Sterben
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AD
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LEITRES A MA COUSINE
DEVANT LA MORT
Nous allons aujourd'hui, ma cousine, méditer sur la mort.
& Eh quoi? Lorsque Mai lout en fleurs fait éclater partout la joie
et la vie, quand les haies sont pleines de nids, qui chantent l’éternité
du monde, quel singulier paradoxe de faire descendre sur la splen¬
deur des choses et sur la gaité des ames l’ombre noire de la nuil?
Mais le cimetière du village lui-méme a pris un air de féte: Therbe
haute y convre les tombes, et l’on y peut faire des moissons de mar¬
guerites et de coquelicots! „
a Venez, mon cousin, me faites vous signe de la-bas, je vous mon¬
trerai dans ma cour de délicieuses couvées de petits canards qui déjä
s’en vont en se culbulant vers la rivière: c’est de la vie, que j'ai aidée
à naitre, et vous verrez comme tout ce qui vit nous prend au
cceur! 5
Dans la prairie, sous l’ardent soleil, faucheurs et faneuses sonta
Teuvre: le sifflement rythmé des faux, bruit strident des marteaux qui
battent le fer, et le grincement des charrettes qui viennent chercher
le foin, tout vous dira le travail allegre etjoyenx de lhomme, remer¬
ciant Dien d’avoir fait en ce temps-ci la journée longue, bien longue
pour son labeur. 5
( Et parlois, après le coucher du soleil, en nous promenant parles
senliers, avides de la fraicheur du soir, de la senteur des foins, du
parfum des acacias, nous rencontrerons quelque jeune couple qui
sattarde au tournant ou l’on doit se quitter, et nous sourirons à la¬
mour honnéte, sachant bien que la saison est venue des accordail¬
les. 9
6 La vie le travail, l'amour, volld la chanson du printemps! Les
poitrinaires méme reprennent espoir en revoyant les reses. Qui donc
33
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LEITRES A MA COUSINE
DEVANT LA MORT
Nous allons aujourd'hui, ma cousine, méditer sur la mort.
& Eh quoi? Lorsque Mai lout en fleurs fait éclater partout la joie
et la vie, quand les haies sont pleines de nids, qui chantent l’éternité
du monde, quel singulier paradoxe de faire descendre sur la splen¬
deur des choses et sur la gaité des ames l’ombre noire de la nuil?
Mais le cimetière du village lui-méme a pris un air de féte: Therbe
haute y convre les tombes, et l’on y peut faire des moissons de mar¬
guerites et de coquelicots! „
a Venez, mon cousin, me faites vous signe de la-bas, je vous mon¬
trerai dans ma cour de délicieuses couvées de petits canards qui déjä
s’en vont en se culbulant vers la rivière: c’est de la vie, que j'ai aidée
à naitre, et vous verrez comme tout ce qui vit nous prend au
cceur! 5
Dans la prairie, sous l’ardent soleil, faucheurs et faneuses sonta
Teuvre: le sifflement rythmé des faux, bruit strident des marteaux qui
battent le fer, et le grincement des charrettes qui viennent chercher
le foin, tout vous dira le travail allegre etjoyenx de lhomme, remer¬
ciant Dien d’avoir fait en ce temps-ci la journée longue, bien longue
pour son labeur. 5
( Et parlois, après le coucher du soleil, en nous promenant parles
senliers, avides de la fraicheur du soir, de la senteur des foins, du
parfum des acacias, nous rencontrerons quelque jeune couple qui
sattarde au tournant ou l’on doit se quitter, et nous sourirons à la¬
mour honnéte, sachant bien que la saison est venue des accordail¬
les. 9
6 La vie le travail, l'amour, volld la chanson du printemps! Les
poitrinaires méme reprennent espoir en revoyant les reses. Qui donc
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