35. Therese
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REYUE DES DEUX MONDES.
quelques années heureuses, la ville ou lon se perd dans la
foulé anonyme, ou il y a des magasins, du monds, la fortune,
au moins l’occasion, l’aventure? Et voilà Thérèse qui se jette
n Teau, prête à recommencer sériensement la vie.
Rien de plus désarmé à celte date qufune jeune ülle du
monde: Thérèse n’a aucun métier; sans brevel, sans certili¬
cals, sans relalions, sans talents, c’est une rude entreprise que
de trouver à se caser, mème en ce temps ou il y avait plase
pour une institutrice dans les familles bourgeoises. Elle fait le
tour des adresses au'elle trouve dans les petites annonces. La
vollà réduite à entrer au pelit bonheur dans les maisons on
T’on veut bien d’elle, et c’est pendant des pages un voyage à¬
Travers tous les milieux et à tons les élages de lancienne bour¬
geoisie viennoise: familles du commerce ou de Tindustrie,
médecins, avocats, rentiers, quelquefois une maison de banque,
un jeur les beaux quartiers, plus souvent les rues noires du
centre de la ville, chassée d’un endroit par la crasse, d’un
antre par l'avarice et le caraclère acariätre, persécutes ici par
les avances du maitre d’hôtel, ailleurs par celles du patron.
Souvent elle ne reste en place que quelques jours et c’est le
côté le plus décourageant de son métier. Une fois, dans une
maison ou elle se plaisait, il lui arrive de surprendre une
conversation galante de la dame du logis, et le lendemain elle
est remerciée. Ailleurs, elle n'y tient plus devant d’horribles
scènes de ménage. Une autre fois, elle se trouve à l'aise,
presque en famille dans la maison d’un négociant: elle
s'attache à son petit éléve, le veille trois nuits de suite dans
une maladie; enfin eile rencontre un foyer, du bien-être, se
croit à l'abri pour longtemps: un matin, elle apprend que
Mademoiselle revient, et qu'elle n’était qu'une remplaçante.
Elles’en va en pleurant toutes les larmes de son corps. On lui
donne un petit souvenir de cinquante franes, et la voilà sur le
pavé.
Elle décide alors d’exercer son devoir d’une manière loute
mécanique. Elle arrive à régler ses sentiments comme une
montre. Avec letemps, T’oubli vient: elle est guérie de Max;
elle se croit sauvée de Tamour. C’est alors qu'elle rencontre
Casimir. 6 En veston clair tout flambant neuf, mais qui allait
lout de travers, Hottait d’une manière risible autour de son
corps efflanqué, il s’avançait en sautillant, les deux mains dans
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REYUE DES DEUX MONDES.
quelques années heureuses, la ville ou lon se perd dans la
foulé anonyme, ou il y a des magasins, du monds, la fortune,
au moins l’occasion, l’aventure? Et voilà Thérèse qui se jette
n Teau, prête à recommencer sériensement la vie.
Rien de plus désarmé à celte date qufune jeune ülle du
monde: Thérèse n’a aucun métier; sans brevel, sans certili¬
cals, sans relalions, sans talents, c’est une rude entreprise que
de trouver à se caser, mème en ce temps ou il y avait plase
pour une institutrice dans les familles bourgeoises. Elle fait le
tour des adresses au'elle trouve dans les petites annonces. La
vollà réduite à entrer au pelit bonheur dans les maisons on
T’on veut bien d’elle, et c’est pendant des pages un voyage à¬
Travers tous les milieux et à tons les élages de lancienne bour¬
geoisie viennoise: familles du commerce ou de Tindustrie,
médecins, avocats, rentiers, quelquefois une maison de banque,
un jeur les beaux quartiers, plus souvent les rues noires du
centre de la ville, chassée d’un endroit par la crasse, d’un
antre par l'avarice et le caraclère acariätre, persécutes ici par
les avances du maitre d’hôtel, ailleurs par celles du patron.
Souvent elle ne reste en place que quelques jours et c’est le
côté le plus décourageant de son métier. Une fois, dans une
maison ou elle se plaisait, il lui arrive de surprendre une
conversation galante de la dame du logis, et le lendemain elle
est remerciée. Ailleurs, elle n'y tient plus devant d’horribles
scènes de ménage. Une autre fois, elle se trouve à l'aise,
presque en famille dans la maison d’un négociant: elle
s'attache à son petit éléve, le veille trois nuits de suite dans
une maladie; enfin eile rencontre un foyer, du bien-être, se
croit à l'abri pour longtemps: un matin, elle apprend que
Mademoiselle revient, et qu'elle n’était qu'une remplaçante.
Elles’en va en pleurant toutes les larmes de son corps. On lui
donne un petit souvenir de cinquante franes, et la voilà sur le
pavé.
Elle décide alors d’exercer son devoir d’une manière loute
mécanique. Elle arrive à régler ses sentiments comme une
montre. Avec letemps, T’oubli vient: elle est guérie de Max;
elle se croit sauvée de Tamour. C’est alors qu'elle rencontre
Casimir. 6 En veston clair tout flambant neuf, mais qui allait
lout de travers, Hottait d’une manière risible autour de son
corps efflanqué, il s’avançait en sautillant, les deux mains dans