I, Erzählende Schriften 11, Frau Bertha Garlan. Roman, Seite 20

11. Frau Bertha Garlan
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LA REVUE
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connaitre qu'il garde la tradition du stelf'allerdand de Geethe el de
Schiller. Par là il est de la vieille Ccole, mais par la pensée il serap¬
Proche de la jeune, sans se confondre avec elle.
De ces jeunes, l’un des plus célebres des maintenant est Georges
d’Ompteda, qui n’entra dans la lice littéraire qu’il gaune douzaine
d’années avec un volume de poésies, & Surle chemin dela vie n Von der
Lebenstrasse, suivi presque aussitôt de nouvelles et de romans quile
placèrent d’emblée en vedette. Les Allemands le nomment leur
Maupassant. La définition — car comparer n’est souvent que définir
manque de justesse. Elle n’est admissible qu’à la condition d’ima¬

giner un Maupassant qui se documenterait comme les Goncourt, et
qui, avec une extraordinaire finesse de regard, seplairait, à l’exemple
de l’anglais William Pater, à ramener son roman à une biographie,
dans laquelle forcèment, à colé de certaines vivacités de couleurs, il
ya des grisailles. Cela se remarque dans deux de ses meilleurs livres:
Sylvester von Geyer, qui date de 1807, et Ceremonienmeisler, qui
parut l'année suivante. L'un et l’autre sont évidemment de belle fac¬
ture; dans le premier letvpede la noblesse pauvre est frappant; dans
le second le vieil artiste en qui s’allume une dernière étincelle d’amour
et de jeunesse est une ligure vraie, exactement saisie; mais l’on peut
regretter — et la crilique allemande l'a fait presque sans exception —
que ces ligures se trouvent isolées, en leur relief, dans des milieux ou
les autres personnages de Taction ne sont souvent que silhonettes.
Sans doute chez Ompteda cette manière de peindre est vouluc. car il
estarliste, bien en possession du mélier, et ila trop éludié Zola pour
ne pas savoir quelle teinte il faut donner à un fond de tableau afin de
faire ressortirs plans et d’en déterminer les valeurs, de meme qu'il
possede trop bien Maupassant pour ne pas saisir ses figures sur le
vif. Mais -— et c’est ce qui le dislingue des Français, — ce Maupassant
comme ce Zola ou ce Goncourt est resté Allemand et nous n’avons à
apprendre à personne que Teil allemand est psychologiquement, tout
comme naturellement, autre que leil français.
Ces différences d’objectif se constatent dans Monte-Carlo, la der¬
nière production d’Ompleda. La aussi, reprenant sa thèse éhauchée
dans Sylvester von Geyer il s’attaque au sproblème social qui a préoc¬
cupé son attenlion: la situation de la vieille noblesse dans l’évolution
actuelle des meurs, des tendances, des aspirations. Le titre du vo¬
lume indique la scène du drame. Cest un drame, en effet, un drame
puissant qui se déroule. La noblesse allemande yest personniliée.
dans un type d’officier tres habilement et tres réellement campe.
L’officier est le soldat qui nabdique aucun des principes de sa caste;
il a le titre et l’épée, et ne déroge à aucun des devoirs qu'ils impo¬
sent; il sait que c noblesse oblige# et se conforme à la maxime de
ses ancétres. Incapable de vilenie, il yaune chose qu'il ne comprend
pas, parce que le monde on s’est passée toute son existence ne lui en
arien dit: il ignore que ce qui anoblit de nos jours, c’est le travail.
II mene la vie oisive du jeune homme que le blason avec la fortune
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de sa famille etle grade qu’il porte lui permeltent, II va comme tous
es oisifs à Monte Carlo pour se distraire, etse distraire ici, cest jouer;
il joue donc, il perd. et tout lui échappe, en quelques tours de rou¬
lette, argent, bonheur, honneur méme. Il ne lui reste qu’à sortir de
cette vie ou il n’est plus qu'un inutile. unc quantité négligeable, des
qu'ilse trouve dépouillé de ce qui faisait son éclat factice. On devine
le dénouement: un coup de pistolet, une vie qui n’est plus, qui ne
pouvait pluseire. Monte-Carlon été très discuté en Allemagne. Pourles
uns, le roman est inférieur à Kysen, publié l’année dernière. Pour les
aufres, c’est une maitresse cuvre à mettre tout à côté des meilleures
de l’époque. On nenie point, d’une part ou de l’autre, l’arbet la fa¬
cilité de l'auteur; on apprécie le brillant de ses descriptions, T'aisance
de ses groupements, la profondeur méme qu’offre sa conception;
mais on dit que, volontairement, il ne creuse pas son sujet jusqu'au
tuf, reste de parli-pris superficiel et dédaigne d’étre analyste. C’est
une opinion; mais il est possible quselle ne soit pas impartiale:
Moute-Carlo est de ces sujets auxquels, selon certaines individua¬
lités littéraires, il est interdit de toucher. Ompteda prouve qu'iln’a
cure de cette interdiction. Son livre est sincère.
Un jeune également, Arthur Schnitzler. Entré dans le roman
par la porte du théätre, ses succès depuis & Passionnette (Lie¬
betei) (1895), jusqu'à Cacatois ver (1899) se sont affirmés de stade
enstade. Lui aussi procède, comme conteur et psychologue, des
Français, mais de Flaubert et, par un long détour, de Balzac. Autri¬
chien comme Marie Ebner, il a, comme Sainte-Beuve, m: le scalpel
à Tamphithéatre, avant de s’en servir pour la prosechion des états
d’äme. Ses études médicales l’onttout naturellement incité à s’occu¬
per dans ses nouvelles etdans ses romans de cas pathologiques. Son
Anatole, une des productions les plus originales de la littérature al¬
lemande toute moderne, est emprunté aux expériences de Thypno¬
tisme. Nous insistons sur le mot moderne. Schnitzler l’est plus que
tout autre de ses compatriotes, plus que Hirschfeldou Halbe. Comme
Verlaine, il attache un prix énorme à la nuance, et de méme que le
pauvre Lelian, il soutient qu’une simple erreur de couleur vous
change toute la vie. Ajoutez que, très Parisien, autanl que -peut
Tetre un Viennois, ila su s’adapter T’esprit et le tour des & causeurs )
Droz, Prévost, Lavedan, Hervien, Mr Marni. Personne dans la
nouvolle allemande n'a le dialogue plus souple et en méme temps
plus serré ou plus incisif. Ces qualités françaises ou parisiennes se
reconnaissent dans Frau Bertha Garlan, le roman qu'il vient
d’achever. Il ne les posséde pourtant pas tout à fait. Sa Madame Garlan
n’est qu'une Madame Bovary allemande. Il est visible qu'iln’a pu se
dégager assez de Flaubert pour étre entièrement lui-méme. Assu¬
rément il n’est pas un de ces copistes qui ne détournent pas les yeux
du modèle et en suivent toutes les lignes, mais le modele lui reste
obstinément dans les yeux. Or, ici le modèle non seulement ne par¬
vient pas à s’effacer, mais ne se reproduit pas avec tout cequi en fait
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