I, Erzählende Schriften 22, Der Tod des Junggesellen. Novelle, Seite 11

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esellen
Tod eines Jun
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LA REVUE MONDIALE
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sympathie que Schnitzler éprouve naturellement pour le milieu
ou il est enraciné.
Le milieu viennois diffère profondément d'un milieu berli¬
nois ou munichois. My a lä une société, au sens mondain du
mot, qui rappelle plutöt la vie parisienne que celle des dapitales
allemandes. L’éerwain s'y trouve moins isolé que dans les pays
du nord, son champ d’exploration, au lien de se limiter d des
cas individuels, est celui qusoffre une bourgeoisie ancienne, qui a
des traditions, des loisirs, pour laquelle Tart, la musique surtouf,
et Tamour jouent un röle capital. II se troupe au contratre du ro¬
mancier allemand, annexé d des formes litteraires qui rappel¬
lent celles de la conversation. Plus de longues ei lentes descrip¬
tions, plus de digressions philosophiques, plus d’élans lyriques
ou Tindividu s expose complaisamment; dans un salon il faut dire
vite, pour retenir des auditeurs impatienis de placer un mot a
leur tour, acèrer la pointe pour que le récit porte, étre immédiate¬
ment intelligible sous peine que Von vous bäille au nez, et temr
des propos d’inférêt assez genéral pour que le commun des audi¬
teurs suive le récit. Toutes ces qualités se trouvent dans la nar
ration de Schnitzler comme dans un roman français.
La différence est dans les sujets, ou au moins dans la nuance
des émotions que la vie mondaine donne aux personnages.
Le milieu viennois est cosmopolite. Paul Zifferer, dont on a
pu lire Die Kaiserstadt (La ville Impériale), avait bien saisi le
jeu mouvant des races dans la capitale de Frangois-Joseph ou
depuis le Moyen-Age n'ont cessé de s'affronter Germains, Slaves
et Juifs — I’Orient, I'Italie aussi sont tout près. Si bien que?
sous le bariolage des coutumes, des préjugés, les mceurs oni pris
une sorte d’unité; on ne communique que pour ce qui est large¬
ment humain, ce qui se retrouve éternellement pareil à travers la
diversité des civilisations.
Les grands thèmes, celui de Tamour, celui de la mort, re¬
viennent réguliérement d'un bout d l'autre de Tcupre de Schnitz¬
ler. Mais avec une coloration d’érotisme particulière ou Von
sent, comme dans le lyrisme de Hofmannsthal, la lassitude des
civilisations raffinécs. le scepticisme d’expériences mondaines
accumulées, une foncière mélancolie accompagnant en sour¬
dine des existences faciles et vouées au plaistr.