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BIBLIOGRAPHIE
g plaisir, des grimaces de chagrin. Nous convoquons notre äme
g pour la volr rire ou pleurer. „
Vraiment? La vie interieure, la vie frémissante du cceur et de
Täme se reduirait à cettc.,, & convocation 9? Nous ne le Croyons pas,
pour notre part, mais M. Schnitzler a bien du talent. Et sa traduc¬
trice s’est tirée avec bonheur d’un travail delicat.
A. C.
LE SAINT suivi de LEs Nocks pu MolNE Conrad-Ferdinand¬
Meyer. Traduit de l'allemand par Charly Clerc. Préface de
R. d’Harcourt. & Le Cabinet cosmopolite 2. Libraine Stock.
Paris.
Le Samt est une biographie romancée qui a, de cinquante ans
(elle a paru dans l’original en 1879) devancé la mode. En ce temps¬
lä on T'appelait d’ailleurs g roman historique 8. C.-F. Meyer a été
attire par la curieuse personnalité de Thomas Becket cinquième
primat d’Angleterre depuis le Conquérant, Chancelier du royaume
avant son accession à l’archevéché de Cantorbery, ascète et martyr
après son élévation à cette dignité. C’est précisément le mystère d’une
conversion inattendue, d’un brusque et total changement de vie chez
cet homme de mentalité paienne, c’est le pourquoi d’un revirement
tout à fait imprérsible chez ce Chancelier finement sceptique, d’heré¬
dite mulsumane, qu apaise au fort de la douleur le seul enonce d’un
verset coranique, c’est cette greffe chretienne opèrée en quelques jours,
avec plein rendement, sur cette conscience de profonde politique, in¬
crédule et railleuse qui ont mis en jeu l’intuition créatrice de C.-F.
Meyer. II fournit une tres humaine explication à ce qu on envisageait
surlout comme un prodige de la gräge divine. Cette explication n’esh
pas belle. T homas Becket a voulu se venger. Tout simplement. Se
venger en devenant un & Saint , vollà qui esk original Se venger du
roi, responsable de la mort de sa hille. Longtemps il médite sa
revanche, II la tient quand le roi enteté, T’elève par caprice, lui laique,
et tres g gouvernemiental, au siege archiepiscopal de Cantorbery. II
lur suffira, avec la tenaché d'un ressentiment que C.-F. Meyer s’efforce
de nous dissimuler, d’etre à la lettre un homme d’Eglise, conscient
de ses plus hauts devoirs, acharné à la defense d’un Troupeau
opprime, pour provo quer à coup sür la ruine complete de son roi.
Trouble refoulement, qui contenterait le zele freudien de
M. Scimitzler, mais dont la g sublimation 2 jelte un jour fächeux sur
la saintete de ce saint. C.-F. Meyer depense à nous convainere une
somme considerable de son beau talent. Le récit, fait par un temoin
oculaire, est rapidement mené. Mais quand il s’acheve, on ressent
le frisson de Tauditeur, un vieux chanoine tout frileux, qui voudrait
bien, s’il l’osait, exorciser T’esprit de l’étrange martyr...
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g plaisir, des grimaces de chagrin. Nous convoquons notre äme
g pour la volr rire ou pleurer. „
Vraiment? La vie interieure, la vie frémissante du cceur et de
Täme se reduirait à cettc.,, & convocation 9? Nous ne le Croyons pas,
pour notre part, mais M. Schnitzler a bien du talent. Et sa traduc¬
trice s’est tirée avec bonheur d’un travail delicat.
A. C.
LE SAINT suivi de LEs Nocks pu MolNE Conrad-Ferdinand¬
Meyer. Traduit de l'allemand par Charly Clerc. Préface de
R. d’Harcourt. & Le Cabinet cosmopolite 2. Libraine Stock.
Paris.
Le Samt est une biographie romancée qui a, de cinquante ans
(elle a paru dans l’original en 1879) devancé la mode. En ce temps¬
lä on T'appelait d’ailleurs g roman historique 8. C.-F. Meyer a été
attire par la curieuse personnalité de Thomas Becket cinquième
primat d’Angleterre depuis le Conquérant, Chancelier du royaume
avant son accession à l’archevéché de Cantorbery, ascète et martyr
après son élévation à cette dignité. C’est précisément le mystère d’une
conversion inattendue, d’un brusque et total changement de vie chez
cet homme de mentalité paienne, c’est le pourquoi d’un revirement
tout à fait imprérsible chez ce Chancelier finement sceptique, d’heré¬
dite mulsumane, qu apaise au fort de la douleur le seul enonce d’un
verset coranique, c’est cette greffe chretienne opèrée en quelques jours,
avec plein rendement, sur cette conscience de profonde politique, in¬
crédule et railleuse qui ont mis en jeu l’intuition créatrice de C.-F.
Meyer. II fournit une tres humaine explication à ce qu on envisageait
surlout comme un prodige de la gräge divine. Cette explication n’esh
pas belle. T homas Becket a voulu se venger. Tout simplement. Se
venger en devenant un & Saint , vollà qui esk original Se venger du
roi, responsable de la mort de sa hille. Longtemps il médite sa
revanche, II la tient quand le roi enteté, T’elève par caprice, lui laique,
et tres g gouvernemiental, au siege archiepiscopal de Cantorbery. II
lur suffira, avec la tenaché d'un ressentiment que C.-F. Meyer s’efforce
de nous dissimuler, d’etre à la lettre un homme d’Eglise, conscient
de ses plus hauts devoirs, acharné à la defense d’un Troupeau
opprime, pour provo quer à coup sür la ruine complete de son roi.
Trouble refoulement, qui contenterait le zele freudien de
M. Scimitzler, mais dont la g sublimation 2 jelte un jour fächeux sur
la saintete de ce saint. C.-F. Meyer depense à nous convainere une
somme considerable de son beau talent. Le récit, fait par un temoin
oculaire, est rapidement mené. Mais quand il s’acheve, on ressent
le frisson de Tauditeur, un vieux chanoine tout frileux, qui voudrait
bien, s’il l’osait, exorciser T’esprit de l’étrange martyr...
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