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13. Miscellaneous
ANTHOLOGIE DU GROUPE MODERNE D'ART
jours, il est bon de rappeler que le truculent
curé de Meudon portait le bonnet de Montpel-
Quelques mots
lier au même titre que Theophraste Renaudot,
grand gazetier de France et père du journa¬
de conclusion
lisme.
En Angleterre, Thomas Browne fut le pro¬
totype du médecin styliste et métaphysicien.
En ouvrant cette enquête, nous n'avions évi¬
Quiques années plus tard, Goldsmith profitait
demment ni l'intention, ni la prétention d'ins¬
de ses nombreux loisirs pour rédiger l'immor¬
tituer un referendum destiné à établir de fa¬
tel « Vicaire de Wakefield ». Dans la cité du
çon décisive l'existence et la nature des rap-
lys rouge, Dante se faisait inscrire sur les
ports qui nous paraissent exister d'une part,
contrôle des médecins et apothécaires. Et plus
entre les études médicales et la production
près de nous, sans parler des écrivains vivants,
literaire, d'autre part, entre les troubles men¬
Arthur Schnitzler, — fils et frère de médecin,
taux ou nerveur et la création poétique ou,
poète et médecin lui-même, l'une des gloires
plus spécialement, telle ou telle expression de
incontestées de l'Autriche moderne, — préten¬
la poisie.
dait que les relations humaines ont leurs ma¬
Le seul intérêt des consultations de ce genre
ladies comme les êtres humains, consacrant
est, nous semble-t-il, d'apporter des témoigna¬
ainsi l'importance des disciplines médicales
ges, de confronter des opinions fondées sur
dans l'observation des cas psychologiques qui
l'expérience personnelle et de projeter ainsi,
constituent la matière organique de la création
par le jeu des oppositions, quelques clartés
littéraire.
nouvelles sur les éléments d'un problème dis-
cuté et discutable.
Cette énumération est forcément trop som¬
Napoléon disait « Pourquoi et Comment
maire pour être démonstrative. A ceux qu'elle
sont les questions les plus importantes que l'on
n'a pu convaincre de l'existence de certains
puisse faire. Ces questions, nous les avons po¬
rapports entre la littérature et la médecine,
sées à une vingtaine d'écrivains, de nationa¬
signalons simplement les deux derniers volu¬
lités diverses, tous disciples d'Esculape et, à
mes du Docteur Cabanes dont les études ri¬
des degrés différents, plus ou moins serviteurs
chement documentées permettent de consta¬
des Muses. Voyons maintenant s'il est pos¬
ter qu'à toutes les époques, ceux qu'il appelle
sible de dégager de leurs réponses quelques
« Les Evadés de la Médecine » où les « Méde¬
notions générales susceptibles d'éclairer le dé¬
cins amateurs » ont pris plaisir à coqueter
bat.
avec Dame Littérature !! (2).
« Art et Médecine ». Quoi qu'en pensent cer¬
En peut-on déduire que la pratique médicale
tains esprits chagrins, ces mots ne hurlent pas
provoque irrésistiblement le prurit de l'écri¬
du tout d'être accoupés ensemble. Ne les
ture ? Evidemment non !
retrouvons-nous pas, chaque mois, inscrits en
Comme tous les docteurs en droit que nous
lettres d'or sur la couverture d'une excellente
interrogions naguère (3), nos interlocuteurs
revue rédigée par des médecins et dans laquelle
actuels s'accordent pour affirmer que la voca¬
notre confrère, M. de Laromiquière, dirige la
tion, facteur premier de la création artisti¬
rubrique très vivante qui est consacrée aux
que est généralement antérieure aux études
médecins-littérateurs » ? Cette union de la
médicales et, en tous cas, toujours indépen¬
littérature et de la médecine n'est d'ailleurs
dante de l'exercice de l'art de guérir.
ni essentiellement contemporaine, ni spécifi¬
Ils ont raison. Le goût littéraire ne se dé¬
quement française. On constate aisément que
veloppe pas artificiellement. On le trouve par¬
le phénomène est général, dans l'espace et
fois chez des primaires, exempts de toute for¬
dans le temps.
mation universitaire quelconque. Il peut aussi
Sans prétendre à l'érudition du docteur
bien se rencontrer chez un docteur en droit
Achille Chéreau qui se flattait d'avoir catalo-
que chez un ingénieur. Et, à cet égard, nous
qué les œuvres de tous les médecins poètes de
la France (1
et Dieu sait s'il y en a eu
depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos
(2) Docteur CABANES. Les évadés de la Méde¬
cine. Médecins amateurs. Deux volumes. Editions Al-
Achille HERE. Le Parnasse médical Fran-
in Michel, Paris, 1932.
çais ou dictionnaire des médecins poètes de la France
(3) Constant de Horion. Les lettres et le Droit.
anciens et modernes, morts ou vivants, Ed. Delahaye,
Editions Anthologie. Liège, 1928.
