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ines
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Der rod gesellen
950
LA REVUE MONDLALE
— g... Naturellement, ce furent des liaisons très diverses.
Avec l'une d’elles, Fai vécu presque comme mari et femme, pen¬
dant de nombreux mois. Avec la deuxième ce fut à peu près ce
quson a l'habitude d’appeler une folle aventure. Avec la troi¬
sième, nous allämes si loin que je voulus mourir avec elle. La
quatrième, je l'ai jetée au bas de l’escalier parce quselle me
trompait avec un autre. Et l’une d’elles na été ma maitresse
qu'une scule ffois. Volci peut-étre que tous ensemble vous respirez
maintenant de soulagement, mes chers amis? Gardez-vous-en
bien. Ce fut sans doute I'heure la plus belle de ma vie. et de la
sienne.
Et voilà tout, je n'ai plus rien à vous dire. Maintenant je
plie ce papier, je le mets dans mon secrétaire, ou il n’a qu'à
attendre que je le détruise, si un autre caprice me prend, ou bien
qu on vous le remette à l'heure ou je serai étendu sur mon lit
de mort. Adieu 2.
Le médecin enleva la lettre des mains du commergant et
sembla la lire attentivement du commencement zusqu'à la fin.
Puis il dévisagea le commergant qui était lä debout, les bras
eroisés et qui le regardait de haut, comme ironquement.
— Bien que votre femme salt morte l'année dernière, dit
paisiblement le médecm, cela ne change rien à la chose.
Le poéte allait et venait dans la chamhre en secouant parfois
sa téte, comme sous l’effet d’une crise, et soudain il siffla entre
ses dents: & Canaillel n, tandis qulil regardait le mot s’envoler,
comme quelque chose qui expirait dans l’air.
II essaya d’évoquer l’image de la jeune femme qu'il avait
autrefois tenue dans ses bras et qui était son épouse. D’autres
portraits de Temmes auxquelles il avait souvent pensé, et qu'il
eroyait oubliées surgirent dans sa mémoire, mais précisément il
ne put pas évoquer dans son esprit celle qu'il cherchaft. Car le
corps de son épouse était flétri et sans parfum et ily avait trop
longtemps qu’elle avait cessé d’être pour lui la femme almée.
Mais elle était devenue quelque chose d’autre, quelque chose de
plus et de plus noble: une amie fière de ses succès. pleine de
sympathie pour ses déceptions et sachant comprendre le olus
profond de son étre. II ne lui paraissait pas du tout impossible
que le vieux célibataire dans sa méchancefé eüt cherché unque¬
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Der rod gesellen
950
LA REVUE MONDLALE
— g... Naturellement, ce furent des liaisons très diverses.
Avec l'une d’elles, Fai vécu presque comme mari et femme, pen¬
dant de nombreux mois. Avec la deuxième ce fut à peu près ce
quson a l'habitude d’appeler une folle aventure. Avec la troi¬
sième, nous allämes si loin que je voulus mourir avec elle. La
quatrième, je l'ai jetée au bas de l’escalier parce quselle me
trompait avec un autre. Et l’une d’elles na été ma maitresse
qu'une scule ffois. Volci peut-étre que tous ensemble vous respirez
maintenant de soulagement, mes chers amis? Gardez-vous-en
bien. Ce fut sans doute I'heure la plus belle de ma vie. et de la
sienne.
Et voilà tout, je n'ai plus rien à vous dire. Maintenant je
plie ce papier, je le mets dans mon secrétaire, ou il n’a qu'à
attendre que je le détruise, si un autre caprice me prend, ou bien
qu on vous le remette à l'heure ou je serai étendu sur mon lit
de mort. Adieu 2.
Le médecin enleva la lettre des mains du commergant et
sembla la lire attentivement du commencement zusqu'à la fin.
Puis il dévisagea le commergant qui était lä debout, les bras
eroisés et qui le regardait de haut, comme ironquement.
— Bien que votre femme salt morte l'année dernière, dit
paisiblement le médecm, cela ne change rien à la chose.
Le poéte allait et venait dans la chamhre en secouant parfois
sa téte, comme sous l’effet d’une crise, et soudain il siffla entre
ses dents: & Canaillel n, tandis qulil regardait le mot s’envoler,
comme quelque chose qui expirait dans l’air.
II essaya d’évoquer l’image de la jeune femme qu'il avait
autrefois tenue dans ses bras et qui était son épouse. D’autres
portraits de Temmes auxquelles il avait souvent pensé, et qu'il
eroyait oubliées surgirent dans sa mémoire, mais précisément il
ne put pas évoquer dans son esprit celle qu'il cherchaft. Car le
corps de son épouse était flétri et sans parfum et ily avait trop
longtemps qu’elle avait cessé d’être pour lui la femme almée.
Mais elle était devenue quelque chose d’autre, quelque chose de
plus et de plus noble: une amie fière de ses succès. pleine de
sympathie pour ses déceptions et sachant comprendre le olus
profond de son étre. II ne lui paraissait pas du tout impossible
que le vieux célibataire dans sa méchancefé eüt cherché unque¬