VI, Allgemeine Besprechungen 2, Ausschnitte 1928–1931, Seite 57

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2. Cuttings
N• DE DEBIT — e e e e
Ergoit de : LE JOURNAL DES DEBATS
Rue des Prétres S Germain: Auxerrols, 17,I°
Adresse:
Date:
II JUIN 1932
Signakure

Erposition—
exes dans Mmoneite, dans Anatole, dans 1d’avoir tracé une image immorale, almable
voir teni
FRULLLRTON DU JOURNAE DES DEBATS
leigen! II semble presque, à dire Arthur
Félix s’e
et jolie de la grisette viennoise: das Süsse
du 8 juin 1932
et d’aimer
chmitzier, que les Viennois de 10oon’eus- Maedel. Comme tous les étres profondé¬
ent rien dautre à faire qu'à aimer, à
à ses en
ment sensuels, Schnitzler avait l’horreun
HORS DE FR“
imer en badinant, quitte à pätir de leur
& Non, Iu
de la mort et cette horreur qui pénètre
adinage, mais ces lnstoires d’amour sont
ses récits leur donne unc gravité qu'il faut que c’est
elicieusement écrites, elles dégagent une
étre aveugle pour ne point apercevoir. Lapuisque t
ARrnun se
endresse et unc mélancolie qui leur assu¬
peur de la mort empoisonne chez Schnitz-) Marie ne
rent la ddurée. Et puis, Schnitzler s’essava
au morib
ler les joiesqu'une-tendresse partagée pro¬
bel et bien, ensuite, à des sujets plus éle¬
tol. „ II
cure aux amants. Je ine demande mncme si
A propos d’une cuvre posthume
ves et de nature à Jui gagner l’estime des
drame 80
cette äpreté, si cette haine presque per¬
cette peu
critiques allemands les plus difficiles a
sonnelle avec lesquelles Schnitzler peint la
Je me trouvais à Vienne, l'automne der¬
satistaire. Qu'est-ce que Professor Bern-]mort ne l’emportent pas, dans ses fictions d’autant
nier, quand mourut T’excellent dramaturge
tempérée
les plus ardentes, sur la douceur des
et romancier Arthur Schnitzler, II serait
croyance
des sociales on la gräce du style se marie
étreintes et l’ivresse des baisers qu'il dé¬
entre, il y a un mois, de 15 mai de cette
mort, po#
àfl’acuité de la pensée avec un rare bon- crit avec tant de complaisance. Apres
année 1032, dans sa soixante et onzième
heur? Arthur Schnitzler avait pratiqué l'amour, T'animal est triste. Les personna¬
point de v
annéc. Et sans doute de grandes fétes lit¬
ges de Schnitzler confirment cette sentence
rialiste ap
quelque temps la médecine avant de
teraires eussent marqué cet anniversaire.
touchant
s'adonner à la poésie. Ily parait jusque qui doit reposer sur une observation sécu¬
Schnitzler était fort mnmé des Viennois, et
femme a
dans les plus g frivoles s de ses contes
laire. Ses femmes, surtout, sont obsédées
a juste titre. II incarnait à merveille l’es¬
à son an
et dans ses drames les plus légers en appa¬
par la fragilité des amours et leur fin né¬
prut de Tancienne Autriche et de son ai¬
femme #t
rence. IIs sont pleins d’observations justes,
cessairement tragique, simple prélude, au
mable capitale. Scimitzler était aussi Vien¬
son aman
mäme profondes, sur le cceur humain et
demeurant, à la fin non moins épouvan¬
nois que Meilhac et Halévy furent jadis
suivant, 1
sur sa façon de réagir aux coups que lui
table de l’existence elle-mème. Les dialo¬
Parrsiens. D’ailleurs, quand on voulait
fois pour
inflige ia destinée. Schnitzler a subi aussi,
gues d’amour de Schitzler sont d’une
faire plaisir à Schnitzler, on d’appelait un
de ce ch
comme tous les écrivains d’imagination de
gräce sans exemple dans la littérature alle¬
Parisien de Vienne. Les Allemands
tressaille
mande de ce temps, mais seule une criti¬
1’Allemagne et de l’Autriche contempo¬
davant la guerre qui se piquaient de toute
nous ne C
raines, l’influence de Sigmund Freud. je
que superficielle a pu méconnaitre la tra¬
sorte de vertus auxquelles n’ont jamais
la compre
vois que l’étoile du grand maitre de l’In¬
gedie qu'ils dissimulent sous l’apparence
prétendu les Viennois témoignaient à T'au-conscient commence à palir déja dans
verité, n
du triomphe de la gaietél et de l'’apothéose
teur de Liebelei une sévérite ou ii entrait cette partie de l’Europe ou il jouit naguère
disparu C
du plaisir.
