3
Sterben
un.0
box 1/2
ler, dont le récent roman: Mourir,
vient d’étre traduit en français par M.
Gaspard Vallette et édité chez Perrin.
Jhésite à l’appeler un roman; c’est
plutôt la notation pénétrante, minu¬
tieuse, cruelle dans sa précision, des
souffrances physiques et morales d’un
jeune homme que les docteurs ont con¬
damné, et qui n’a plus qu'une année à
vivre. Juste une année, pas un mois de
plus; il le sait à n’en pas douter une
minute. Et le livre, comme s’il était ie
journal de ce condamné, nous donne
jour par jour et parfois heure par heure,
ce que j'appellerais le diagnostic ou le
procès-verbal des progrès lents et sürs,
des ravages irrémédiables du mal. Ces
termes médicaux ne sont pas déplacés
car la plume du romancier a la préci¬
sion, le tranchant du scalpel; elle ne
tremble jamais, ne se perd point dans
le sentiment; ne se mouille jamais dune
larme involontaire, et si parfois une
goutte de sang roule sur la pointe acé¬
rée, l’opérateur, d’un geste sec et ner¬
veux, la secoue aussitôt. Non pas que le
stylesoit aride comme un compte rendu
scientifique: il a un éclat sobre qui re¬
luit par instants, avec des duretés d’a¬
cier poli. Parf s, un mot, un seul, nous
révele tout ur daysage, toute une äme.
Mais ces mots, choisis et ménagés avec
un art très sür et très fin, semblent in¬
volontaires, comme le regard de com¬
passion, brusque et fugitif, d’un chirur¬
gien qui roagit de pareilles faiblesses.
Le malade s’appelle Félix, par une
äronie du hasard, sans doute; une jeune
femme, Marie, ne le quitte par un in¬
stant, l’écoute respirer, le regarde souf¬
frir, sonffre avec lui, comme une sceur
de charité. Un ami fidéle, un docteur:
Alfred, vient tous les jours ausculter le
patient, et jouer la comédie de l’espoir
sons parvenir à tromper son ami. Voilá
tous les personnages. La schne est à
Vienne, puis dans le Tyrol. Mais per¬
sonnages et paysages sont caractérisés
d’un trait, d’un mot: ni descriptions, ni
Erades; pas méme un dialogue; une
plainte, un cri, et c’est tout. II est vrai
que cette plainte est si profonde, ce cri
si déchirant, que les discours les plus
éloquents n’en diraient pas davantage.
il n’aplus qu'un an à vivre. Tout d’abord,
il doute, it se laisse bercer par l’espoir
1sé sent encore ieune et fort; il veut
qui, comme un lamento monotone se
prolonge à travers tout le roman, e1
S’accentuant peu à peu, en s’enrichis¬
sant de développements nouveaux, se
joint des les premières pages une se¬
conde phrase mélodique, un second
motifparalléle, à peine moins tragique:
à mesure que l’espoir s’affaiblit dans
l’äme d’Alfred, l’amour s’efface dans
le cteur de Marie; elle se fatigue, elle
se détache de lui: étant jeune et belle,
la vie l’appelle, la joie lui fait signe de
loin. Elle résiste sans doute, elle dissi¬
mule, mais le regard pénétrant du ma¬
lade l’a devinée, et plus elle met de
soin à s’associer à son désespoir, plus
elle l’exaspère au contraire, parce qu’il
sait qu’elle ment. Oh! ces pages de la
fin, cette lutte atroce de l’agonisant qui
veut attirer à lui sa compagne.,, pour
I’étrangler I... Elle résiste, elle le fuit,
comme on fuirait une béte fauve ou une
larve malfaisante. Cette fois le malheu¬
reux atouché le fond méme de la zouf¬
france humaine: il meurt, et il meurt
seul.
000
Ceremarquable roman, qui serait en¬
core plus nathétique si le principal per¬
sonnage ne nous apparaissait, des le
début, d’un égolsme absclu, uniforme
et révoltant, a été supérieurement tra¬
duit par M. Gasbard Vallette, qui a su
transposer dans sa version le dessin net,
sobre et juste de l’original. Chaque
mot vibre, tous les traits portent coup;
aucun de ces à peu près qui sont pres
que inévitables dans une traduction, ot
qut, en rendant ie sens, éteignent le
charme et la vie du modele. M. Vallette
nous semble mienx outillé que personne
pour nous révéler la nouvelle littéra¬
ture allemande: il la connaft à fond, il
l'aime passionnérnent et il sait éerire.
Nous ne regrettons pour notre part
qu'une chose, c’est qu’en interprétant
si bien les autres, il ne nous donne pas
enfin’cauvre originale que nous som¬
mes en droit d’attendre de Jul.
Samuel Cornut.
