I, Erzählende Schriften 35, Therese. Chronik eines Frauenlebens, Seite 55

Therese
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THERESE OU LES AMOURS VIENNOISES.
donner, les yeux fermés, à un musieien homme du merde, un
demi-artiste qu'elle éspère sauver et à qui son dévonement
d’ailleurs ne sert de rien. Thérèse est encore plus à plaindre.
Elle mène pour vivre le métier d’institutrice. Et sans doute, je
venx croire que beaucoup de ses pareilles sont des femmes
irréprochables. Pourtant, quand on y songe, quand on pense
qu'elles ont un cceur, que de chagrins, de rebuffades, que de
muettes résignations derrière le visage de ces éternelles isolées,
que de romans insoupconnés sous ie masque de ces femmes
qu'on désigne sous le nom impersonnel de Fraülein!
Fille d’officier supérieur à la retraite, il va sans dire,
Thérèse n’a pas dix-huit ans quand ie colonel Fabiani donne
des signes de troubles cérébraux qui le font enfermer dans ine
maison de santé. La mère est une ancienne baronne qui se sou¬
vient de ses grandeurs passées, des terres que sa famille possé¬
dait en Styrie, des bois ou, jeune fille, elle montait des poneys
sauvages. Tombée dans la deche, cette noble dame subsiste
d’expédients, reçoit une société équivoque; Thérèse s’aperçoit
qu'au lycée ses compagnes la tiennent à distance: dans la rue
ses amies feignent de ne plus la reconnaitre. Elle prend de
bonne heure conscience de son Jéclassement. Comment sortir
de la? Ellen’a à compter que sur elle-méme. U. ami de son
frère, Alfred, lui fait la cour, mais qu’il est timide, emprunté!
II lui demande de l’attenare six ans, jusqu’'à la fin de ses
études. Que faire d’un pareil nigaud? La vie n’attend pas, c’est
tout de suite que Thérèse a besoin de secours. Elle est’serrée de
près par un vieux roquentin, et sa beronne de mère la lui
pousse presque dans les bras. Thérèse l’écarte avec dégodt.
C’est dans ce désarroi que la pauvre enfant s’amourache d’un
militaire, s’imagine sur la foi de ce bel oiseau à parements
jonquille que ce sera le bonheur, le grand amour et le salut:
c’est comme une évasion et une délivrance: elle devient la
maitresse de Max qui ne demande pes mienx et fait la sourde
oreille quand elle lui parle de marlage.
Que reste-t-il à faire à Thérèse? La vie de province auprès
d’une vieille folle compromise, la province ou lout son passé la
montre au doigt, ou tout lui rappelle sa déconvenue désas¬
treuse, le père qui agonise dans un asile d’slienés, la mère qui
a changé de marotte et qui se toque de littérature? ou an
contraire, la grande ville ou elle se souvient d’avoir passé