1871. In 1552 pp.
13. Miscellaneous
ANTHOLOGIE DU GROUPE MODERNE D'ART
jours, il est bon de rappeler que le truculent
curé de Meudon portait le bonnet de Montpel-
Quelques mots
lier au même titre que Theophraste Renaudot,
grand gazetier de France et père du journa¬
de conclusion
lisme.
En Angleterre, Thomas Browne fut le pro¬
totype du médecin styliste et métaphysicien.
En ouvrant cette enquête, nous n'avions évi¬
Quiques années plus tard, Goldsmith profitait
demment ni l'intention, ni la prétention d'ins¬
de ses nombreux loisirs pour rédiger l'immor¬
tituer un referendum destiné à établir de fa¬
tel « Vicaire de Wakefield ». Dans la cité du
çon décisive l'existence et la nature des rap-
lys rouge, Dante se faisait inscrire sur les
ports qui nous paraissent exister d'une part,
contrôle des médecins et apothécaires. Et plus
entre les études médicales et la production
près de nous, sans parler des écrivains vivants,
literaire, d'autre part, entre les troubles men¬
Arthur Schnitzler, — fils et frère de médecin,
taux ou nerveur et la création poétique ou,
poète et médecin lui-même, l'une des gloires
plus spécialement, telle ou telle expression de
incontestées de l'Autriche moderne, — préten¬
la poisie.
dait que les relations humaines ont leurs ma¬
Le seul intérêt des consultations de ce genre
ladies comme les êtres humains, consacrant
est, nous semble-t-il, d'apporter des témoigna¬
ainsi l'importance des disciplines médicales
ges, de confronter des opinions fondées sur
dans l'observation des cas psychologiques qui
l'expérience personnelle et de projeter ainsi,
constituent la matière organique de la création
par le jeu des oppositions, quelques clartés
littéraire.
nouvelles sur les éléments d'un problème dis-
cuté et discutable.
Cette énumération est forcément trop som¬
Napoléon disait « Pourquoi et Comment
maire pour être démonstrative. A ceux qu'elle
sont les questions les plus importantes que l'on
n'a pu convaincre de l'existence de certains
puisse faire. Ces questions, nous les avons po¬
rapports entre la littérature et la médecine,
sées à une vingtaine d'écrivains, de nationa¬
signalons simplement les deux derniers volu¬
lités diverses, tous disciples d'Esculape et, à
mes du Docteur Cabanes dont les études ri¬
des degrés différents, plus ou moins serviteurs
chement documentées permettent de consta¬
des Muses. Voyons maintenant s'il est pos¬
ter qu'à toutes les époques, ceux qu'il appelle
sible de dégager de leurs réponses quelques
« Les Evadés de la Médecine » où les « Méde¬
notions générales susceptibles d'éclairer le dé¬
cins amateurs » ont pris plaisir à coqueter
bat.
avec Dame Littérature !! (2).
« Art et Médecine ». Quoi qu'en pensent cer¬
En peut-on déduire que la pratique médicale
tains esprits chagrins, ces mots ne hurlent pas
provoque irrésistiblement le prurit de l'écri¬
du tout d'être accoupés ensemble. Ne les
ture ? Evidemment non !
retrouvons-nous pas, chaque mois, inscrits en
Comme tous les docteurs en droit que nous
lettres d'or sur la couverture d'une excellente
interrogions naguère (3), nos interlocuteurs
revue rédigée par des médecins et dans laquelle
actuels s'accordent pour affirmer que la voca¬
notre confrère, M. de Laromiquière, dirige la
tion, facteur premier de la création artisti¬
rubrique très vivante qui est consacrée aux
que est généralement antérieure aux études
médecins-littérateurs » ? Cette union de la
médicales et, en tous cas, toujours indépen¬
littérature et de la médecine n'est d'ailleurs
dante de l'exercice de l'art de guérir.
ni essentiellement contemporaine, ni spécifi¬
Ils ont raison. Le goût littéraire ne se dé¬
quement française. On constate aisément que
veloppe pas artificiellement. On le trouve par¬
le phénomène est général, dans l'espace et
fois chez des primaires, exempts de toute for¬
dans le temps.
mation universitaire quelconque. Il peut aussi
Sans prétendre à l'érudition du docteur
bien se rencontrer chez un docteur en droit
Achille Chéreau qui se flattait d'avoir catalo-
que chez un ingénieur. Et, à cet égard, nous
qué les œuvres de tous les médecins poètes de
la France (1
et Dieu sait s'il y en a eu
depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos
(2) Docteur CABANES. Les évadés de la Méde¬
cine. Médecins amateurs. Deux volumes. Editions Al-
Achille HERE. Le Parnasse médical Fran-
in Michel, Paris, 1932.
çais ou dictionnaire des médecins poètes de la France
(3) Constant de Horion. Les lettres et le Droit.
anciens et modernes, morts ou vivants, Ed. Delahaye,
Editions Anthologie. Liège, 1928.
1871. In 1552 pp.