VI, Allgemeine Besprechungen 1, 7, 1894 Henri Albert Mercure, Seite 1

2. Cuttings
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MAI 1804
degrés à peine perceptibles de la conscience, mais un con¬
cept individuel, en opposition à la conscience de la person¬
nalité. Pour moi, Iindividualité c’est l’immortel, l’inalié¬
nable. Elle est le cep, inoculé sans cesse par l’hérédité de
qualités nouvelles, elle est le siege de lhérédité, éternelle¬
ment ellese reproduit et vit continuellement depuis l’origine,
depuis la première aurore de la vie dans la cellule organi¬
que, jusqu au plus haut degré de l’évolution, jusqu'à lhomme.
Elle est une vague qui grossit éternellement, etainsi elle est
dans chaque homme le centre de tous les caractères qui dis¬
tinguent les membres de toute lachaine d’évolution: unepan¬
genèse dans le sens de Darwin; chaque cellule germinative
porte en elle tout l’homme avec tous ses caractéres. L’indi¬
vidualité donne aux impressions l'intensité, et la qualité, en
elle git le point central ou se rencontrent toutes ies impres¬
sions, ou les choses les plus hétérogénes sont éprouvées d’une
façon identique, puisque l'’individualité réagit sur elles avec
la méme nuance de sentiment, la couleur devient ligne, le
parfum sechange en son:
Les darfums, 7es conleurs ei les sons se réhondent.
L’individualité, c’est l’éternel dans I’homme, puisqu'elle est
si infiniment plus ancienne que le jeune cerveau, si infini¬
ment plus réceptive que le cerveau, puisqulelle posséde des
organes des sens si infiniment plus fins, elle est l’origine
primordiale de la vie psychique, elle sursature les impressions,
leur donne la vie, se déverse en elles avec le puissant
flot de sang des sentiments et des passions, et amsi elle
est la puissance qui ébranle, le levier qui dresse le Pélion
sur I’Ossa, la force qui convaine, le golfe de chaleur et de
vie.
Deux hommes regardent un passant. L’un deux le voit
avec son misérable cerveau: des impressions de lumière,
des couleurs, des formes, des lignes, un conglomérat bien
ordonné, faible, usé, banal et ennuyeux. Autrement apparait
ce paysage à la conscience d’individualité. Les couleurs de¬
viennent ardentes, et chaudes, et intenses: des lignes qu'un
enfant pourrait griffonner au crayon reçoivent une vie puis¬
sante et palpitante, elles entrent en relation avec le paysage,
on vit en lui et par lui.
„ Voilá le secret du plus intime de tous les sentiments:
l’amour du sol natal de la patrie — et voilà aussi le secret de
la façon desentir d’un artiste grand et fort.. „
Die Gesellschaft (Za Société) offre dans ses dernières
livraisons peu d’articles d’une valeur vraiment litteraire
Beaucoup d’études de sociologie pepulaire, quelques vers
intéressants, des nouvelles realistes.., Enfin, au numéro
d’avril, de tres remarquables poésies de Richard Dehmel,
avec un portrait du poête. J'aime surtout le merveilleux Zied
d mon /ils, avec le refrain mugi par le vent dans la couronne
des pins: „ Sois toi, sois toi! M. Stauf von der March im¬
prime dans le mème numéro un article intitulé Deraence.
M. Stauf von der March a trop lu Max Nordau; ses facultés
critiques, s’il ena jamais eu, s en vont singulièrement émous¬