Fraeulein Else
box 5/2
31. G E E E E
Ce Numéro: 1 Franc 50
28 Juiliet 1929
Neuvième Année, No 30
(Tome XVIII No 446)
Atrioros
BRsceS
REVUE HEBDOMADAIRE D’ACTION NATIONALE
Fendateur: Dr P. BUCHER
Rédacteur en Cier: GabRuss BERONER
Diescteer 1 JULES-ALBERT JAEGER
1869-1921
Rédaction et Administration: STRASBOURG, 6, rue Pierre Bucher
TELEPHONE: 9-49
CHEOUES POSTAUX, STRASBOURG 36.65
PRIX DE LABONNEMENT
90 france
. 60 francs Etranger, un an
France, un an
50
six mois
32 9
six mois
Abonnement de bienveillance: 100 francs
500 „
Abonnement permanent:
LITTERATURE ALLEMANDE CONTEMPORAINE:
LA NOUVELLE
vées que dans une littérature très développée, à la
La littérature allemande contemporaine accuse
fois maitresse et consciente de ses moyens; car elles
deux tendances nettement définies, ihcompatibles en
demandent un tres grand effort de concentration et
apparence, mais qui toutes deux sont la résullante
de mesure.
d’un méme état d’esprit — et en ceci il faut voir un
Celn explique sans doute aussi pourquoi la nou¬
signe des temps. D'’un part la littéralure qu’on qua¬
velle apparaft si tard dans toutes les littératures. En
lifiera suivant les circonstances ou les besoins de lit¬
Allemagne il ne saurait guère étre question de ce
térature à these, à tendance ou à idées, ei qui sert a
genre littéraire avant Schiller, et surtout avant Kleist
exprimer des opinions, des convictions ou des pro¬
qui, du premier coup, le porta à un degré de perfec-.
jets de réforme. Cette tendance apparait surtout dans
tion rarement atleint et jamais dépassé depuis. II ne
le théätre et dans le roman (!); d’autre part, la litté¬
faut donc pas s’étonner que jamais non plus genre
rature dart, qui est avant tout une expression artis¬
littéraire n'ait été autant discuté et contesté que celuf¬
tique, tant par la composition et le contenu que par
ci. Tous les théoriciens de la liltérature ont tenté
la forme. Ces deux tendances se trouvent dans n’im¬
d’en fixer les lois et, en maintes circonstances, les
porte quelle littérature et à n’importe quelle époque.
auteurs de nouvelleg ont eux-méines rompu nombre
D’ordinaire c’est par la poésie que la deuxieme
de lances pour leurs propres idées.
tendance est le plus parfaitement représentée. Mais
Après les créations de Kleist, de Annette von
en Allemagne, ce genre est acluellement bien pauvre,
Droste (la nouvelle criminaliste) et des romanti¬
exception faite pour quelques grands noms et semble
ques, certains auteurs allemands se sont spécialisés
au contraire plutôt se rapprocher de la lillérature à
dans le genre: Heyse, Storm, Fontane, C.-F. Meyer.
thèmes (poésie unanimiste, prolétaire..J. Depuis une
Goltfried Keller ont composé des nouvelles qui, jus¬
dizaine d’années pourtant, s’est développé en Alle¬
que dans ees derniers lemps Staient à juste titre
magne un gehre narratif, exelusivement artistique
considerees comme des modeles d’ingéniosité et de
dans sa forme et épique par ses movens d’exrres¬
fackure. Mais peu à peu la source qui les avait ali¬
sion dont le röle dans la littérature d’arl devient de
mentées commenca à tarir, à la fécondité qui avait
plus en plus important: la nonvelle. Ce genre est aussi
marqué cette époque de floraison, succéda une pé¬
le plus strictement astreint anx regles d’art; non
riode d’épuisement. La nonvelle passa de mode ei
point à des regles loutes extérieures, telles que lon¬
tomba dans le factice, le manièré, T’artificiel. La
gueur de la phrase ou nombre de syllabes, mais à des
cause de ce changement était simple: une autre men¬
regles d’équilibre intérieur, de composilion, d’effets
talité s’était formée, une nouvelle conception de l’art
artistiques et surtout à des regles de mesure et de
s’ébauchait, auxquelles la c nouvelle v concue selon
lact. II ya là une discipline qui ne reléve pas du sim¬
T’idéal artistique du 19e siècle ne suffisait plus. L’évo¬
ple talent, de la facilité de création on d’un art encore
lution de la psychologie, la révélation de l’incons¬
primitif et spontané. Au contraire ce sont des lois
eicht, le bouleversement de toutes les traditions ar¬
qui ne peuvent étre bien comprises et surtout obser¬
tistiques, avaient rendu un remaniement, une réno¬
valion des formes d’art absolument nécessaires. C’est
(1) Cf. le Roman de la Gueere, Alsace Française du 9 juin.
