I, Erzählende Schriften 3, Sterben. Novelle, Seite 53

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Sterben
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LA OUINZAINE
ale cerveau assez malade pour élre à pareille heure hanté de l’idée
de la mort? Atlendez au moins, pour en parler, la chute des feuil¬
les! „
Vous étes, ma chère enfant, d’une candeur adorable. Et j'admire la
simplicité de votre ame, qui s’abandonne aux suggestions de la bonne
Nature, et trouve naivement le ciel bleu plus gai que les jours gris
et brumenx de l’automne finissant.
Oh! que vous penseriez différem nent, si vous aviez la moindre no¬
tion d’art! L’art moderne — qui le croirait à l’entendre se réclamer
de la Nature? — s’est élevé au-dessus de la Nature; et il lui fait la
il
legon, et il la prend à toute heure en flagrant délit de mensonge,
déclare morne la vie, agaçant & ce grand béte de ciel bleuv; quant à
Tamour, & c’est de toutes les tristesses de cette terre la plus lamen¬
table. „ Signe de grossière animalité que de godter la joie de vivre!
Seul est artiste celui cqui ale goüt des choses amères! „
Voild comme nous sommes, ma cousine; et voild comme il faut
étre. Dans ia plus belle femme, disalt Victor Hugo, il ya un squelette.
H avait raison. Oü le vulgaire voit des chairs vivantes et de fraiches
couleurs, nous voyons, nous, ie squelette toujours. C’est une habi¬
tude distinguée qui se prend aisément; et elle procure anx dilettantes
des plaisirs délicats et qui ne sont pas à la portée des. & muffles 9.
Essayez-en, ma cousine.
Donc, toutes choses étant infiniment tristes, ce qui feint d’étre gai
est absolument dégontant. Hidenx, le squelette qui rit. Rire de la
nature, le printemps n’est par conséquent qu'une grimace; la vie,
qulune convulsion dolcureuse et grotesque; et la seule voluptd qu'on
trouve en l’amour, c’est la mort.
Qui, c’est dans l’amou Jui-méme que la litlérature d’aujourd’hui
trouve un squelette. Et, par ma foi, cela ne laisse pas d’étre amusant
quelque peu
IIyavait assez longtemps, trois siècles au moins, qu’on célébrait,
qu'on exaltait, qu'on divinisait l’amour. Successivement tout avait
été soumis à sa triomphante royauté: les préjugés d’abord et les
convenances sociales, puis le devoir, la famille, la patrie et Dien
méme, tout ce que la pauvre vieille humanité avait jadis tenu pour
sacré. 0 Roméo et Juliette! 6 Chimène! 0 Francesca de Rimini! 0
Marguerite! 0 dona Sol! Ettoules ces gaillardes du romantisme, les
passionnées, les incompriser, les martyres sublimes du mariage, de