Bulletin de l’Btranger
Notre collaborateur San-Gil a déjä re¬
levé hier le bizarre article de M. Georges
Thiébaud sur Prague. M Tliébeud,ayant
récemment découvert la capitale de la Bo¬
n’obtiendrajt
e#e-quatur
hème,
Ajoutons
si bons amis
néralement
parisiennes,
protestauts c
des rares ion
quesuite de
des efforts gi
droits.
B S.-
a question
6té enfin re
originairem.
bérés moyel
livres chacu
joli denier
de Johannes
valeur que
amis auraie
cherencore
ter au Trans
leurs opér#
ger à ue pin
M. Krüge
pour arriver
à ses proprés
der aux men
finesse mad
montré, dan
périeur à bea
ei décorés
leries europ
gnanimité
la somme
gnant 216.0
c’est sans
d
trant un pleo
La täche
sident est
dre à Johar
isfaction
des droits p
on peut alle
nières et der
M. FELNF
Le présic
pagné de !
rieur, de M.
#t or
ingts. M.
arrivée à:
fet de la Se
seil munici
pice et les
Chevallerea
visité l’étal
dances, féli
Sterben
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ler, dont le récent roman: Mourir,
vient d’étre traduit en français par M.
Gaspard Vallette et édité chez Perrin.
Jhésite à l’appeler un roman; c’est
plutôt la notation pénétrante, minu¬
tieuse, cruelle dans sa précision, des
souffrances physiques et morales d’un
jeune homme que les docteurs ont con¬
damné, et qui n’a plus qu'une année à
vivre. Juste une année, pas un mois de
plus; il le sait à n’en pas douter une
minute. Et le livre, comme s’il était ie
journal de ce condamné, nous donne
jour par jour et parfois heure par heure,
ce que j'appellerais le diagnostic ou le
procès-verbal des progrès lents et sürs,
des ravages irrémédiables du mal. Ces
termes médicaux ne sont pas déplacés
car la plume du romancier a la préci¬
sion, le tranchant du scalpel; elle ne
tremble jamais, ne se perd point dans
le sentiment; ne se mouille jamais dune
larme involontaire, et si parfois une
goutte de sang roule sur la pointe acé¬
rée, l’opérateur, d’un geste sec et ner¬
veux, la secoue aussitôt. Non pas que le
stylesoit aride comme un compte rendu
scientifique: il a un éclat sobre qui re¬
luit par instants, avec des duretés d’a¬
cier poli. Parf s, un mot, un seul, nous
révele tout ur daysage, toute une äme.
Mais ces mots, choisis et ménagés avec
un art très sür et très fin, semblent in¬
volontaires, comme le regard de com¬
passion, brusque et fugitif, d’un chirur¬
gien qui roagit de pareilles faiblesses.
Le malade s’appelle Félix, par une
äronie du hasard, sans doute; une jeune
femme, Marie, ne le quitte par un in¬
stant, l’écoute respirer, le regarde souf¬
frir, sonffre avec lui, comme une sceur
de charité. Un ami fidéle, un docteur:
Alfred, vient tous les jours ausculter le
patient, et jouer la comédie de l’espoir
sons parvenir à tromper son ami. Voilá
tous les personnages. La schne est à
Vienne, puis dans le Tyrol. Mais per¬
sonnages et paysages sont caractérisés
d’un trait, d’un mot: ni descriptions, ni
Erades; pas méme un dialogue; une
plainte, un cri, et c’est tout. II est vrai
que cette plainte est si profonde, ce cri
si déchirant, que les discours les plus
éloquents n’en diraient pas davantage.
il n’aplus qu'un an à vivre. Tout d’abord,
il doute, it se laisse bercer par l’espoir
1sé sent encore ieune et fort; il veut
qui, comme un lamento monotone se
prolonge à travers tout le roman, e1
S’accentuant peu à peu, en s’enrichis¬
sant de développements nouveaux, se
joint des les premières pages une se¬
conde phrase mélodique, un second
motifparalléle, à peine moins tragique:
à mesure que l’espoir s’affaiblit dans
l’äme d’Alfred, l’amour s’efface dans
le cteur de Marie; elle se fatigue, elle
se détache de lui: étant jeune et belle,
la vie l’appelle, la joie lui fait signe de
loin. Elle résiste sans doute, elle dissi¬
mule, mais le regard pénétrant du ma¬
lade l’a devinée, et plus elle met de
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elle l’exaspère au contraire, parce qu’il
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I’étrangler I... Elle résiste, elle le fuit,
comme on fuirait une béte fauve ou une
larve malfaisante. Cette fois le malheu¬
reux atouché le fond méme de la zouf¬
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Ceremarquable roman, qui serait en¬
core plus nathétique si le principal per¬
sonnage ne nous apparaissait, des le
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si bien les autres, il ne nous donne pas
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