II, Theaterstücke 5, Liebelei. Schauspiel in drei Akten, Seite 2017

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Ex PASSANT EN AUTRICHE
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des modes? Si François-Joseph était mort en 10r4, ce
serzit vraiment a l’äge d’ors que l’on aurait porté en
terre .vec lui. II a disparu alors que Tombre de la catas¬
trophe s’étendait déjà sur le tron# ### cela, pourtant,
n'apas nui à sa mémoire, puisque lorsque l’on dit & I’Em¬
pereur v, c’est à lui et non à son successeur que l’on fait
allusion, II y a qwelque chose d’injuste dans le demi¬
oubli qui s’étend sur le der##ier souverain, sur ce
Charles Per trop inégal aux circonfances, dont Anatole
France, je crois, (féclarait qu’il fat l'un des seuls hon¬
nétes hommes assis sur un tröne, et qu' une inscription tou¬
chante, à Hall, petite ville tyrolienne, désigne comme
#la dernière victime de la guerre v. Et l’Impératrice
Zita? Aqui observe les choses d’un ceil non Prévenu, il
parait que le souvenir de la dernière impératrice d’Au¬
triche est meins vivant que ne nous l’ont dit cerieins
voyageurs, ou méme que ce souvenir n’aide pas comme il
devrait le faire naturellement la cause de l’archidue
Otto.
*
Plus d’une fois, en croisant les fantômes de Vienne
j'ai pensé aux chapitres de la Murche de Radetzky on
Josef Roth nous montre, à la frontière orientale de
l’ancien empire, généraux et grands seigneurs autri¬
chiens vivant fastueusement à la manière russe. Vienne
me donnait l’impression, absurde, de ressembler à
quelque chose que je n'ai jamais vu, à la Russie
des Tsars, à moins que les images de quelques films
comme la Fin de Saint-Pétersbourg ne me soient re¬
venues à l’esprit lorsque j'ai vu les avenues désertes,
es grands palais badigeonnés aux toits chargés de neige
fleschevaux effares des princes monumentaux qui dominent
les places et, enfin, montant une garde perpétuelle, le
factionnaire dans sa longue capote qui lui bat les talons.
Un galon d’argent, un roulement de tambour, un nom
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EN PASSANT EN AUTRICHE
glorieux et ancien font soupirer tristement les Viennois
d’aujourd'hu; ils estiment (et il entre sans doute dans
cette conviction sentimentale une part d’illusicn) que la
prospérité reviendrait avec le régime d’avant-guerre. De
notre République on a dit: & Ou'elle était belle sousl’Em¬
pire! Et de l’Empire des Habsbourg on peut dire, avec
un connaisseur des choses viennoises, M. Marcel Drman,
qu'il ert devenu beatt sous la République. Les archiduce,
jadis critiqués pour leurs dépenses, pour leurs aventures
ou pour leurs excentricités, sont aimés depuis qulon ne#
les voit plus. (Et s’ils revenaient peut-étre les critique¬
rait-on de nouveau; certahes monarchistes prévoyants
ne s’effraient-ils pas déjà des charges budgétaires qu im¬
poserait l’installation des nombreux frères et sceurs de
Tarchiduc Otto?) En attendant, le viell archiduc Eugene.
qui vit à Vienne et se montre volontiers à la foule en
uniforme, a acquis une véritable popularité.
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Etrange va-et-vient des sentiments populaires!.. Les
symboles qui ne plaisaient plus hier, ou qui paraissaient
représenter des temps à jamais révolus, reprennent au¬
jourd'hui petit à petit leur pouvoir de rayonnement. Les
astres qu’on croyait morts se rallument. Est-ce depuis
la crise, depuis qu'ils souffrent et qu'ils ont la fièvre,
que les peuples ont besoin de mythes, et le système
démocratique n’était-il tolérable pour les pays de I’Eu¬
rope centrale que dans la courte période de conva¬
lescence de l’après-guerre? N’est-il pas prouvé, mainte¬
nant, que les abstractions ne plaisent pas longtemps
à certains peuples, qu'il faut aux hommes dans le
malheur un maftre qui paraisse providentiel et ne
s'habille pas comnme teut le monde., Sans les signes
pittoresques, — disons mieux e poétiques n — de la
grandeur, sans uniformes, sans parades, sans musiques
la plupart des nations trouveraient la vie quotidienne,