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31. G E E E E
Ce Numéro: 1 Franc 50
28 Juiliet 1929
Neuvième Année, No 30
(Tome XVIII No 446)
Atrioros
BRsceS
REVUE HEBDOMADAIRE D’ACTION NATIONALE
Fendateur: Dr P. BUCHER
Rédacteur en Cier: GabRuss BERONER
Diescteer 1 JULES-ALBERT JAEGER
1869-1921
Rédaction et Administration: STRASBOURG, 6, rue Pierre Bucher
TELEPHONE: 9-49
CHEOUES POSTAUX, STRASBOURG 36.65
PRIX DE LABONNEMENT
90 france
. 60 francs Etranger, un an
France, un an
50
six mois
32 9
six mois
Abonnement de bienveillance: 100 francs
500 „
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LITTERATURE ALLEMANDE CONTEMPORAINE:
LA NOUVELLE
vées que dans une littérature très développée, à la
La littérature allemande contemporaine accuse
fois maitresse et consciente de ses moyens; car elles
deux tendances nettement définies, ihcompatibles en
demandent un tres grand effort de concentration et
apparence, mais qui toutes deux sont la résullante
de mesure.
d’un méme état d’esprit — et en ceci il faut voir un
Celn explique sans doute aussi pourquoi la nou¬
signe des temps. D'’un part la littéralure qu’on qua¬
velle apparaft si tard dans toutes les littératures. En
lifiera suivant les circonstances ou les besoins de lit¬
Allemagne il ne saurait guère étre question de ce
térature à these, à tendance ou à idées, ei qui sert a
genre littéraire avant Schiller, et surtout avant Kleist
exprimer des opinions, des convictions ou des pro¬
qui, du premier coup, le porta à un degré de perfec-.
jets de réforme. Cette tendance apparait surtout dans
tion rarement atleint et jamais dépassé depuis. II ne
le théätre et dans le roman (!); d’autre part, la litté¬
faut donc pas s’étonner que jamais non plus genre
rature dart, qui est avant tout une expression artis¬
littéraire n'ait été autant discuté et contesté que celuf¬
tique, tant par la composition et le contenu que par
ci. Tous les théoriciens de la liltérature ont tenté
la forme. Ces deux tendances se trouvent dans n’im¬
d’en fixer les lois et, en maintes circonstances, les
porte quelle littérature et à n’importe quelle époque.
auteurs de nouvelleg ont eux-méines rompu nombre
D’ordinaire c’est par la poésie que la deuxieme
de lances pour leurs propres idées.
tendance est le plus parfaitement représentée. Mais
Après les créations de Kleist, de Annette von
en Allemagne, ce genre est acluellement bien pauvre,
Droste (la nouvelle criminaliste) et des romanti¬
exception faite pour quelques grands noms et semble
ques, certains auteurs allemands se sont spécialisés
au contraire plutôt se rapprocher de la lillérature à
dans le genre: Heyse, Storm, Fontane, C.-F. Meyer.
thèmes (poésie unanimiste, prolétaire..J. Depuis une
Goltfried Keller ont composé des nouvelles qui, jus¬
dizaine d’années pourtant, s’est développé en Alle¬
que dans ees derniers lemps Staient à juste titre
magne un gehre narratif, exelusivement artistique
considerees comme des modeles d’ingéniosité et de
dans sa forme et épique par ses movens d’exrres¬
fackure. Mais peu à peu la source qui les avait ali¬
sion dont le röle dans la littérature d’arl devient de
mentées commenca à tarir, à la fécondité qui avait
plus en plus important: la nonvelle. Ce genre est aussi
marqué cette époque de floraison, succéda une pé¬
le plus strictement astreint anx regles d’art; non
riode d’épuisement. La nonvelle passa de mode ei
point à des regles loutes extérieures, telles que lon¬
tomba dans le factice, le manièré, T’artificiel. La
gueur de la phrase ou nombre de syllabes, mais à des
cause de ce changement était simple: une autre men¬
regles d’équilibre intérieur, de composilion, d’effets
talité s’était formée, une nouvelle conception de l’art
artistiques et surtout à des regles de mesure et de
s’ébauchait, auxquelles la c nouvelle v concue selon
lact. II ya là une discipline qui ne reléve pas du sim¬
T’idéal artistique du 19e siècle ne suffisait plus. L’évo¬
ple talent, de la facilité de création on d’un art encore
lution de la psychologie, la révélation de l’incons¬
primitif et spontané. Au contraire ce sont des lois
eicht, le bouleversement de toutes les traditions ar¬
qui ne peuvent étre bien comprises et surtout obser¬
tistiques, avaient rendu un remaniement, une réno¬
valion des formes d’art absolument nécessaires. C’est
(1) Cf. le Roman de la Gueere, Alsace Française du 9 juin.