II, Theaterstücke 4, (Anatol, 8), Anatol, Seite 586

fondé en 1870
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4.9. Anatol-
ki
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Extrait de NOUVELLES LITÉRAISES
146, rue Montmartre, 1)
dre
Date
6 FEVRIER 1932
Signature :
Reposition :
Elle vivra sur le passé délicieux que trène Hu
mables
Domino a ajouté à celui, si pauvre, qu'elle
Andrey
possédait de son amour ancien pour Crées de
LE THÉA
mone. Au moment où elle n'espérait plus daine.
E
soutien
rien et qu'elle demandait seulement la
d'Anato
paix de son ménage, la voici transfigurée.
par MAURICE MARTIN DU GARD
Pas un baiser, pas de ces enlacements in
rien. Et
terminables qui suppléent si souvent au déçu. A
LES TRICHEURS, de M. Steve Passeur, (à l'Atelier). — DOMINO, de Marce
texte dans les pièces d'aujourd'hui, ce sont que sch
qu'Anate
Achard (à la Comédie des Champs-Elysées).
trois actes charmants et sains, et jamais
Floresta
Il y a dans les Tricheurs, de M. Steve de son beau dessein. Au troisième acte, vides une seconde. Le spectacle est mis las
Passeur, c'est lui qui nous le dit, une ca¬ Agathe et Jean semblent heureux. Ils le en scène par Jouvet, qui trouve dans Do- doubleme
seraient davantage encore, bien sûr, si mino un de ses meilleurs rôles. M. Renoir ralentit
tholique, un protestant, un juif. Die
ces réso¬
une fois encore, est dans la peau d'un in¬
merci, ce jeune écrivain, pourtant épris jamais cet affreux Luckmann n'était in¬
dustriel, et il est toujours aussi taci¬
de l'absolu des grands sujets et des sen¬ervenu entre eux. On le verra reveni¬
une dernière fois. Il a voulu se rendre turne. Il vit dans un intérieur délicieux lisme
timents forts, n'a pas étayé ses trois ac¬
pour le
Valentine Tissier passe en
tes sur un conflit de religions, mais il compte du souvenir qu’il a pu laisser chez
tint à plusieurs reprises à nous faire sa¬ ces deux êtres, et assuré de les avoir em¬ tordant les mains comme d'habitude, dans der cet
des robes ravissantes. Je ne peux leur
voir que si ses personnages s’opposaient poisonnés, orgueilleux de se croire un
en amour, c'est parce qu’ils étaient tous amant supérieur à leur amour, il les faire des éloges. J'arrive après tous mes
COMED
fuira, plein de haine pour lui-même et confrères qui m'ont pris tous les adjec¬
les trois de religions différentes. Sa ca¬
histor.
de mélancolie. Si j'avais été M. Passeur, tifs que je destinais à ces incomparables
tholique est divorcée, elle aime l'amour
comédiens. Une soirée qu'on ne perd pas
de Vi¬
je m'en sera tenu à son premier acte o
Tous mes compliments encore pour Mar¬
Patrie
la synthèse de cet amour exceptionnel

cel Achard; qu'il ne s'écarte pas de cette Hugueno
inhumain, est exposée dans sa plénitude
avec l'âpre talent que nous lui connais¬ voie. L'avenir aujourd'hui est à Musset, à des chef
tout ce qui fera écho à l'amour tendre et historiqu
tique.
sons. Pour moi, toute la nouveauté de¬
Tricheurs y était incluse. Les deux actes chantant, à une fantaisie naturelle qui ne leuse. Et
dessèche point le cœur, à la poésie qui sujet de
suivants ont des longueurs, irritent, pa
Flandres
ne corrompt pas.
raissent hors de la vie, n'ajoutent rien au
gnole pe-
MAURICE MARTIN DU GARD.
La con¬
premier. Mais j'ai peut-être mal compris
échoue
.
M. Passeur, n'ayant vu d'abord dans sa
furieuse
pièce qu'un tricheur, non pas lui, mais
SCEPTIQUE EBLOUI, par René comte de
son qui, joué par M. Dalio à la perfec¬
pour être
Bruyez (au Tremplin.)
tion, dont l'imagination morbide cherche
Ce drame en deux actes constituait la reuseme
le comte
pièce de résistance dans le premier spec
partout des victimes et commence par
tacle du Tremplin, « théâtre-critique au ser die de
lui-même.
vice des inconnus et des méconnus ». Mais sur le
Je m'en voudrais de paraître oppose
Eh bien
il serait injuste de ne pas signaler l'im¬
deux auteurs dramatiques de la même gé¬
promptu Loufoque, par lequel commença la voyantes
nération comme MM. Steve Passeur et soirée : Carlos Larronde, auteur et princi¬ serment
l'écoute
pal interprète de cette fantaisie, y mêla for
Marcel Achard, qui ont tous les deux beau¬
adroitement les allusions satiriques et les ému, e
coup de talent, mais qu'ils emploient à de¬

