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Bibliographie
La Penamhre-des-dmes.-par A. Schnitzler. Trad. de l'allemand par
S. Clauser. Préface de Felix Bertaux. & Le Cabinet Cosmopo¬
lite 2. Librairie Stock. Paris.
Et d’abord, il y a le titre. II est fort bien choisi et c’est quelque
chose. D’ordinaire I'auteur d’un recueil de nouvelles choisit au hasard
le titre d’un récit, souvent le premier et ie tour est joué. Iei le titre
est à lui seul une sorte de préface, II donne le ton, et, la dernière ligne
achevée il prolonge en un sourd écho le glas qui scande lugubrement
ces dix nouvelles. Le glas d’un départ, d’un souvenir qui meurt, d’un
espoir dégu, d’une illusion brisée, et par dessus tout ie glas de la Mort!
Le livre de A. Schnitzler est profondément pessimiste, d’un pessis¬
misme germanique qui n'exclut pas une certaine mise en scène sinistre
souvent, presque toujours romantique Les creatures s’y debattent à la
recherche d’un bonheur qu’elles ne conçoivent que sous la forme d’un
amour passionné. Mais cet amour Jui-mème n’est jamais pur. II porte
les germes de sa propre destruction, II reste encombré de refoulements
freudiens (le médecin qu'est M. Schnitzler s’est vivement inté¬
ressé aux theories du Dr. Freud), de hantises, d’obsessions, de
#terreurs. L'impuissance de tous les personnages à s’en debarrasser
constitue le pathétique original de l’ouvrage. II faut dire qu'aucune
de ces nouvelles dont quelques-unes sentent un peu trop peut-etre la
g litterature # nest indifférente. Certaines ont une rare puissance
dramatique: Geronimo, Tavengle ei son frèrc. L’Alssassin. L’apo¬
théose. Les morts se taisenl font haleter le lecteur.,, pour finalement
le conduire au néant fatal. Le problème du bonheur ne se pose pas.
IIn'y a que la chair et révolte dans une demi-nurt, dans la pénombre
des ämes. Et la chair triomphe toujours et son miserable triomplie
cest son andanlissement. Tous ces étres dechires dont les moindres
nuances de sentiment, les craintes, les désirs sont decrits comme par un
clinicien, ne trouvent qu'une solution, qusun repos: la Mort. Hlomme
bienheureux! & La mort dit un des heros de M. Schnitzler, se promene
parmi nous sans nous vouloir de mal. II ne faudrait pas
pousser beaucoup l'auteur pour lui faire dire qu'elle est le souveram
bien.
Rien d’étonnant à ce qulil se cache dans ces pages un scepticisme
amer. & A un moment précis, dit un autre héros, j'ai compris que la
g joie et les peines n’existaient pas; non, il n’y a que des grimaces de
84 —
Bibliographie
La Penamhre-des-dmes.-par A. Schnitzler. Trad. de l'allemand par
S. Clauser. Préface de Felix Bertaux. & Le Cabinet Cosmopo¬
lite 2. Librairie Stock. Paris.
Et d’abord, il y a le titre. II est fort bien choisi et c’est quelque
chose. D’ordinaire I'auteur d’un recueil de nouvelles choisit au hasard
le titre d’un récit, souvent le premier et ie tour est joué. Iei le titre
est à lui seul une sorte de préface, II donne le ton, et, la dernière ligne
achevée il prolonge en un sourd écho le glas qui scande lugubrement
ces dix nouvelles. Le glas d’un départ, d’un souvenir qui meurt, d’un
espoir dégu, d’une illusion brisée, et par dessus tout ie glas de la Mort!
Le livre de A. Schnitzler est profondément pessimiste, d’un pessis¬
misme germanique qui n'exclut pas une certaine mise en scène sinistre
souvent, presque toujours romantique Les creatures s’y debattent à la
recherche d’un bonheur qu’elles ne conçoivent que sous la forme d’un
amour passionné. Mais cet amour Jui-mème n’est jamais pur. II porte
les germes de sa propre destruction, II reste encombré de refoulements
freudiens (le médecin qu'est M. Schnitzler s’est vivement inté¬
ressé aux theories du Dr. Freud), de hantises, d’obsessions, de
#terreurs. L'impuissance de tous les personnages à s’en debarrasser
constitue le pathétique original de l’ouvrage. II faut dire qu'aucune
de ces nouvelles dont quelques-unes sentent un peu trop peut-etre la
g litterature # nest indifférente. Certaines ont une rare puissance
dramatique: Geronimo, Tavengle ei son frèrc. L’Alssassin. L’apo¬
théose. Les morts se taisenl font haleter le lecteur.,, pour finalement
le conduire au néant fatal. Le problème du bonheur ne se pose pas.
IIn'y a que la chair et révolte dans une demi-nurt, dans la pénombre
des ämes. Et la chair triomphe toujours et son miserable triomplie
cest son andanlissement. Tous ces étres dechires dont les moindres
nuances de sentiment, les craintes, les désirs sont decrits comme par un
clinicien, ne trouvent qu'une solution, qusun repos: la Mort. Hlomme
bienheureux! & La mort dit un des heros de M. Schnitzler, se promene
parmi nous sans nous vouloir de mal. II ne faudrait pas
pousser beaucoup l'auteur pour lui faire dire qu'elle est le souveram
bien.
Rien d’étonnant à ce qulil se cache dans ces pages un scepticisme
amer. & A un moment précis, dit un autre héros, j'ai compris que la
g joie et les peines n’existaient pas; non, il n’y a que des grimaces de
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