I, Erzählende Schriften 35, Therese. Chronik eines Frauenlebens, Seite 63

Therese
38. Aannn
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THERESE OU LES AMOURS VIENNOISES.
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quand le livre s’achéve sur une scène d’horreur aussi tra¬
gique que les dernières pages de ('Idiot ou des Possédés et que
nous voyons l'affreux Franz tenter d’assassiner Thérèse pour la
dévaliser.
Sur le lit d’höpital ou on transporte la moribonde, ilnya
plus qu'un dernier souffle qui l’attache à la vie:ce n’est pas
une idée d’amour, c’est une idée d’expiation. Elle fait venir,
non un prêtre (ilya tout de mème ici quelque chose d’un pen
singulier pour une catholique, mème pécheresse comme Thé¬
rese), mais Alfred, son premier ami et son vieux confident,
pour disculper son fils et se débarrasser de ce qu’elle a sur le
cceur. Elle murmure: ell est innocent. II n’a fait que me
rendre ce queje lui ai fait. 9 Et cet aveu lui fait du bien: c’est
ce qui donne un sens à sa misérable vie, à tout ce qu'elle avait
souffert, à ce qui lui restait à souffrir. 6 Son fils lui était
rendu, elle trouvait enfin avec lui son véritable rapport: 11
était pour elle l’instrument d’une justice. „
Justice de Dieu, justice des faits? M. Schnitzler ne le dit
pas. Mais on ne peut qu'admirer dans ce grand esprit scep¬
tique et détaché, à travers la ruine de tant de préjugés, la sur¬
vivance de cette vieille mystique judaique, de ce mystérieux
calcul de compensations, de cette loi du talion qui accompagne
depuis l’origine les hommes de sa race. Legs moral quicons¬
titue peut-être l’unique solidité d’un monde d’illusions absurde
et dérisoire: et il semble, pour dernier mot, s’exhaler de sce
livre la plus vieille plainte du monde, le gémissement dilsraél,
le cri séculaire de Job, qu’il vaudrait mienx n’étre pas né, ou
T’axiome de l’Ecclésiaste, le glas désolé de la vie: Tanitas vant¬
tatum et omntd vanitas.
Lovis Guzer.