professions de foi ; brandissant la marotte
La Con
fins si différentes. Je commence à être
du fou, il fit sonner quelques dures vérités choses.
aux oreilles des spectateurs. Une panto
joué de
irrité par les pièces d'où l'on sort l'esprit
mime. Les clowns verts, termina la séance
MM. Alb
amer, fatigué d'avoir vu à la scène triom¬
Steve Passeur
Mme Dussi Bereska avait composé cette
et Vidali
pher une fois encore, sur les passions na¬
suite de tableaux; elle les dansa avec une en la Me¬
et l'indépendance ; on trouverait des jui
troupe augmentée du clown allemand Robat, être.
turelles, des malades et des demi-fous. M.
ves dans ce cas. Son protestant est ur
dont la verve gymnique anima savoureuse
merveille
Marcel Achard aime la vie, ne voit pa¬
devenait
ment ces scènes stylisées.
garçon droit, sérieux, qui ne pense qu'à tout en noir, et n’exerce pas de représail
Le sceptique ébloui s'inspire du verset de artistes
mettre de l'ordre dans sa vie comme dans
les sur ses héros, il fait la part des choses,
saint Jean, où André Gide puis le titre de
l'année.
celle des autres : M. Passeur également
ses confessions : « Si le grain de fromen
nes gens
il sait observer ce qu’il y a de charmant
conviendra qu'on rencontre de pareils
d'ailé, d'un peu drôle et d’un peu mélan¬ ne meurt, après qu’on l’a jeté dans la terre, au Nouv.
il demeure seul mais s'il meurt, il porte voir au
traits chez des bourgeois conformiste
colique aussi dans chacun de nous. Il
beaucoup de fruit. Ce qui meurt dans livres,
qui ne doivent rien à Luther. Pour son
a dans tout ce qu'il fait un fond de santé l'ame de l'abbé Coulijard, c'est la foi, ou
en matin
juif, c'est une autre affaire; il n'est pas
bien sympathique, et les pires aventuriers du moins une certaine forme de la foi
du The
chrétien, en tout cas. Parmi les intellec¬
ce qui naît, c'est la sainteté. Ce thème au
qu’il engage dans son répertoire ont tous
dacieux est traité avec autant de noblesse
tualistes de Bourse, du bord de Samuel
quelque chose de tendre et d'humain et un que de vigueur, mais une pareille crise
Luckmann, ni même chez les juifs philo¬
psychologique est le résultat d’une longue
idéalisme qui n'évoque jamais rien de
évolution. Dans la discussion qu'après la
sophes les plus dociles aux prestiges de niais. Cela part sur une anecdote chime¬
représentation Georges Delamare provoqua
l'abstraction, en est-il si souvent pour se
rique, incroyable, mais pas plus incroya¬
et conduisit avec brio, d'aucuns reproche
contenter de la possessior spirituelle des
ble que dans Marivaux, et cela s'impose,
rent à René Bruyez la lenteur de son expo¬
femmes qu'ils adorent? M. rasseur veut par la promptitude et la vérité des obser
sition. Je crois que si le début de chaque
démontrer ici que l'amour étant une créa¬
vations, la délicatesse de la rêverie qui acte paraît se dérouler au ralenti, on en
doit accuser la nécessité où se trouve le
tion de l'esprit, ceux qui possèdent le plus
court, comme une petite source à une
protagoniste de nous révéler assez de son
d'imagination et pour lui, ce sont les visible dans la prairie, le dialogue dans
passé pour rendre ce présent intelligible
juifs sont les véritables amants. Point
la vie de tous les jours, les silences bien il lui faut donc deux témoins, dont un seul