VI, Allgemeine Besprechungen 2, Ausschnitte 1931–1933, Seite 8

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2. guttings
N· Di DEI! en ene de mnen
Entrait de LEN DEHORS
ORLEANS
Adresse
Date
15 AURIL 1933
Signature eeeeneessereereensesemeneen

eupom Willlekllertrtr..
Arthur SCHNITZLER, le poete de Tironie
War.——
A Vienne, sa ville natale, mourut, dans
naissance allemande, inaugurée par Heine,
Des dernières semaines de 1931, Arthur
qui rassembia Théritage dispersé de Gethe
Schnitzler. La littérature antrichienne
et de Schiller et donna à sa poésie rolnan¬
venait de perdre, en lui, le plus original,
tique le tour social, la grandeur humaine
ie plus délicat et le plus profond de ses
atteinte par Hauptman dans des Tisse¬
poètes.
runde, par Sudermann dans Lu cloche
Dramaturge, écrivain, essayiste, Schnit¬
engloutie.
zler représenta un mélangesenchanteur de
Si Schnitzler prit pour leit motiv éternel
tous les éléments moraux qui font de Tart,
ce theme éternel: P’amour, et pour armes:
en meme tempe qu’un aimable divertisse¬
Pironie, son cuvre n’en cessa pas moins
ment, ünd arme an service de in cause
de remplir une mission belle et difficile;
humaine.
éveiller l’inquiétude, projeter la pitié d’un
Durant presque un demi-siècle, Arthur
echur humain sur toutes les misères hu¬
Schnitzler fut, en Autriche, le représen¬
maines de lame et de la chair. Ainsi, son
tant d’un naturalisme qui, né avec Sten¬
a Interlude n, prodige de subtilité, mer¬
dhal, se ver de somhre réalisme chez
veille de profondeur psychologique, n'a
Zola et, chez notre anteur, d’une ironio
pas été dépassé par les maitres russes.
mélancolique.
Et si Dostolevski contempla le monde, la
Ses ceuvres, inquiétes, imprégnées d’un
vie et les hommes avec la perception aigué
fond Cangoisse et de démolition sociale,
de son regard de malade, avec cette hyper¬
les unes vigonreuses, les autres légères,
sensibilité qui est l’apanage des phtisiques
tombèrent comme des pierres dans la mare
et des névrosés, Arthur Schnitzler regarda
paisible et fétide de la société viennoise.
les Rommes, la vie et le monde avec la
I faut que nous revenions anx jours ou
Anatole v, ceuvre d’un humoriste impla¬
sain, normal et gai, dans l’organisme de
cable et délicat, eruel et almable, mélan¬
qui le raffinem.., de T’esprit faisait con¬
colique et joyeux tout à in fois, éclata
tre-pol's avec la sensü.stité d’un corps en
comme une bombe dans ce milien d’opé¬
bonne santé et avide de voluptés.
rettes à la Franz Lehar. Après & Anatole 9,
Comme tous les sensuels, Schnitzler était
piquant et andacienx, on une philosophie
mélancolique. (Je ne sais pas qui a dit que
légère et désencha tée fait défller les sen¬
&la chair est triste v.) Et comme chez tons
timents et es étres devant les yenx des
les mélancoliques qui ne sont gas des ma¬
spectateurs, les dénndant à la manière
lades, la mélancolie s’enveloppait chez lul
freudienne, son e Liebelei # attaqun avec
de cette humour fine, de cette ironie pitoya¬
plus de violence et de hardiesse encore le
ble, eubtile, pénétrante et donce qui font
probleme de Tamour et l’union des Scars.
des pages de sone Anatole n, de sa & Ron¬
On a comparé Schnitzler a Porto-Riche,
den, des petits chefs-d’auvre de la littéra¬
mort, comme on sait, à la lin de 1930, mais
ture moderne.
Porto-Riche, poête de l'amour et de la fem¬
Alfred Kerr raconte que Schnitzler vivait
me, définisseur génial de sentiments, ne
tonjours préoccupé de l’idée de la mort.
donnn jamais à son leuvre le caractère
social, l’intensité de rebellion qui font de
Mais cette pensée ne le tourmentait pas,
certaines des productions de Schnitzler les
n’assombrissait pas ses jours, n’en lit pas
un mystique ténébreux. Au contraire, cette
dignes sceurs de celles d’lbsen. Tel est cc
préoccupation stimula en Jui le besoin de
& Professeur Bernbardi o qui rappelle 6 Un
jouir de la vie. II considérait celle-ci com¬
ennemi de peuplen et g Le chemin de la
me une promenade à la fin de laquelle nous
liberté n qui est le probleme pathétique, In
attend un abime. Mais cette perception
tragédie du peuple juif, victime des lut¬
claire de la An nannihila pas en Jui le
tes de religion et de race.
plaisir des excursions, l’émotion humaine
des panoramas: amour, vie, lutte, gloire,
Schnitzler appartenait encore à cette re- réalisations de justice. Elle lui donna, au

contraire, la sérénité socratique, la pui¬
sible volupté d’Epieure et le stoleisme
d’Epietôte.

