I, Erzählende Schriften 22, Der Tod des Junggesellen. Novelle, Seite 15

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LA REVUE MONDIALE
— C’est épouvantable, n'est-ce pas? dit-il. Comment est-ce
donc arrivé?
Etil regarda le mort avec des yeux ou se lisait la défiance.
Le médecin raconta ce qulil savait et ajouta:
Meme si j’étais arrivé aussitöt, je n'aurais rien pu
faire.
Songez, dit le commerçant, qulily a juste huit jours que
je lui al parlé pour la dernière fois. C’était au théätre. Je
voulais ensuite souper avec lui, mais il avait encore un de ses
mystérieux rendez-vous.
En avait-il toujours? demanda le médecin avec un triste
soufire.
De nouveau, une voiture s arrêta; le commerçant alla à la
fenetre. Lorsqu’il vit le poête sortir de la voiture, il recula, car
il ne voulait pas, ne füt-ce que par sa mine, etre l'annonciateur
de la funäbre nouvelle. Le médecin avait tiré une cigarette de
son étui et il la tournait dans tous les sens avec embarras.
Cest une habitude de mes années d’höpital, fit-i remar¬
quer en s’excusant. Lorsque la nuit je quittais une chambre de
malade, ma première affaire, sitôt dehors, était d’allumer une
cigarette, après avoir donné une injection de morphine ou bien
constaté un décès, peu importe.
Savez-vous, dit le commergant, depuis combien de temps
je n'ai pas vu quelqu'un de mort? Ily a quatorze ans.,, depuis
que mon père a été mis au cercueil.
— Et votre femme? fit le médecin.
Ma femme, répondit l'autre, je l'ai bien vue à ses der¬
niers moments, mais.,, ensuite, non.
Le poéte parut, il tendit aux autres la main, tandis qu'il
dirigeait vers le lit un regard incertain, puis il s'approcha résolu¬
ment et considéra le cadavre avec gravité, toutefois non sans que
ses levres eussent un mouvement dédaigneux.
C’est donc lui, se disait-il en lui-meme, car souvent il
sétait demandé, par une sorte de jeu, lequel de ses amis serait
destiné à prendre le premier le chemin supreme.
La gouvernante entra. Les lanes aux yeux, elle s’agenouilla
devant le lit, sanglota et croisa les mains. Le poête mit douce¬
ment sur l’épaule de la vieille femme une main consolatrice.