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22. Der Tod eines Junggeselle.
LR GELIRATAIRE
145
Le commergant et le médecin étaient debout près de la fe¬
netre et T'air nocturne du printemps caressait leur front.
En verité, il est étrange — déclara le commergant —
qu'il nous ait mandés tous ici. Voulait-il nous volr rassemblés
autcur de son lit de mort? Avait-il quelque chose d’important
d nous direr
En ce qui me concerne, fit le docteur avec un dou¬
loureux sourire, ilny a rien d’étonnant, puisque je suis médecin,
et vous, fit-i en s'adressant au commerçant, vous étiez sans doute
parfois son conseiller en affaires, II s’agissait peut-etre de dispo¬
sitions testamentaires qu'il voulait personnellement vous confier.
C’est possible, dit le commerçant.
La gouvernante s’était éloignée et les amic purent l’entendre
dans T'antichambre avec le domestique. Le poête était toujours
debout devant le lit et il tenait un colloque mystérieux avec
le mort.
- Lui, dit tout bas le commerçant au médecin, Jui, a été,
je crois, ces derniers temps assez souvent avec notre ami; peut¬
etre sera-t-il en mesure de nous renseigner.
Le poéte était taujours immobile; il fixait ses regards péné¬
trants sur les yeux fermés du mort.
Ses mains, qui tenaient son chapeau gris à larges bords,
étaient croisées derrière son dos, Les deux autres hommes com¬
mençaient à Fimpatienter. Le comnmerçant s’approcha du poète
en toussotant.
Ily a trois jours, déclara le poête, j'ai fait avec lui une
promenade de deux Heures, lä-bas, parmi les vignobles. Voulez¬
vous savoir ce dont il parlait? D'un vovage en Suéde qu'il pro¬
jetait pour l’été, des dernières reproductions éditées à Londres
chez Watson et enfin d’aéronautique. Il me donnait toutes sortes
d’explications de physique mathématique, relatives au dirigeable
que, soit dit franchement, je n'ai pas toutes comprises. En verité,
il ne pensait pas à la mort. Ne serait-ce pas parce que, quand
on est arrivé à un certain äge, on cesse de penser à la mort?
Le médecin était entré dans la pièce d’à-côté. Là il pouvait
bien se risquer à allumer sa cigarette. Lorsque sur la table, dans
une coupe de bronze, il vit une cendre blanche, il fut saisi d’une
impression singulière, comme s’il eüt apergu un fantöme. & Pour¬
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22. Der Tod eines Junggeselle.
LR GELIRATAIRE
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Le commergant et le médecin étaient debout près de la fe¬
netre et T'air nocturne du printemps caressait leur front.
En verité, il est étrange — déclara le commergant —
qu'il nous ait mandés tous ici. Voulait-il nous volr rassemblés
autcur de son lit de mort? Avait-il quelque chose d’important
d nous direr
En ce qui me concerne, fit le docteur avec un dou¬
loureux sourire, ilny a rien d’étonnant, puisque je suis médecin,
et vous, fit-i en s'adressant au commerçant, vous étiez sans doute
parfois son conseiller en affaires, II s’agissait peut-etre de dispo¬
sitions testamentaires qu'il voulait personnellement vous confier.
C’est possible, dit le commerçant.
La gouvernante s’était éloignée et les amic purent l’entendre
dans T'antichambre avec le domestique. Le poête était toujours
debout devant le lit et il tenait un colloque mystérieux avec
le mort.
- Lui, dit tout bas le commerçant au médecin, Jui, a été,
je crois, ces derniers temps assez souvent avec notre ami; peut¬
etre sera-t-il en mesure de nous renseigner.
Le poéte était taujours immobile; il fixait ses regards péné¬
trants sur les yeux fermés du mort.
Ses mains, qui tenaient son chapeau gris à larges bords,
étaient croisées derrière son dos, Les deux autres hommes com¬
mençaient à Fimpatienter. Le comnmerçant s’approcha du poète
en toussotant.
Ily a trois jours, déclara le poête, j'ai fait avec lui une
promenade de deux Heures, lä-bas, parmi les vignobles. Voulez¬
vous savoir ce dont il parlait? D'un vovage en Suéde qu'il pro¬
jetait pour l’été, des dernières reproductions éditées à Londres
chez Watson et enfin d’aéronautique. Il me donnait toutes sortes
d’explications de physique mathématique, relatives au dirigeable
que, soit dit franchement, je n'ai pas toutes comprises. En verité,
il ne pensait pas à la mort. Ne serait-ce pas parce que, quand
on est arrivé à un certain äge, on cesse de penser à la mort?
Le médecin était entré dans la pièce d’à-côté. Là il pouvait
bien se risquer à allumer sa cigarette. Lorsque sur la table, dans
une coupe de bronze, il vit une cendre blanche, il fut saisi d’une
impression singulière, comme s’il eüt apergu un fantöme. & Pour¬