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Der Neg ins Freie
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LA REYUE DE PARIS
par un simple artilice de romancier quil a placé ses deux
héros dans un milien presque exclusivement juif. II est clair
qu'il a voulu par lä fixer un moment de cette accommodation
de deux sociétés, qui s’accomplit lentement à travers des
malaises st des conflits doulonrenx. C’est dans les cercles
artistes que cette fusion s’accomplit le plus rapidement, et
c’est dans ce milieu que nous a transportés Schnitzler. Si
Georges de Wergenthin et Anna Rosner fréquentent dans les
salons juifs, c’est que, compositeur et cantatrice, ils ytrouvent
autant et plus de connaisseurs sympathiques que dans les salons
de la bourgeoisie authentiquement chrétienne.
Anna et Georges ont fait connaissance chez cette bonne
madame Ehrenberg dont le principal souci est de faire grande
figure dans le monde; sa maison est une de celles ou les
gens de d race aryenne ) et ceux de d race jutze ) se ren¬
contrent le plus volontiers; on y voit des ofliciers aristocrates,
des littérateurs connue, des musiciens de talent; les.
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y sont intelligentes et jolies, la conversation asser libre et
pourtant de hon ton; la tenue en serait parfaite si le vienx
Salomon Ehrenberg ne se plaisait à contrarier, par des incon¬
venances soigneusement concertées, les prétentions mondaines
de sa femme.
Salomon est le plus fruste, le moins assimilé et le moins
assimilable de tous les juifs qui fréquentent chez sa femme.
II est hostile de parli pris à tous les raffinements mon¬
dains. Les réceptions du jeudi sont pour lui une insuppor¬
table comédie; elles troublent son confort; elles l’empéchent
de diner en paix chez lui ce jour-la. II soupconne d’ailleurs
chez tous les invités de sa femme qui ne sont pas juifs des
antisémites, donc des ennemis mortels. II est, lui, partisan de
l’indépendance juive et du sionisme, non par attachement
profond à sa religion, mais par nervosité, par esprit de contra¬
diction, et par amour des solutions extrémes. Au début de
Thiver, effrayé par la perspective d’une neuvelle g saison 9, il
prend la décison de fui Vienne et d’aller voyager en Orient,
tout seul; devant sa femme placidement ironique, il expose ses
plans au romancier Nürnberger:
J'ai lintentien d’aller encore plus loin, en Egypte, en Syrie,
et probablement mème en Palestine. Eh oui! est-ce parce qu'on
Der Neg ins Freie
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LA REYUE DE PARIS
par un simple artilice de romancier quil a placé ses deux
héros dans un milien presque exclusivement juif. II est clair
qu'il a voulu par lä fixer un moment de cette accommodation
de deux sociétés, qui s’accomplit lentement à travers des
malaises st des conflits doulonrenx. C’est dans les cercles
artistes que cette fusion s’accomplit le plus rapidement, et
c’est dans ce milieu que nous a transportés Schnitzler. Si
Georges de Wergenthin et Anna Rosner fréquentent dans les
salons juifs, c’est que, compositeur et cantatrice, ils ytrouvent
autant et plus de connaisseurs sympathiques que dans les salons
de la bourgeoisie authentiquement chrétienne.
Anna et Georges ont fait connaissance chez cette bonne
madame Ehrenberg dont le principal souci est de faire grande
figure dans le monde; sa maison est une de celles ou les
gens de d race aryenne ) et ceux de d race jutze ) se ren¬
contrent le plus volontiers; on y voit des ofliciers aristocrates,
des littérateurs connue, des musiciens de talent; les.
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y sont intelligentes et jolies, la conversation asser libre et
pourtant de hon ton; la tenue en serait parfaite si le vienx
Salomon Ehrenberg ne se plaisait à contrarier, par des incon¬
venances soigneusement concertées, les prétentions mondaines
de sa femme.
Salomon est le plus fruste, le moins assimilé et le moins
assimilable de tous les juifs qui fréquentent chez sa femme.
II est hostile de parli pris à tous les raffinements mon¬
dains. Les réceptions du jeudi sont pour lui une insuppor¬
table comédie; elles troublent son confort; elles l’empéchent
de diner en paix chez lui ce jour-la. II soupconne d’ailleurs
chez tous les invités de sa femme qui ne sont pas juifs des
antisémites, donc des ennemis mortels. II est, lui, partisan de
l’indépendance juive et du sionisme, non par attachement
profond à sa religion, mais par nervosité, par esprit de contra¬
diction, et par amour des solutions extrémes. Au début de
Thiver, effrayé par la perspective d’une neuvelle g saison 9, il
prend la décison de fui Vienne et d’aller voyager en Orient,
tout seul; devant sa femme placidement ironique, il expose ses
plans au romancier Nürnberger:
J'ai lintentien d’aller encore plus loin, en Egypte, en Syrie,
et probablement mème en Palestine. Eh oui! est-ce parce qu'on