Mais conmne dans in vie de presque tous
Ies honnnes iili vechrent la période de la
guerre, il Fent quelques années profondé¬
ment tristes. La promenade avant Lebime
lnal, de combien d’obstacles s’hérissa-
telle et combien d’epines se plantèrent
dens sa chair et dans son Ame?
Ge fut à T’apogée de cette époque horri¬
bie de tuerie que queiques hommnes unis
par ie cchur et T’esprit, osèrent mal enir
le lien ardent d’une solidarité M. aine,
P’unité d’un désespoir et d’une protesta¬
tion impuissante. Schnitzler perdit dans
ces anndes de folie sa paix intérieure, sa
renommmée, desaxa sa vie, engloutie dans
Pabime de haine et de frénésie qui l’envi¬
ronnait tout entière.
Si Romain Rolland put écrire le drame
intense du paciliste, de l’esprit indépendant
au milien de l’égarement de la tuerie, dans
son Clérambault; s’il düt vivre par Jui¬
inème cette tragédie, combien fut plus dur
encore le sort des esprits indépendants
dans les empire centraux! Combien fut
plus tragique encore le drame chez un
Nicolal, un Latzko, un Stefan Zweig, chez
Schnitzler Jui-mème, qui, sans appartenir
an pacilisme militant, osa également con¬
server son indépendance, exposer ce qu’il
pensalt u amddessus de la mélée „.
Ni son prestige, ni sa situation de pa¬
triarche des lettres autrichiennes, de fon¬
dateur d’école, d’éducateur de la jeunesse,
ne ie sauverent de la persecution morate
et des insultes. II perdit son se-otre et,
amer, hautain, se retira de la lutte. C’est
à peine s’il ajouta quelque chose d sa pro¬
duction, perdant contact avec la généra¬
tion nouvelle qui l’edt compris et qui, ce¬
pendant, T’ignorait.
II a falln sa mort pour que l’on se res¬
souvienne de Schnitzler, signalé respec¬
tucusemnent par ceux qui lui avaient con¬
servé une fidélité de fils: Stefan Zweig,
Franz Werfel, en Autriche; Toller, Glae¬
ser, Remarque, en Allemagne, les nou¬
venux, qui s’inelinèrent sur cette tombe
doublement ouverte par la mort et par

Arthur Schnitzler vivait obscurément de
la vie tranquille et monotone d’un petit
rentier on d’un fonctionnaire retraité. Au
retour de sa promenade quotidienne, après
le repas, il rentra dans son bureau et lä,
assis dans un fauteuil de cuir, il s’éteignit,
un soir Tautomne, doucement, sereine¬
ment, silencieusement. On le trouva mort;
il sen était allé avec discrétion, sans brult,
sans pompe, dans une certaihe amblanse
héllénique.
Son genie, malgré son racialisme ger¬
manique, son génie, tenait plus du latin
que du nordique. IIy avait en lui beau¬
coup de choses qui rappellent Anatoie
France, mais un France avec plus de pro¬
fondeur, plus capable de sonder et de seru¬
ter les abimes de l’ame humaine.
Et sa hn, tranquille, paisible, après une
longue vie, intense, impétuense, ressem¬
blait davantage an passage de la vie se¬
reine à Timmortalité des Champs-Elysées
qu’à une entrée bruvante et triomphante
dans le Walhalla.
J'ai sons les yeux une photographie qui
le représente aux approches de 70 ans, áge
on i mournt. Son visage est plein de bon¬
homie et ses yeux clairs et pénétrants mon¬
trent encore de la vivacité et de l’acuité.
Ce sont des yenx d’entomologiste qui su¬
rent contempler l’homme, le disséquant
coimme un insecte, captant ses volitions
les plus secrêtes, mettant à mu son inti¬
mits, ce lien secret ou. recouverte par la —