un peu de dedain. II est très significatifd'un prestige spirituel presque sans exem¬
rien de
Ce n’est-peint par hasard, me semble¬
que le critique Adolf Bartels, réaction-)pie. Peut-étre la science ne retiendra-t-elle
toute reia
naire à tout erin, ait écrit dans une étude
t-il que de petit roman qui mit Arthur
Onmn'a
pas grand'chose de ses prétendues décou¬
sur Schnitzler: & Nous autres Allemands
Schnitzleren vedette portait ce titre lugu¬
de da mor
vertes. II passera peut-être comme Lom¬
bre.: Sterben (Mourir). Toute la philoso¬
nous ne saurions le prendre pleinement au broso; mais la littérature de langue alle¬
exigé par
#erieus, 2 Arthur Schnteler pour l#¬
phie desespérée de Schitzler tenait dans
Geur d’un
mande restera pleine de son souvenir.
Allemands d’ancien régime, péchait par
Freud a exercé sur les romanciers petchn-scette simple idylle. Felix aime Marie,n
#n dépout
exces de frivolité, II des effrayait par
maitresse, il l'aime dautant plus que cette
bien, ce
logues, ses contemporains, une influence
son indiscipline générale et par sa sensüh¬
amourette est condamnée à finir prochal¬
nous réve
qui s’éleva parfois jusqu'à la hautise. II v.
nement. Félix est phtisique au dernier de¬
lité, mélée de pessimisme. Schnitzler etait, ja, dans Touvrage posthume dont nous di¬
sa jeuness
ales en croire, un gauteur Crotiques, trop
gré. Et le fatal oracle d’Epidaure lui a
lesse 1
rons plus loin quelques mots, la Auite dans
curieux de l’Eternel féminin et trop obsédé
laissé entendre qu'il n’avait plus que quel¬
es ténébres (1), un élément freudien d’une
par lui pour figurer jamais dans le Wal¬
ques mois à vivre. Cependant, plus il ap¬
rare intensité.
proche de la tombe, plus l'amour lui sem¬
IIn’y a
720
poétes allemands.
ble beau et pius la nature lui parait belle.
chalance
II se raccroche, il se cramponne éperdü¬
IIya peut-être quelque chose de fondé
qui l’occu
Plus on lit, d’ailleurs, ou relit Schnitzler
ment à la douceur des soins et à l’amour
dans ce reproche, si c’en est un. Artliur
nes de sor
en essavant de le comprendre à fond, plus
caressant de sa maitresse. Jeune et pleine
Schnitzler a debuté par des récits roma¬
suite apré
on inclinc à penser qu'on lui a fait tort
de santé, Marie a commis naguère l’im¬
bres. Une
nesques et des pieces de théätre ou da pas¬
en le traitant d’érotomane invétéré et en
prudence de dire à son amant: 4 Je par¬
sion charnelle joue de principal röse.
de qualifie
Jui refusant tout autre mérite que celui
tirai avec toi 8, mais plus approche pour
Quelle peinture ardente de la lutte des
dans cette
Félix le moment du départ, plus Marie dé-l’autre. Or
(1) Flucht in die Fingternig. Berlin, chez S.
Fischer, 1031.
Rebroduction interdite.
teste sa promesse et désespèrc de la pou¬ Arthur S