film et, immédiatement,
scène l’ait quelque peu modifié. C’est l'his¬
on distingue tout ce qui sépare le théätre
toire d’une d amourette v. Une fille du
du einema. Certains sujets sont impossibles
peuple, Christine (Mme Pitoéff) aime Fritz
à traiter au einéma et Liebelei est de ceux¬
Lobhenner (Marcel Herrand) qui est tué
lä, qui appartiennent beaucoup au théa¬
en duel par le mari d’une femme qu'il
tre ou au roman. Ce n’est pas à dire que
aime. En apprenant sa mort, Christine
je mésestime le film, mais ce qui me gène,
quitte sa maison pour se suicider. Tout
c’est de songer que tont le troisième acte,

qui est le plus beau et pour lequel cer¬
tainement l’auteur écrivit sa pièce, a
ment le metteur en scène Alfred m. Green
disparu à l’écran. Au cinéma, les nuan¬
n’a paru se trouver en difficulté. Le choix
ces peuvent difficilement étre rendues,
qui a été fait des comédiens n’est cer¬
et puis, il est, parait-il, impossible de
tainement pas étranger älcet admirable
laisser des épisodes émouvants, trop long¬
équilipts: aux côtés de Robinson figu¬
temps et sans les faire suivre aussitôt
rentten effet Aline Mac Mahon et, beile
apres d’une bonne grosse plaisanterie. Au
comme on ne l’est plus, Bebe Daniels, deux
ciiéma, il faut des dénouements brutaux:
femmes qui savent ce que tourner veut
Feu de gens — j’entends du public — ont
dire. Et le cinéma lui-meme ne tient pas
aimé, par exempie, l’admirable fin du
ici un röle accessoire.
film de Charlot: ie Cirque. Ce qui plait
Qui nous montrera une image pius
surtout dans un film, c’est un mariage, un
émouvante que celle d’Aline Mac Maho.
acquittement, une mort mème, etc. C’est
assistant, sceptique, au triomphe politique
pour cela que dans le film Liebelei, ia
de son mari (son visage apparait à une
petite Christine se suicide immédiatement
croisée tandis que la foule acclame Yates
en apprenant la mort de Fritz.,, et il faut
Martin (Robinson) qui parle sur un balzon
reconnaitre que le metteur en scène ne
voisin?) Ou encore rette Aline Mac Mahon
pouvait pas faire autrement. Car comment
couchée, endormie, son alliance luisant
rendre par des images toutes les nuances
faiblement à sa main abandonnée parmi
des réactions de Christine apprenant la
les couvertures
fin tragique de son ami.
Devenu sénateur, Robinson banden¬
En revanche, au cinéma, la vie de Vienne
nera sa femme pour vivre avec Lily
à la fin du siècle dernier était plus facile
Owens (Bebe Daniels) Quand pius tard,
à évoquer qu’à la scène. Différence de
— le film se situe à la fin du dix-neuvième
technique: le cinéma procède toujours par
siècle — la bataille du bimétallisme le rui¬
T’extérieur. L’ambiance n’est pas rendue
nera, sa femme reviendra vers mi. IIs
par les paroles des personnages, mais par
échangeront alors (fait sans précédent au
le cadre dans lequel ils évoluent: cela est
éma, une poignée de mains. Aline Mac
grossier comme procédé (on le sait depuis
hon veut seulement aider, en amie son
l’échec de Balzac), mais le public com¬
ien compagnon. Et celui-ci n’a pas été
prend plus vite.
issé par la belle Lily, qui lur reste
Ou souhaiterait que la différence entre
fidele jusqu'au bout. On n’assiste donc pas
le cinéma et le théätre s’accentue da¬
qu'à la ruine de Yates Martin, mais aussi
vantäge encore. Il apparaitrait ainsi net¬
à la ruine de toutes les traditions de
tement que le théätre n’est pas fait pour
l’écran.
le vulgaire qui tient à ne pas etre dérouté.
Germaine DEOARIS.
La grande confusion actuelle fait que l’on
trouve dans les salles de théätre des gens

qui ne devraient pas y étre et qui jugent
mimmmmmmmmmmm
la piece sans attendre que le rideau se soit
baissé sur le dernier acte.
Au nombre de ceux-ni, je range d’ailleurs
un certain nombre „de mes honorables
confrères bedonnants et barbus, et qui se
penchent vers leurs voisins des la troisième
réplique pour leur faire savoir que la
piece est bonne ou mauvaise. C’est assez
2 2M,
Marcel Herrand
dire d’ailleurs qu’ils prisent plus l’habi¬
leté ou le talent d’un auteur que son génie
propre.
Le cinéma, au contraire, doit étre avant
tout populaire; chaque fois qu’or a voulu
faire un film à prétentions artistiques, i1
a été sifflé par le gros public. L’Opéra
de Quat’ sous, qui a triomphé à Paris
dans une salle spécialisée, na guère été
goüté en province. Et encore est-on obligé
de reconnaitre que ce n’était pas là du
grand art.
Je doute fort que le public préfère Lie¬
belei de Pitoéff au film, mais je suis sür
qu'il a tort, car si l’on ne peut nier la
qualité du film, il est incontestable que la
pièce se situe sur un plan beaucoup plus
élevé.
Henri PHILIPPON.—
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